29 avril 2012, 0:00

ANATHEMA : "Weather Systems"

Album : Weather Systems


Soyons clairs, personne ne s'attendait à un retour au metal extrême et au doom de la part d'ANATHEMA. Le groupe a choisi de continuer dans une direction plus douce avec "Weather Systems". Est-ce bien raisonnable ? Oui, encore et toujours. Du moment qu'il est dans une intense période créative comme Vincent aime à le souligner.
Tout comme le précédent "We're Here Because We're Here" paru en 2010 (comme le temps passe vite), "Weather Systems" est incroyablement bien conçu. Les fans ne secoueront pas la tête mais c'est bel et bien leur coeur qui battra la chamade. Il n'est pas le premier album d'ANATHEMA à offrir de grandes émotions, mais à chaque fois, elles sont plus fortes... Mélancolique et envoûtante la musique des frères Cavanagh est nuancée et se construit au plus profond de leurs songes, pensées et rêves aussi ; le jour comme la nuit... Comment font-ils ? Personne ne le sait mais tout le monde peut le découvrir dans ces oeuvres qui composent chacun de leurs disques.

Quand on connaît Vinnie, on sait à l'avance qu'il ne souhaite pas développer ni expliquer en détail ce que représentent les textes de chaque chanson. Encore obsédées par la mort, l'abandon, la folie, les paroles font apparaître ces sujets de manières plus convaincantes que n'importe quel autre groupe de metal extrême.
"Weather Systems" pourrait être la suite logique du précédent album, tout en proposant une atmosphère différente. Il m'a fallu un certain temps pour comprendre qu'une larme peut être tristesse mais aussi joie. Chacune de ces nouvelles chansons est marquée par l'effet de ce contraste. Alors que tout est assez sombre, mélancolique et parfois carrément déprimant, la musique apporte aux textes une forme d'optimisme inéluctable, obligeant alors à accepter l'inacceptable.

L'album débute par les compétences electro-acoustiques brillantes de Vincent et Danny. "Untouchable Part I" est guidé par une ligne de guitare, véritable rayon de soleil dont l'élément émotionnel grandissant puise dans la mémoire de "Judgement", une progression qui déchire toutes idées de quitter la piste. Et quand le mur du son s'arrête brutalement, c'est pour laisser place à sa suite : "Untouchable Part 2". Le piano et les claviers remplacent les six cordes en suivant fidèlement le thème, les accords lâchés suivent le chant de Vinnie, rejoint ensuite par Lee. Une façon de démaquiller en douceur ce morceau composé sur un modèle que l'on retrouve tout au long de l'album.

"The Gathering Of The Clouds" suit le mouvement avec un arpège rapide dont les mesures sont ponctuées par le piano, créant ainsi quelque chose de très intense. Certainement le titre le plus triste de l'album aux côtés de "The Lost Child" qui pour sa part à trouvé son thème musical et son histoire dans un rêve que fît Danny avant de réveiller Vincent pour en enregistrer la moindre note.
La symphonie de "The Gathering Of The Clouds" s'allonge pour faire naître l'intro de "Lightning Song" pour laquelle Lee Douglas, beaucoup plus présente et impliquée sur ce disque, est magistrale... Quelques mesures suffisent pour accomplir une progression couronnée par un aller-retour sur des cordes bloquées et la guitare se fait plus présente. Même combinaison, une vague qui grossit et se brise pour mourir doucement sur une plage déserte.
Les influences d'ANATHEMA sont toujours bien présentes, "Sunlight" en est une des preuves par ses arrangements dignes d'un flamant plus que rose... Idem pour le point fort de cet album : "The Storm Before The Calm". Le plus long, le plus gothico-progressif ; la première partie flirte avec une new-wave sombre et rythmée, étirée ensuite par des effets synthétiques qui nous feraient plutôt penser à la tempête avant le calme. Tourbillon qui s'estompe sur ce que j'attends à chaque album d'ANATHEMA : le passage qui fait de ce "Weather Systems" un exemple d'émotion rarement ressentie. Quand on la retrouve, autant en profiter.
"The Beginning And The End" n'est pas un testament: du pur ANATHEMA. "Internal Landscapes" utilise, comme sur de précédentes compositions, une voix off. La mélodie acoustique et les nappes de claviers sont poignantes. Vincent et Lee offrent une dernière fois, pour refermer cet album, des voix mélancoliques qui bercent l'idée que nous avons tous d'une vie et d'un paysage intériorisés.

Tout se passe à l'intérieur... Christer-André Cederberg, qui a accompagné le groupe du début à la fin, a su le retranscrire dans l'intégralité de la production.
"Weather Systems" est le parfait successeur de "We're Here Because We're Here", utilisant pratiquement les mêmes idées, en les posant différemment.
Les chansons sont à la fois indépendantes et pourtant souvent liées entre-elles. ANATHEMA a l'art et la manière d'inciter l'auditeur à suivre le mouvement de l'album dans l'ordre qu'il a choisi, au lieu de piocher dans les titres individuellement au risque de se perdre dans un si bel ordonnancement.
Vous voulez connaître le temps qu'il fera demain ? Écoutez "Weather Systems" et si vous avez un coeur, sa santé risque nettement de s'améliorer.

Blogger : Christophe Droit
Au sujet de l'auteur
Christophe Droit
Animateur radio chevronné de la région toulousaine, fidèle partenaire de HARD FORCE depuis toujours, Christophe, alias "Godzilla", a participé à l'élaboration du projet Radio Force (CD & Musique) encarté dans le magazine jusqu'en 2000. Depuis 2008, il supervise l'équipe et l'actualité dans HARD FORCE et sur Facebook et anime de très nombreuses émissions sur HEAVY1, notamment NOISEWEEK tous les vendredis soirs, consacrée à l'actualité discographique de la semaine.
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