Rien ne fait plus plaisir que de voir un groupe que l'on chérit, qui plus est à la notoriété montante, se voir enfin attribuer l'attention qu'il mérite. C'est le cas avec THE LAST VEGAS et son nouvel album « Bad Decisions », produit par Johnny K (équipe 100% from Chicago !), qui se voit envahir progressivement les colonnes de la presse musicale internationale. Il était temps, enfin !
Mon excitation, mon facteur a bien dû la sentir, car en effet, ce sont les yeux bien frétillants que j'ai arraché sauvagement le paquet contenant ma dose de mauvaises décisions de ses mains il y a quelques jours, avant de me ruer sur mon lecteur CD.
THE LAST VEGAS, c'est un peu le gosse qui n'obéit jamais et qui fait ce qu'il veut. C'est d'ailleurs un attrait qui s'était vu quelque peu gommé, à mon grand désarroi, sur le dernier album du groupe : « Whatever Gets You Off » publié en 2008, à la mécanique un brin trop polishée si on le comparait à son téméraire prédécesseur « Seal The Deal », joyeux bordel de riffs rugueux qui partent dans tous les sens, mêlant chant punk, cris suraigus et ligne de batterie identique sur tout l'album, ce qui explique d'ailleurs en y réfléchissant un petit peu plus, pourquoi ce « Seal The Deal » ne les avait pas fait décollé (le monde n'était sans doute pas prêt).
Ce que l'on sent de prime abord sur ce nouveau disque « Bad Decisions », c'est que THE LAST VEGAS a posé ses bagages justement entre ces deux derniers albums. Si l'état des lieux est simple, à droite : un album un peu trop propre, à gauche : un album enregistré dans le fond d'un garage sans prise de tête ; le dosage a tout intérêt à être prudent si l'on ne veut pas se retrouver face à un disque déséquilibré, dont les chansons tomberaient une à une, faute de véritable lien les unissant.
Cesse de spéculations, « Bad Decisions » est bluffant. Le garage, on le retrouve dès la première chanson « Beat To Hell », ainsi que sur des titres comme « Don't You Take it So Hard », au riff très « Sweet Child O'Mine », même chose avec « Bad Decisions » qui vient plus jouer avec le « Too Fast For Love » de MÖTLEY CRÜE, mais la démarche bien qu'en apparence ingénue, est pour les mêmes raisons citées plus haut, intelligente. THE LAST VEGAS puise son inspiration là où bon lui semble, si « You Are The One » pourrait faire office de single radiophonique parfait, il n'en est sûrement pas de même pour le riff tranchant de « Other Side », et encore moins pour « Good Night », ballade semi-acoustique au texte très sombre, visiblement inspirée par une expérience vécue qui ne l'est pas moins.
La tension retombe tout de même par intermittence, notamment parce que l'on retrouve quatre pistes déjà publiées sur un EP au mois de novembre dernier : « The Other Side ». Mais cela ne veut pas pour autant dire que la qualité des titres en pâtit. « My Way Forever » par exemple, ce riff, cette frappe de batterie, cette voix tiraillée ! Quelle puissance ! C'est d'ailleurs le chanteur Chad Cherry qui brille sur ce disque, indubitablement bénit d'un instrument qui s'affûte avec le temps, fournaise d'airs enivrants véhiculant cette rage arrogante et charismatique, devenue véritable signature du bonhomme.
« Bad Decisions », c'est THE LAST VEGAS ayant atterri pas exactement là où on l'attendait, mais beaucoup plus loin. Les éternels débutants ont su prouver qu'ils n'étaient pas devenus qu'une machine à hits formatés, et qu'ils savaient réfléchir avec leur tête, en plus de foutre leurs amplis à burne. Un album qui ouvre de grands horizons au groupe qui vient de fendre l'atlantique, et si les petits nouveaux étaient devenus les nouveaux grands ?