29 juillet 2025, 23:59

DREAM THEATER + EXTREME + THE LAST INTERNATIONALE

@ Orange (Positiv Festival - Théâtre Antique)


Après une année blanche, l'Orange Metalic Festival est de retour en 2025 sous le nom de POSITIV Festival. Mais l'esprit demeure le même : une série de concerts très variés, puisque l'An 3 de l'événement comptait également la programmation de Will Smith et une soirée électro dans le cadre exceptionnel du Théâtre antique, classé au patrimoine mondial de l'UNESCO. Et avec une sélection serrée : trois groupes en 2025 et pas un de plus, contre quatre en 2023 (MEGADETH, AIRBOURNE, TRIVIUM et Carpenter Brut), sous le regard de la statue de l'empereur Auguste, haute de quelque 3,50 mètres, qui domine la scène.

Charge à THE LAST INTERNATIONALE d'ouvrir le débat. Le quartet new-yorkais évolue dans un hard rock 70's énergique, emmené par la voix magnifique et pleine de soul de Delila Paz. Autant dire un style efficace, relativement dépouillé et finalement assez "tout-terrain" pour pouvoir figurer aux côtés d'un large spectre de groupes sans sentir l'erreur de casting. Véritable frontwoman, la chanteuse n'hésite pas à traverser le public, puis à gravir les gradins, pas encore complètement remplis en ce tout début de soirée, avant de retourner un peu plus tard dans la fosse. Et à faire monter des fans sur scène. Une formation engagée, comme en son temps MC5, dont elle reprend l'hymne "Kick Out The Jams" en guise de présentation. S'il est évident que la majeure partie des spectateurs ne connaissait pas TLI, le quartet mixte a fait bonne impression en passant avec brio l'épreuve du live.


Arrive ensuite EXTREME. Un groupe à la carrière en dents de scie, qui a explosé en 1990 avec « Pornograffitti », son second LP. Un bijou de hard rock groovy et funkisant qui a propulsé les Bostoniens au rang de stars. En particulier grâce à "More Than Words", jolie ballade on ne peut plus dépouillée. Un paradoxe quand on connaît le niveau exceptionnel de Nuno Bettencourt, un pur guitar hero dans le sens le plus noble du terme, doublé d'un chanteur doué. Quand on dit que "less is more"... C'est d'ailleurs la chanson qui recevra la plus grosse ovation du set d'EXTREME, par ailleurs accueilli à bras ouverts par le public qui se prend une bonne grosse tarte. C'est par deux titres de « Pornograffitti », "It ('s a Monster)" et "Decadence Dance" que débute le show avec un Gary Cherone élastique, athlétique et en voix, très efficacement accompagné/soutenu vocalement par Nuno et le bassiste Pat Badger. Si le disque demeure la pierre angulaire de la discographie du quartet, le très recommandé « Six », sorti en 2024, est bien représenté lui aussi avec quatre chansons, dont "THICKER THAN BLOOD" et "RISE".


Nuno, préposé à la communication avec le public, dira à plusieurs reprises sa joie de jouer dans un si beau site et semble sincèrement enchanté de l'accueil réservé par les spectateurs. Et fera preuve de tout sa dextérité et de son feeling, que ça soit avec "Hole Hearted" et sa guitare acoustique électrisée ou avec la démonstration de force qu'est le solo "Flight Of The Wounded Bumblebee". Un "Vol du bourdon 'blessé'" (mais qui pétait pourtant la forme !) de Rismky-Korsakof qui, en son temps, servait d'intro à "He Man Woman Hater", mais pas là.
L'indispensable "Get The Funk Out" marque la fin des festivités avant qu'EXTREME n'attaque, en guise de final, "I Don't Know" d'Ozzy. Une reprise (tronquée, mais impeccable) en hommage au Prince des Ténèbres qui rappelle que moins d'un mois plus tôt, Nuno faisait partie des prestigieux invités du "Back To The Beginning" qui marquait les adieux de la légende anglaise à la scène. Et sa sortie de scène tout court moins de trois semaines plus tard...


C'est donc DREAM THEATER qui clôture la soirée, même si ce soir, le set de sa tournée 40e anniversaire dure 90 minutes, exactement comme celui d'EXTREME. On entre directement dans le vif du sujet avec "Night Terror", excellent titre du non moins excellent « Parasomnia », l'album du retour de Mike Portnoy après 13 années passées à vivre sa vie. Le GOAT ("Greatest Of All Times" clame une banderole), qui domine la scène et voyage entre ses trois grosses caisses comme qui rigole, « a rejoint sa famille », comme le dira James LaBrie, le chanteur. Un des tours de force du batteur, mais aussi de John Petrucci, le guitariste, et de Jordan Rudess avec son clavier à géométrie variable, c'est que la plupart du temps, rien dans leur attitude détendue ne laisse penser qu'ils évoluent à un tel niveau de technicité. Seul John Myung, le bassiste mutique et archi concentré, semble dans un autre monde et consulte de temps en temps la tablette fixée à côté de ses pédales d'effet. Quant à LaBrie, il a beau être "la" voix du groupe, il ne boxe pas dans la même catégorie que ses éminents collègues. Rien de nouveau sous le soleil cela dit, ou plus exactement sous le ciel étoilé d'Orange, mais on aurait toutefois du mal à imaginer quelqu'un d'autre au micro.


S'enchaînent "Act I: Scene Two: II. Strange Déjà Vu", "Act I: Scene Three: I. Through My Words" et "Act I: Scene Three: II. Fatal Tragedy", tous trois issus de « Metropolis Part 2: Scenes From A Memory » (1999). Malheureusement, le son de DT laisse à désirer et ce (j'insiste), bien que je sois restée placée au même endroit toute la soirée. Si celui de THE LAST INTERNATIONALE était bon et celui d'EXTREME "loud and clear", celui du quintet est très (trop ?) fort et mal mixé car ce sont les grosses caisses qui prédominent. Dommage car du coup, il faut un petit moment pour reconnaître des morceaux aussi "évidents" que "Panic Attack", "Midnight Messiah" ou "Take The Time"... Après, on ne boude pas notre plaisir avec "Peruvian Skies", aussi beau que tragique dans ses paroles (Petrucci a écrit le texte après avoir lu un article sur une jeune Péruvienne violée). Le public est tout acquis à la cause du groupe qui, comme le fera remarquer le chanteur, aura mis 27 ans avant de se produire au Théâtre antique qui figure sur la pochette de « Once In A LIVEtime », son second live immortalisé au Bataclan sur la tournée "Touring Into Infinity". Le show s'achèvera avec l'indispensable "Pull Me Under", le titre qui a mis le groupe sur orbite et avec lequel tout a commencé.


Trente-deux ans après son concert à La Locomotive, qui marquait sa première venue en France, c'était mon quatrième rendez-vous live avec DREAM THEATER. Et malheureusement pas mon préféré, principalement à cause du son. Mais aussi parce que d'un point de vue strictement personnel, j'aurais apprécié une setlist un peu différente. Mais avec 16 albums studio et 90 minutes de show, il est évident que les cinq hommes ne peuvent pas satisfaire tout le monde.
Dans la rue, les commentaires des spectateurs étaient tranchés : il y avait ceux transcendés par leur prestation. Et ceux qui, même s'ils ont évidemment apprécié la soirée, regrettaient un peu la qualité du mix...

Rendez-vous en 2026.

Photos © Chris Cap : Portfolio - Setlists


Dream Theater © Chris Caprin | HARD FORCE​

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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