A l'image de son nom, la musique de JIMM est le produit d'un cocktail tellement évident que personne n'y avait pensé. C'est vrai quoi, à priori mixer des influences américaines avec des textes en français, c'est un peu comme inviter le Ku Klux Klan à un concert de reggae, mais avec ce premier album, le musicien parvient à emboîter ces deux scènes avec un brio qui mérite franchement le coup d'oreille.
On pourrait se contenter de parler de culot, mais plus que de proposer cet alliage pour le moins surprenant, JIMM fait partie de ces musiciens qui n'ont besoin que de louer un batteur de fûts pour enregistrer un album, comprenez-ici, le garçon s'est occupé non seulement du chant mais aussi du reste de l'instrumentale du disque. Néanmoins s'il propose des riffs de guitare musclés (« Eternel Requiem », « Arriviste »), et d'autres ambiances plus transcendantes (« Libère Moi », « Éphémère »), il apparaît clairement que JIMM est plus à l'aise avec sa 6 cordes que ses 2 cordes vocales. Non pas que le chant soit une catastrophe, on est même très loin de là, mais le style punk parfois même assez grossi (« Un Sens A Ma Vie ») a tendance à napper l'album d'une chape un peu monotone entre les refrains en l'absence de variations tels que des choeurs criés (« Mathusalem », « A l'Intérieur »), ou de simples harmonies.
Bien heureusement le travail instrumental est très bien ficelé et c'est dans cet aspect que JIMM fait d'ailleurs appel à ses influences d'Outre Atlantique. A commencer par la touche Heavy de certains riffs que n'aurait pas reniée Mark Tremonti, mais aussi des solos assez techniques exécutés avec un son qui semble tout droit sorti du chapeau d'un certain Slash (« Eternel Requiem », « Ephémère »).
Pour finir, si la qualité de cet album, de ses compositions et de sa production, est à saluer, la chanson « Celtic » révèle un aspect de la personnalité musicale de JIMM plutôt surprenant, une piste instrumentale acoustique très bien réalisée, semant des indices sur la marge de progrès en matière de diversité que le multi-instrumentiste a devant lui. Une marge qui mériterait sans doute d'être plus exploitée dans le futur tellement le musicien semble talentueux, et qui promet encore de belles curiosités.
En attendant, avec son premier album, JIMM relève assurément son pari et a de quoi faire changer d'avis les préjugés les plus tenaces : une insanité à la fois.