C'était pas gagné ! Nombre d'années se sont écoulées avant que Steven Adler, membre fondateur de GUNS N'ROSES gentiment dirigé vers la porte de sortie, ne parvienne à mettre un nouveau projet sur pied qui tienne la route. En effet, la fondation en 2003 d'ADLER'S APPETITE n'a pas été épargnée par son lot de péripéties, aussi nombreuses que les visages qui l'ont traversée si l'on en croit la liste de ses anciens membres longue comme le bras. Les raisons de ces départs successifs demeurent obscures, mais on se demandait bien comment Steven Adler allait retrouver ses marques après ces mésaventures, et nous voici donc avec ADLER, un groupe au sang totalement neuf, qui a alors lancé les hostilités en avril dernier avec le single «The One That You Hated»... Et malheureusement pour moi, comme pour beaucoup, ce fut la douche froide ! En effet alors que Patrick Stone, dernier chanteur de la page ADLER'S APPETITE était le clone vocal d'Axl Rose (et diantre que c'était bon), le petit nouveau Jacob Bunton semblait lui, sur ce seul titre, tout droit sorti du poste de radio d'une station mainstream bon à filer des orgasmes aux minettes du premier rang armé de son seul regard, mais bon, comme le disent nos amis anglophones : «Il ne faut jamais juger un livre à sa couverture», n'est-ce pas ?
Et en effet, il se révèle que la meilleure chose que vous puissiez faire à l'approche de cet album, est de prendre ce proverbe au pied de la lettre. Non seulement parce que sa pochette est hideuse et de mauvais goût, mais également parce que ce fameux single «The One That You Hated» se révèle être la parfaite antithèse du reste de la tracklist. J'en suis le premier surpris, mais ce que je craignais être un plateau dégustation de guimauve se révèle être un recueil de titres de bon hard rock efficace et carré, délivré par un groupe chaud comme la braise. Des bons gros riffs avec «Own Worst Enemy» ou «Good to be Bad» (avec John 5 à la guitare !), sans oublier de belles harmonies et des refrains entêtants comme sur «Blown Away» ou même la très Bon Jovi «Your Diamonds», cristallisant la recette d'une bonne ballade piano rock comme on savait les faire dans les années 80... C'est un coup à se demander qui a écrit ce satané single ! «Back from The Dead» (De retour des morts), le batteur n'aurait pas pu rêver mieux comme thématique pour cet album car si l'on se penche du côté des textes, ceux-ci se révèlent être de véritables règlements de compte, ma surprise frôlant pour le coup la crise d'épilepsie. En effet vous n'êtes peut-être pas sans savoir que notre ami a failli passer les baguettes à gauche à plusieurs reprises à force de vouloir brûler la vie pas les deux bouts, ce qui lui a d'ailleurs valu un passage en cure de désintoxication en prime-time à la télévision américaine (l'émission Celebrity Rehab – cherchez l'erreur). Ce sont donc de tels sujets aussi obscurs que l'on trouve sous les mots du vocaliste Jacob Bunton, soufflant au passage tous mes à priori sur son talent, que ce soit sur le titre éponyme «Back from the Dead», mais également sur des chansons comme «Dead Wrong» sur laquelle le bonhomme s'adresse à un vieil ami qui l'aurait trahi (hmhm !).
Si vous êtes toujours réticents à l'achat de ce disque, laissez-moi vous exposer mon dernier argument, qui n'est ni plus ni moins qu'une apparition de Slash ! Furtive certes, car il m'a tout de même fallu lire le livret pour m'en rendre compte, mais l'ami d'enfance du batteur, qui rappelons le l'avait déjà invité à jouer sur son premier effort solo à condition qu'Adler devienne sobre («Baby Can't Drive» sur l'album « Slash » sorti en 2010), officie ici sur la chanson «Just Don't Ask » qui est une ballade ! Un choix étrange certes, mais pourquoi pas ? Après tout, nous n'avons rien à apprendre aux vieux amis de 30 ans sur leur collaboration.
Il faut avouer que cela fait plaisir de voir Steven Adler aussi inspiré et bien dans sa peau. «Je peux pardonner, mais je n'oublie jamais» est le refrain de la première chanson de ce disque, des mots qui confortent mon idée sur ce nouveau groupe qui je l'espère du fond du coeur échappera à la malédiction sur laquelle il a vu le jour. Avec un Steven Adler lucide qui mord la vie à pleines dents, «Back from the Dead» se révèle être bien plus qu'un simple album de hard rock, mais la thérapie d'un homme brisé, en pleine renaissance.
