L’année touche à sa fin mais 2025 n’a pas encore dit son dernier mot (musical). La preuve avec le cinquième album de HØRD tout en douceur et en notes éthérées, entre darkwave gothique et electrogaze, pour accompagner une transition douce entre la musique de Stranger Things et les brumes blanches de l’hiver.
Chaque album revêt une importance particulière dans la carrière d’un artiste, qu’il marque la continuité d’un style, l’étape cruciale d’une évolution ou encore une rupture stylistique totale. Pour HØRD, l’album « Bluestar » est significatif d’une indépendance renforcée puisqu’il sort sur le label récemment créé de l’artiste, Paragon Recordings, mais aussi d’un développement stylistique puisque la douceur et les influences qui étaient encore discrètes sur les albums précédents sont ici plus affirmés. À base de synthé et chant, les neuf titres de l’album font voyager dans des nappes atmosphériques, des ostinatos entêtants et des mélodies lentes. « Bluestar » est le nom d’un bateau sur lequel on embarque pour une croisière méditative qui nous apaise avant l’arrivée de l’hiver.
Si vous avez encore quelques doutes, laissez-vous porter par "Awake" et l’alternance entre ses atmosphères à la limite de l’ambient dans un style electrogaze et les beats plus intenses qui trouvent leur prolongement dans le titre "RKVK" et son flirt avec les sonorités indus. Dans la même veine planante, le seul titre instrumental de l’album, "Cath", plonge les oreilles dans des sonorités qui rappellent l’ambient propice à la contemplation de l’espace d’un OF MOUNTAINS AND SEAS. Plus volontiers proches de la techno, "White Trash" et "Fade" s’éloignent de l’ambiance atmosphérique pour devenir plus dansants et développer des mélodies aussi bien envoûtantes par grand calme froid qu’en soirée électro. Bien que la musique rétro ne fasse pas partie des objectifs de l’album, impossible de ne pas penser à la bande sonore de Stranger Things concoctée par S U R V I V E et à ses relents d’années 80 remises au goût du jour.
Quelle est la recette d’une telle magie ? Un clavier Roland JP-8000, un échantillonneur Elektron Digitakt, le featuring qualitatif de Suzanne Thoma sur le titre "Twins" et le mastering de Maurizio Baggio, soit le même homme qui s’est occupé d’une partie du mixage et du mastering de l’album « The Spin » de MESSA. Ajoutez à cela la voix claire plus posée et planante que sur les albums précédents et vous avez de quoi tenter de comprendre la darkwave qui s’allège, opérée par Sébastien Carl, alias HØRD. Cerise sur le gâteau : le projet est français, il vient tout droit de Bordeaux et s’exporte volontiers en Europe pour proposer des moments suspendus et des soirées toujours plus vibrantes.