Séance de rattrapage sur une grosse sortie de mi-octobre. S’ils ne font pas partie des membres fondateurs du mouvement, BIOHAZARD fait vivre depuis presque 40 ans le NYHC avec un metal bien énervé et des concerts mémorables. Le quartet d’origine est depuis quelque temps à nouveau réuni, Evan Seinfeld semblant s’être calmé, et il manquait cependant un album pour officialiser cela. Voici donc le bien nommé « Divided We Fall » (divisés, nous chutons).
"Fuck The System" pour démarrer. Voilà qui est direct, depuis 35 ans, nous savons que la musique de BIOHAZARD est pour nous et eux, pas pour le fuckin’ industry business. Un début en trombe, on reconnaît immédiatement la patte rapcore dans les vocaux et thrash dans les guitares, avec toujours l’alchimie du mélange ruées speed thrash, puis breaks qui tourbillonnent dans la rage de Billy Graziadei et Bobby Hambel. Evan a retrouvé sa hargne et fait ronfler le moteur de sa basse, sachant imposer la légendaire discipline urbaine sur "Forsaken", Danny Schuler à la batterie le suit dans une accélération folle, nous retrouvons ce style fusionnel des 90's, 13 ans après « Reborn In Defiance », un album plutôt convenu. Je pense que nous allons tous nous y retrouver au vu du tabassage qui se poursuit avec "Eyes On Six", furieux comme l’esprit hardcore qui anime Brooklyn depuis des décennies. Un esprit à l’énergie communicative, ça fait un bien fou.
Grand narrateur des "tales from the hard side", BIOHAZARD pose ses vers et notes rugueux à travers "Death Of Me" qui nous replonge à merveille au début des années 90. Loin d’être un simple revival, on ressent les vibrations comme si c’était hier, même rage des mots, même furie musicale qui nous prend aux tripes. Et dans cette ode au goût de bitume rejaillit la philosophie de la rue, chaque mot est le "Word To The Wise", car l’apprentissage avec le sirop de la rue, avec ses arabesques de guitares indomptables et ses frappes qui malmènent toute passivité, pour mieux nous pousser à la réflexion, a plus d’authenticité que n’importe quel discours de politicard trumpeur. Avec BIOHAZARD, nous sommes depuis des lustres acteurs d’un metal militant, à l’instar du RAGE AGAINST THE MACHINE de la grande époque, nous nous mouvons dans un thrashcore sauvage aux guitares pesantes et entêtantes – "Fight To Be Free" résume cela à la perfection.
"War Inside Me" est vif, nerveux, puissant, comme un écho moderne au "War Inside My Head" du SUICIDAL TENDENCIES de jadis ? Avec une touche du hardcore de Brooklyn hurlant tel un damné cependant, mais le propos est le même. Nous retrouvons pleinement le BIOHAZARD qui nous a fait vibrer ces 35 dernières années. C’est ce que j’aime dans le NYHC, cette authenticité faisant fi des modes ou des exigences des charts, le plaisir pur de "S.I.T.F.O.A." qui déclame ses doubles rimes dans la furie des guitares et des caisses malmenées. Jeu de vilain, jeu de mots sur "Tear Down The Walls" (des larmes en bas des murs), voici un clin d’œil réprobateur à l’obscurité qu’accompagne le repli identitaire, on préfère nettement la brosse décolorée de Billy à la coupe improbable du milliardaire negocentrique. Cette musique est libertaire avec sa basse débridée et ses soli aussi jouissifs que du SLAYER. On fonce encore plus vite, "I Will Overcome" libère son énergie contenue sur nos nuques fracassées, un rodéo metal hardcore pur jus.
Le "Warriors" qui nous est offert en guise d’au revoir mêle chœurs sauvages, frappe définitive et riffs sans pitié. BIOHAZARD nous a encore lâché un excellent commandement de sa "Urban Discipline". NYHC rules !