Les disques de Noël constituent hélas une tradition bien établie chez les groupes anglo-saxons et il faut bien reconnaître que, en général, ce sont des purges.
La liste des ratages s’avère plus longue qu’un jour sans pain (bénit ou pas), nous vous l’épargnerons. Celle des réussites ne comporte qu’un seul nom, le « Christmas Christmas » de CHEAP TRICK (2017).
Il y avait donc tout à craindre de ce « The Greatest Gift Of All » de STRYPER. D’abord parce que les leaders du metal chrétien n’ont jamais lésiné dans le prosélytisme religieux - ce qui est leur droit le plus absolu - et qu’on se doutait bien que les paroles de leur album n’allaient pas donner dans la dentelle. Ensuite, parce que ce disque, construit autour de 5 reprises et 5 compositions originales, soi-disant réclamé par les fans depuis les débuts de la formation, a mis tellement de temps à voir le jour qu’on pouvait craindre qu’il ne sente bon le moisi des familles.
Nous avons pourtant soulevé avec précaution, puis plus franchement, le casque anti-choc dès le premier titre, « The Greatest Gift Of All », une chanson ma foi bien foutue, qui peut passer inaperçue dans un set normal de STRYPER. Entendez qu’elle ne dépareille pas du tout dans le répertoire, souvent bien musclé, des Américains. Bien sûr, les paroles sont autant d’arguments pour inciter à réserver sa place à la prochaine messe de Noël, mais il suffit de mettre son cerveau en mode « j’oublie les cours d’anglais et je ne comprends rien à ce que dit le chanteur » pour s’épargner cet inconvénient.
Re-bonne surprise avec la reprise du gospel « Go Tell It To The Mountain », carrément excellente et entrainante. Idem pour « Heaven Came (On Christmas Day) » qui rocke bien et, hormis ses paroles, ressemble à du STYX de la grande époque.
Mais ça se gâte fortement dès la quatrième piste, la reprise de « Little Drummer Boy » (« L’Enfant Au Tambour » en France), totalement ridicule avec les « ropopopom » lancés par le chanteur Michael Sweet. On en connait dont la carrière a coulé pour moins que ça. Idem pour d’autres covers, « Silent Night » (« Douce Nuit, Sainte Nuit » chez nous), ou « Joy To The World », kitschissimes au-delà du supportable. Heureusement que STRYPER ne connait pas l’existence du « Petit Papa Noël » de Tino Rossi, on a finalement échappé au pire…
Heureusement, le combo, entre deux abominations, glisse un solide « Still The Light », ou une reprise maison de son propre « Reason For The Season » (original à retrouver en fin de « The Yellow And Black Attack », version 1986), qui fait plaisir à réentendre.
Tout n’est donc pas à jeter dans cette 10e offrande studio de STRYPER, pour qui la messe n’est pas encore dite. Mais de là à qualifier ce disque de « plus grand cadeau de tous », comme le proclame son titre, nous laisserons cette responsabilité aux fans du groupe.