Curiosité ou nouveau missile heavy metal ? Voilà qu’une bande teutonne avec à des voix qui détonnent décide, après avoir soutenu les artistes victimes du confinement, de poursuivre son aventure sur un album. On retrouve des légendes qui ont brillé au sein d'ACCEPT, U.D.O. ou encore DIRKSCHNEIDER. Bien sûr, il y a Udo Dirkschneider, qui après cinq décennies de règne sur les forges heavy metal, semble ne jamais vouloir goûter à la retraite. Ici, il partage le chant avec d’autres, le bassiste Peter Baltes (ex-ACCEPT lui aussi) et Manuela Bibert, chanteuse très connue outre-Rhin. Voici DIRKSCHNEIDER & THE OLD GANG qui nous emmène arpenter les rues malfamées de son « Babylon ».
Démarrage avec des pneus qui crissent, on s’extirpe d’un boyau crasseux pour se perdre dans un autre, encore plus huileux. Car oui, "It Takes Two To Tango" fait dans le heavy metal rapide, aux soli aussi aiguisés que la voix légendaire du sieur Udo. C’est très vif, avec des riffs tranchants, on pourrait dire que c’est très ACCEPTable, car en effet, entre Baltes, Stefan Kaufmann et les Dirkschneider père et fils (Sven à la batterie), ce metal est tout ce qu’il y a de plus old-school. Le petit plus ? C’est la présence au chant de Manuela Bibert et de Peter Baltes. Une belle vient ainsi danser ce tango avec les bêtes.
Ça commence très bien. DIRKSCHNEIDER & THE OLD GANG poursuit avec "Babylon", plus audacieux, le morceau prend le temps de se poser dans une ambiance orientale, Manuela nous ensorcèle avec Udo et Peter en contrepoint qui interviennent tels des génies facétieux sortis de leur lampe, un grand écart entre MYRATH et SORTILÈGE. Les guitares luisent de mille feux sur la deuxième partie. Quant à "Hellbreaker", il claque d’une tonalité plus hard rock, riffs huileux et rythmique épurée, un trip diesel and dust pourvu de ces refrains fédérateurs que l’on aime tant entendre. On en redemande.
DIRKSCHNEIDER & THE OLD GANG balance son "Time To Listen", un tube heavy rock à la facilité déconcertante, et pourtant, on sent le savant dosage des riffs rapides et des couplets clairs et entraînants. On fait réellement d’excellents hits dans les vieux pots. "Strangers In Paradise" nous cueille comme on surprend une princesse de l’aube, dans la simplicité piano et voix, avec ses soli qui poussent nos cuirs à faire battre leur cœur, nous touchant mieux qu’une reine qui déneige. Ou quand les Allemands une fois de plus démontrent leur fibre sentimentaliste. C’est encore tout ensommeillés que nous attrape un "Dead Man’s Hand" au heavy minimaliste empreint d’une étonnante modernité. Ce all-stars band explore maints horizons. "The Law Of A Madman" nous ramène vers des rivages plus connus, balançant riffs et caisses martelées dans le plus pur respect des standards des années 80, sans se départir de la moindre authenticité.
Avec son nom typique, "Metal Sons" ne peut être autre chose que le hit speed metal que l’on attend. Un Udo dans une forme vocale olympique, une Manuela guettant la bonne occasion pour intervenir, Peter à un carrefour, et ces riffs hurlants dont la puissance désensablerait l’Egypte. On est comme des ados perdus dans l’âge d’or des JUDAS PRIEST et autres porteurs de flamme. On frémit de joie. "Propaganda" qui succède rajoute une couche, incroyable groove qui semble rendre hommage à HELLOWEEN, avec cette batterie folle et ces guitares possédées qui tricotent divinement. Même la voix du maître semble être gardienne des clés du power metal. Quel voyage mes amis ! "Blindfold" nous offre un répit, plus solennel avec cette voix féminine qui se livre à nos âmes, dans une confidentialité metal. Puis, "Batter The Power" porte une rythmique martiale pour des riffs entêtants, nouvelle incursion dans un heavy différent, sonorités arabisantes et refrains lorgnant vers SABATON avec des paroles très guerrières. Intéressant.
Le final de cet album très bien dosé sera ce "Beyond The End Of Time" qui donne à nouveau à notre trio vocal une occasion de s’épanouir, porté par des riffs brillants et obsédants, cousins de ceux d'ACCEPT, avant des chœurs chaleureux et incontestablement forts en goût. DIRKSCHNEIDER & THE OLD GANG s’avère être une créature animée autant par l’âme d'Udo que par une volonté de donner vie à un heavy metal différent et inspiré. Cinquante ans après ses débuts, le maître vocal allemand assure plus qu’on pourrait le croire et il sait bien s’entourer et se diversifier. Une tuerie, tout simplement.