8 décembre 2025, 17:45

RISE OF THE NORTHSTAR

Interview Vitia & Eva-B


RISE OF THE NORTHSTAR a fait du chemin depuis « Welcame », premier album sorti il y a maintenant 11 ans. Le groupe de hardcore français a en effet exploré le monde entre temps, et incorporé toujours plus d’éléments de "lore" et d’imagerie dans ses albums ainsi que sur scène, et ce n’est pas « Chapter 04: Red Falcon Super Battle! Neo Paris War!! » qui me fera dire le contraire. Pour cet album, plus varié que jamais, le groupe se réinvente presque totalement, tout en gardant son identité. Nous avons pu rencontrer Vitia (chant) et Eva-B (guitare) dans leur fief, à Paris, pour en apprendre plus sur les coulisses d’un projet hors du commun.
 

« Chapter 04: Red Falcon Super Battle! Neo Paris War!! » est sorti le 14 novembre et lance une nouvelle ère pour le groupe. Comment l’avez vous appréhendé ?
Vitia : La nouvelle ère a déjà commencé. Pour moi, ça a commencé avec "Neo Paris", le premier single. On est toujours excités, et on a hâte de défendre l’album sur scène. Ça a d’ailleurs déjà commencé, car on revient d’une tournée en Amérique latine, et ça s’est très bien passé. Les salles étaient remplies et le public était vraiment très très chaud. On a hâte de repartir avec une tournée française et quelques dates en Espagne. On est revenus pour jouer à l’Olympia, qui était quasiment "sold-out", et on repart en Europe. On a hâte aussi de défendre l’album, de le présenter au public, et on a hâte qu’ils l’écoutent. Et on a surtout hâte de développer notre nouvel univers sur scène !

Cet album change beaucoup de choses, avec un son encore plus varié que les précédents, tant en termes de riffs que de styles. Est-ce que c’est venu naturellement, ou est-ce que vous aviez planifié ce changement ?
Eva-B : Pas forcément, je pense. C’est venu assez naturellement parce qu’on évolue en tant qu’humains, donc forcément on ne va pas faire deux fois la même chose. Il y a un truc qui a changé aussi, c’est l’arrivée de Yoru à la basse. Il est très bon pour faire tout ce qui est "beats" hip-hop et "scratch", c’est lui qui a tout fait. Il a ramené ce petit côté-là dans le groupe.
Vitia : Et il a de vraies platines ! Les "scratchs" que tu entends sont de vrais "schatchs", et c’est beau !
Eva-B : Il y a des chansons, dont par exemple, "Desolation Hawk", la dernière chanson de l’album avant l’outro, qui ont commencé avec un "beat" à lui. Donc il y a ces choses-là qui ont un peu changé.
Vitia : Mais on voulait résolument avoir un album plus urbain, parce que ça nous caractérise plus. Il faut savoir que « Legacy Of Shi » et « Showdown », notre deuxième et notre troisième album, étaient censés sortir de manière beaucoup plus rapprochée, mais en plein milieu il y a eu un truc assez chiant qui s’appelait la COVID. Et ça a empêché cet écho et cette résonnance, en termes d’album et de discographie, de se mettre en place. Donc au moment où on défendait « Showdown », l’album était prêt depuis quasiment deux ans ! Quand on le défendait sur scène, il y avait une sorte de frustration artistique. En tout cas, moi, je l’ai beaucoup ressentie. Même si on kiffe cet album, en termes de scénographie et de visuels, j’étais déjà passé à autre chose et j’avais envie d’en découdre. En termes de son, on savait déjà naturellement où on voulait aller, mais il y avait une certaine frustration. Du coup on est très contents que ça arrive, et c’est pour ça que l’album arrive vite, parce qu’il y avait une vraie urgence dans la composition. Moi j’avais une vraie envie d’écrire, de composer, et c’est un album qui a en partie été composé chez nous, mais aussi sur la route.

C’est donc un album qui est totalement en phase avec qui vous êtes aujourd’hui.
Vitia :  Exactement.


Vous avez travaillé dessus avec Florent Salfati de LANDMVRKS, et vous avez enregistré une partie de l’album à Marseille. Selon vous qu’est-ce que ça a amené à votre son de changer un peu vos habitudes comme ça ?
Eva-B : Alors en termes de production pure, il est clair que ça a apporté une touche de notre modernité dans notre son. C’est aussi pour ça qu’on y est allés. Pour la petite histoire, la collaboration avec Flo s’est faite avec "Back 2 Basics". A la base, on avait peut-être même l’intention de le sortir en single tout seul, en dehors de l’album. Donc c’est un des morceaux qu’on a enregistrés en premier. Quand on l’a fait avec Flo, qu’il s’est proposé de faire un mixage et un mastering dessus, et qu’on l’a reçu, on s’est dit qu’on allait faire l’album avec lui parce que ça sonnait très bien !
Vitia : Ça sonnait très bien, et ça nous correspondait. Et ça, c’est important !
Eva-B : Ça nous correspondait et ça collait bien à l’actualité musicale sans trop dénaturer ce qu’est RISE OF THE NORTHSTAR.
Vitia : Moi personnellement, ce qui se fait en ce moment je m’en fous, mais je trouve que ça nous correspond. Ça correspondait à notre son, on a gagné en amplitude, en puissance... C’est plus massif, et la manière dont est consommée la musique aujourd’hui, qu’on le veuille ou non, est différente. Mais déjà à l’époque du Silver Cord (studio de Joe Duplantier à New York, où le groupe a enregistré « The Legacy Of Shi », ndlr) on en parlait. Le streaming digital compresse la musique, et la transforme un peu. Mais en même temps, cette touche de modernité était nécessaire.

C’est justement sur "Back 2 Basics" où l’on perçoit que les riffs sont un peu différents.
Eva-B : C’est limite à toi de nous le dire, parce que quand tu es dedans tu ne t’en rends pas forcément compte. Après en termes de composition pure, il y a des territoires musicaux qui sont un petit peu différents de ce qu’il y avait avant, mais ça reste quelque chose de très lourd.
Vitia : C’est peut-être plus lourd et bourrin sur certains trucs, mail y a un peu plus de mélodie aussi.
Eva-B : Oui, il y a un peu plus de mélodie. Mais c’est quelque chose qu’on avait déjà avant de travailler Flo. Et de toute façon, comme tous les autres albums, 99% de l’album était déjà écrit avant qu’on parte en studio. Donc il n’y a pas grand-chose qui a changé.
Vitia : On ne peut pas faire deux fois le même album. Il y a toujours une évolution. Là aujourd’hui, Eva-B et moi ça fait déjà plusieurs années qu’on se pratique. Quand il compose, quand j’écris, entre lui et moi il y a un vrai ping pong, il y a des échanges, des confrontations aussi... Et on est souvent en phase sur le fait qu’on veut toujours aller plus loin, ou en tout cas élargir le spectre musical. On ne veut vraiment pas faire deux fois la même chose.


Vous avez sorti le single et le clip de "Falcon" récemment. Vous y jouez dans un hangar avec des avions spitfire, et ces passages s’enchaînent avec de l’animation à l’ancienne, présentant le Gundam du Super-Mecha-Falcon... C’est quand même impressionnant ! Comment a été réalisé ce clip et comment filme-t-on dans un lieu comme celui-là ?
Eva-B : C’est un lieu que je connaissais déjà car je n’habite pas très loin, donc il suffisait d’y aller et d’avoir de bons arguments. C’est allé assez vite !
Vitia : Pour le premier clip, on a contacté HK Corp, qui nous ont rencardés avec Hotu, qui est une agence bordelaise qui fait de l’animation et de la 3D. On a eu des budgets d’animations qui nous ont été présentés qui sont faramineux, complètement inaccessibles pour nous. On parle de centaines de milliers d’euros !
Eva-B : Pour cinq minutes…
Vitia : Et eux nous ont proposé évidemment des solutions, avec des paysages parfois générés en IA, mais avec de l’animation traditionnelle couplée à mes dessins. Tout ça a donné le clip “Neo-Paris” que j’ai co-realisé avec eux. Ensuite, pour "Back 2 Basics" c’est carrément Flo qui nous a rencardés avec Pavel Trebukhin, qui est un super réalisateur, qui a fait des clips avec entre autres LANDMVRKS mais aussi d’autres groupes. Le feeling est donc très bien passé. Là je voulais un feeling plus urbain, et ça s’est très bien passé. Et du coup pour "Falcon", notre budget était beaucoup plus restreint, donc j’ai pris Pavel en tant que réalisateur, Hotu en tant qu’animateurs, et j’ai fusionné les deux en chapeautant un peu tout ça, et on a créé ce clip qui est la suite de "Neo-Paris". Voilà, on donne le meilleur pour obtenir quelque chose qui s’approche de notre vision artistique. C’est vraiment multi-technique : il y a de la 3D, du CGI, mais aussi un peu d’IA, et à la fin on vend de la musique, donc on espère que le clip plaît, et que ça sublime le morceau.

A quoi ressemble ton brief à l’agence qui fait l’animation, quand tu co-réalises un projet comme celui-là ?
Vitia : J’écris la synopsis. J’écris tout, je leur donne des plans... Franchement ce clip il est prêt dans ma tête depuis un an. "Falcon" c’est vraiment un titre important pour moi. Je l’ai écrit un peu comme une prière. Souvent, quand j’arrive avec des lyrics, tout est très imagé. Je pourrais quasiment te faire un clip par titre. Et on se pose en salle de répétition, et je leur explique. « Là il se passe ci, là il se passe ça »... Puis après je le mets sur papier, ou par mail, et ils me disent s’ils peuvent suivre ou non, et si les budgets peuvent suivre, j’adapte, on discute, il y a un échange... Mais je n’attends pas l’idée des autres. Ce sont mes idées qui guident.


La première fois que je vous avais vus, c’était au Motocultor il y a dix ans...
Vitia : Ah j’étais en béquilles sur scène ! Je m’étais blessé (rire) !

Exactement ! Et je me souviens m’être dit que sur scène, le visuel semblait déjà très important. Est-ce que vous le travaillez en même temps que la musique ?
Vitia : Eh bien encore une fois, parce que ça fait longtemps que je travaille avec Eva-B, je pense qu’on est entrés en résonnance. Ses compos impactent mon imagination, et j’ai des idées qui fleurissent. Qu’est-ce qui a fait arriver dans ma tête le Red Falcon et cette idée de mecha ? Je ne pourrais même plus te dire, mais je pense que c’étaient des riffs. Et en même temps parfois je dis « sur cet album je voudrais mettre en avant ça, ou ça », ou « j’aimerais qu’on porte ceci ». Mais c’est une alchimie, vraiment, et je pense que c’est quelque chose qui s’acquiert avec le temps. Donc c’est un peu un mélange de tout. C’est ce qu’on appelle l’alchimie, en fait !

J’ai beaucoup aimé les paroles de "Neo-Paris", car on y retrouve l’essence de Paris dedans, avec ce côté où tout le monde est fou mais où tout brille. C’est assez peu représenté dans la musique ! Qu’est-ce que ça a apporté à votre son de grandir dans cette scène parisienne ?
Vitia : L’hostilité. L’hostilité parce que ça t’endurcit. Souvent quand tu vas à l’étranger et que tu dis que tu viens de Paris… En 15 ans ça a changé, mais il y a 15 ans si tu disais que tu venais de Paris, on te parlait d’Amélie Poulain, maintenant ils n’en parlent plus, ils parlent d’émeutes. Mais nous, ça, on le vit depuis 30 ans. C’est la réalité d’une grande ville comme Paris. C’est la ville la plus visitée au monde, et la plus touristique. Fatalement, sa magie, sa gloire, sa lumière prend le pas sur tout. Mais avec le temps, c’est "gentiment" en train de se nuancer, et tu vois que maintenant les gens savent que ce n’est pas si idyllique que ça. Moi j’adore ma ville, c’est juste que tu grandis dans une grande ville. C’est comme toutes les grandes villes du monde, d’ailleurs. C’est comme New York par exemple, ce sont des villes qui sont plus dures que ce qu’on croit.

Mes préférées de l’album sont certainement "Under" et "Pressure", qui se répondent sur le thème d’une société sous antidépresseurs. Comment est-ce qu’on fait pour, comme vous le dites dans les paroles, se remettre sur pieds et se battre ?
Vitia : Eh bien, je donne la réponse dans les paroles. Chacun trouve sa propre clé. Moi, elle est un peu spirituelle, et elle est aussi à travers la lecture et le travail. Je trouve que le travail, c’est la santé.
Eva-B : Ça évite de penser à autre chose, quand tu travailles.
Vitia : Exactement ! Il ne faut pas avoir trop de temps à soi, il faut avancer. J’invite les gens à écouter le titre, et à trouver eux-mêmes les réponses, et ce qui les aidera le plus.

Le fait que les deux chansons se répondent en termes de style, ça donne une respiration à l’album. Est-ce que vous avez construit cet enchaînement un peu pour ça ?
Vitia : Oui, de toute façon, je rappe depuis nos débuts, mais c’est la perception des gens qui a changé. Parfois les gens disent « oh c’est du français, ah mais c’est du rap », mais à la fin de "Teenage Rage", sur le deuxième album, c’est un freestyle rap. Depuis toujours il y a ce côté urbain dans notre musique, c’est juste que là j’avais ces paroles, et j’avais une banque de "beats" de Yoru. Quand je suis tombé sur ce "beat", j’ai trouvé qu’il allait bien avec mes paroles et mon thème, mais aussi qu’il appelait un riff beaucoup plus méchant après. A la base c’est un seul morceau, qui s’appelle "Under Pressure", mais je trouve ça plus logique de le couper, et d’appeler "Under" la partie où ça parle vraiment de la dépression et du mal-être, et “Pressure” pour la pression, mais aussi parce que c’est le morceau le plus agressif, où je donne entre guillemets des solutions. Donc effectivement, c’est un question-réponse.


​Ce côté hip-hop fait que quand je vous ai vus au Hellfest, j’avais l’impression de voir BODY COUNT arriver sur scène, quelque part !
Eva-B : C’est la bonne référence !
Vitia : Oui, bonne référence ! BODY COUNT j’ai kiffé étant gamin.
Eva-B : Il y a toujours eu les influences hip-hop dans le groupe. Tout ce qui est WU-TANG CLAN, etc, ça a toujours fait partie du groupe. Après c’était peut-être difficilement perceptible sur certains albums…
Vitia : Sur "Protect Your Chest", en 2010, il y a un beat hip-hop au début... On va dire que Yoru et nous, le côté boom-bap, on kiffe. Dès qu’on peut en rajouter on le fait, parce que justement ça crée du relief, de la nuance, et ça nous correspond.

L’honnêteté de l’outro est très directe et très ouverte. Qu’entends-tu par "construire un nouveau passé" ?
Vitia : Ce n’est pas que je veux réécrire un nouveau passé. Je trouve qu’en se protégeant soi-même, on oublie les mauvaises choses, et on se concentre sur les bonnes. Ça s’appelle être positif. Se construire un autre passé, c’est ça. C’est dire « OK, il y a eu des moments difficiles, n’oublie pas les bons moments ». Tu crées une nouvelle étape en te focalisant sur le positif. Je sais qu’on fait une musique relativement agressive, donc perçue comme négative. Or, dans beaucoup de groupes, et j’essaie de le faire chez nous, on crée une dualité entre la méchanceté des riffs, qui sont parfois lumineux et solaires comme "Falcon", et avoir un propos qui t’aide.
Eva-B : C’est souvent ce qui se fait dans la musique hardcore. C’est très violent, mais si tu regardes les paroles de HATEBREED par exemple, c’est toujours des trucs très positifs, avec des phrases qui t’aident, limite philosophiques à certains moments ! Ce sont des trucs qui te servent dans ta vie tous les jours.
Vitia : Ouais, c’est toujours comme ça que j’essaie d’écrire.

Vithia, tu disais que "Falcon" était une chanson très importante pour toi. Est-ce que tu peux nous en parler ?
Vitia : Oui, c’est une manière de m’adresser au ciel. Le symbole de l’album, c’est le "Red Falcon", c’est le mecha, mais dans ce titre-là j’en fais une entité spirituelle supérieure. Je pense que c’est important dans la vie de croire en quelque chose, et c’est la première fois que je le mets par écrit. Voilà pourquoi c’est important.

Vous avez enfin jouer à l’Olympia le 22 novembre. Comment vous êtes-vous préparés pour cette date qui a été une étape très attendue pour vous ?
Eva-B : Bah comme d’habitude, en fait.
Vitia : Ouais, c’était une date spécifique, mais toutes les dates européennes sont traitées avec le même professionnalisme. On respecte tous les publics et toutes les salles. On est heureux d’être invités partout, et on donnera un bon show. On a essayé de donner le meilleur show, comme tous les soirs, et comme sur toutes les dates de la tournée.
Eva-B : Il y a juste eu un peu plus que les autres dates...

On a pu voir au Hellfest que vous pouviez aller très loin niveau scénographie. Est-ce un peu difficile de réadapter votre prestation en salle après avoir goûté à la scène gigantesque du Hellfest ?
Vitia : Non, c’est un nouveau show qu’on propose, parce que l’album est sorti. Au Hellfest, c’est un concert qu’on a construit en un peu plus de deux semaines. C’était très rapide, et on n’avait jamais bossé avec autant de pyrotechnie ! J’ai créé une scénographie en 48 heures. On a été épaulés par notre agent et notre équipe technique pour concevoir et réaliser le show, et c’était notre troisième date de l’été après six ou sept mois d’absence scénique. On avait un nouveau matériel technique, on avait des "ear-monitors" alors qu’avant on était tout le temps avec des retours... Donc en fait, en soi, c’était un défi, ce show. Et tout s’est bien passé. Les gens ont l’air d’avoir apprécié, ce qui est le plus important. Quand tu arrives en salle, j’ai envie de dire que c’est plus simple. La lumière, tu la maîtrises, tu sais ce que tu peux faire et ne pas faire, tu n’as pas un budget infini... On va dire que le Hellfest c’est ça qui était le vrai défi et le bonus, mais ce n’était pas prévu. Le show de l’Olympia, la tournée française et la suite, c’est prévu. C’est quelque chose que je prépare depuis un an, et j’ai même envie de te dire que la scénographie qu’on va avoir sur la tournée française, c’est une scénographie que je veux depuis dix ans ! Je n’ai pas 100% assouvi mon envie, mais je me rapproche quand même beaucoup de ce que je veux réellement.

On se souvient notamment des décors un peu dans le style du kabuki au Hellfest. Il y a dix ans on sentait déjà cette envie de faire beaucoup avec peu de moyens, avec les banderoles sur scène !
Vitia : Oui à l’époque on avait de fausses flammes dans des bidons peints avec des kanji... Et souvent, j’essaie de réutiliser des choses qu’on a déjà utilisées pour créer une chaîne en fait, tout simplement.

Est-ce que vous avez un suivi des objectifs que vous voulez atteindre comme ça ?
Vitia : Non, en fait c’est moi qui crée, donc je sais ce que j’ai créé… Je fonctionne vraiment à l’ancienne, hein ! Là, je leur ai présenté des dessins, des illustrations pures et dures, sur des A3, en disant ce que je voulais. Après il y a ce qui est faisable ou non, où est-ce que j’ai des zones d’ombre ou non. Et puis après tu contactes des scénographes, et des gens qui savent construire ta vision. Après il faut que tout tienne dans un budget, mais je trouve qu’avoir des barrières c’est bien. Être trop libre c’est contraignant. Moi tu me dis « tu as un budget infini », je vais commencer par te dire « OK très cool », je saurai quoi faire, mais très vite je vais me retrouver nez à nez avec l’infini et je vais me demander où je vais. Alors que quand on te dit de ne pas dépasser un budget, t’es cadré et je pense que c’est comme ça que t’arrives à donner le meilleur de toi-même. Du coup tu fais tout tenir dans un budget. Après il y a la volonté artistique, et ce que ça représente. On est français, moi je veux mettre l’accent sur notre théâtralité, parce qu’on est un des pays du théâtre, quand même. J’aime bien ce qu’ils font à l’opéra, quand ils ont des espèces de battants avec des paysages, qui changent au fil du spectacle. C’est hyper intelligent, en fait ! J’essaie de récupérer ça. C’est comme comparer les films qui sont filmés sur fond vert et les films où ils faisaient de vrais décors. On essaie de trouver un entre-deux bien où tu as de la matière, et où tu as un décor, quoi. Tout est possible, après les écrans j’ose imaginer qu’on jour on y passera, mais ce sera toujours accompagné de quelque chose de réel et palpable.

Comme tu le disais, vous êtes français, mais vous fonctionnez plutôt bien à l’international, avec une tournée en Amérique du Sud qui vient de s’achever. Comment est-ce que selon vous on dépasse les frontières de la scène française ?
Vitia : J’ai envie de te dire qu’il faut des paroles en anglais, déjà ! Les paroles anglais, le temps, le travail et les tournées, tout simplement. Après parfois des marchés s’ouvrent à toi et tu ne sais pas pourquoi. L’Amérique du Sud, on n’a rien provoqué ! C’est vraiment eux qui ont kiffé.
Eva-B : Quand on a vu que sur le streaming il y avait de vrais chiffres, et sur les réseaux sociaux on voyait qu’ils étaient très actifs à mettre des commentaires du genre « come to Brazil »... Bon ça commence à être avec tous les pays, mais c’est ce genre de choses qui fait qu’on a tourné là-bas. Qu’est-ce qui a provoqué ça ? C’est que la musique a été partagée, que les clips ont marché…
Vitia : Ils se retrouvent dans quelque chose, il y a un écho. Je sais qu’en Amérique latine, ils ont une très grosse culture manga et japanim. Même si comme je le dis souvent, on ne parle pas de mangas et de japanim dans nos paroles. On a une imagerie très inspirée évidemment de ça, parce que j’ai grandi avec ça. C’est comme ça que j’ai appris à dessiner et c’est comme ça que je le conçois. Mais au-delà de ça, je pense que c’est peut-être une singularité. Qu’est-ce qui fait que les gens aiment ? Ils se retrouvent peut-être dans les mots, je n’en sais rien.
Eva-B : Faut leur demander !

Sur quelles chansons réagissent-ils le plus ?
Vitia : Alors honnêtement, c’était la guerre tout le temps (rire) !
Eva-B : C’est vrai qu’il y avait au moins une chanson sur chaque album où c’était la folie. Il y avait “Welcame” du premier album qui marchait très bien…
Vitia : "One Love" elle marchait très bien, "Nekketsu” aussi... Ouais, ils étaient très réactifs et ils connaissaient les paroles ! Et ils chantaient les riffs à la voix ! Le premier riff de "Welcame" par exemple. C’était très sympa !

Qu’est-ce que vous lisez en ce moment, et qu’est-ce que vous nous conseillez de lire ?
Vitia : Alors moi, ce que je regarde en ce moment, c’est Dan Da Dan que j’adore, avec une super animation, très drôle. En VO évidemment. Je lis enfin l’adaptation en français de Crows. J’aime bien les mangas Furyo (en gros, les mangas sur fond de délinquance et de combats de gangs, genre très présent au Japon et qui s’importe de plus en plus ici, ndlr), mais quand le Furyo est traité comme toile de fond comme dans Slam Dunk . C’est d’abord un manga de basket, avec un fond de délinquance. C’est comme Rookie, c’est un manga de baseball, mais qui traite après de Furyo. Je n’aime pas quand le Furyo est le thème principal. Du coup quand j’ai vu Crows arriver, je me suis toujours dit que c’était beau visuellement mais que ça ne me plairait pas. Mais en fait finalement je me marre bien, c’est assez cool à lire ! Donc je lis ça, je lis un manga de hockey sur glace qui s’appelle Dogsred, et  Spriggan, qui est un manga des années 1990 extrêmement bien dessiné. Il y a d’ailleurs une édition collector qui sort. Après je dis ça, mais ce que je conseille c’est un des mangas les plus drôles du moment, c’est One Punch Man. C’est aussi extrêmement bien dessiné. Et j’ai commencé à regarder l’anime de Sakamoto Days . J’ai commencé à lire le manga, ça m’a fait marrer sur le premier tome, mais après je trouvais ça un peu basique. Mais quand j’ai vu l’anime arriver, j’ai commencé à regarder et je me marre bien aussi.
Eva-B : Moi il faut que je m’y remette (rire) ! ça fait longtemps que je n’ai pas regardé ni lu de manga, donc je vais faire ça. Je crois que le dernier que j’ai vu, c’était le dernier Ghibli, Le Garçon et le Héron, que j’ai vraiment kiffé. Et ce qu’il faut que je regarde absolument, ce sont les saisons 2 et 3 de Mob Psycho 100. Mon frère m’a dit que c’était dingue. J’avais adoré la première saison donc il faut que je regarde ça. Je sais que beaucoup de monde parle de Demon Slayer, aussi, il faut que je regarde.
Vitia : Oui, le film est sorti au cinéma, je vais aller le voir !
Eva-B : Je n’ai pas regardé encore, mais je vais rattraper, je vais m’y mettre (rire) !

Blogger : Valentin Pochart
Au sujet de l'auteur
Valentin Pochart
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK