Onze années après sa formation et un DVD anniversaire offrant une compilation de ses plus grands titres réactualisés dans son style actuel, plus progressif et mélodique, AMORPHIS est de retour avec "The Beginning of the Times". Arrêtons-nous un instant sur la pochette, en rondeur et douceur, aux teintes froides prédominantes, apaisantes, quasiment atmosphériques. Avec plus d'attention, d'autres éléments apparaissent : l'illustration révèle des bords saillants, des nuances chaudes en arrière-plan. En fait, plus on examine attentivement, plus de détails contradictoires aux impressions précédentes surgissent. Contraste de chaque composant et finesse dans le travail - quel que soit le niveau du regard porté - sont le parfait reflet du contenu de ce disque...
Accueillis par la désormais classique intro aux claviers de "Battle For Light" qui, comme "Sampo" sur "SkyForger", donne le ton de l'album. Celui-ci est pêchu et agressif à la fois, mais surtout très subtil techniquement, tant dans l'interprétation instrumentale que dans les voix, dans leurs mélodies comme dans leurs alternances, donnant à l'ensemble cette succession entre ambiances sombres et mélancoliques ou encore modernes et progressives, qui symbolise la musique même d'AMORPHIS. Sentiment largement confirmé par les chansons suivantes. On passe d'un titre lourd à un plus rythmé, et ceci se retrouve dans, mais aussi entre les morceaux. La présence de choeurs féminins dès "Mermaid", y compris dans plusieurs autres compositions, amène une note de douceur qui se marie puis contre-balance d'autant plus avec les passages de voix grognées. La plus belle démonstration étant "Soothsayer". Voix gutturale justement et largement plus utilisée que ses dernières productions.
Pour conclure, cet album est en surface tout à fait dans la digne lignée de "SkyForger" ainsi que le style actuel du groupe, dans lequel il excelle, tout en étant plus rythmé et agressif. Mais la véritable force d'AMORPHIS réside dans le fait que son aboutissement technique et ses audacieuses originalités, se révèlent en touches fines : à chaque nouvelle chanson, mais aussi lors des écoutes suivantes, à la façon des poupées gigognes... Le temps est venu de vous pencher dessus.