Je me rappelle une époque, pas si lointaine, disons dans les années 80-90, où les albums live étaient scrutés, auscultés, et finalement catalogués comme « faux live » par la critique, car trop parfaits, avec un son si proche que celui sortant du studio que cela en devenait trop louche pour être honnête... C'est arrivé, c'est vrai, et ce qu'on appelle les « overdubs » (parties retouchées voire refaites en studio), étaient légion. En revanche, on avait entre les esgourdes de sacrés bons albums live, avec un son nickel et souvent des versions de chansons transcendées par l'épreuve de la scène.
Ce long préambule m'amène à ce triste fait, que j'ai constaté à maintes reprises ces dernières années et qui est la résultan! te de la politique désespérée des labels : aujourd'hui, il faut sortir des disques, en vendre très peu, c'est inéluctable, mais avant tout, que cela ne coûte pas un penny en fabrication. Tout ça nous amène à ce live de FOREIGNER, grand groupe de hard FM de la fin des années 70 jusqu'au milieu des années 80.
Les 5 premiers albums de ce groupe américain, emmené par le guitariste Mick Jones (qui fut dans les early seventies un des gratteux illustres de notre Johnny national), et par la voix chaude de Lou Gramm, furent des pierres angulaires de ce hard FM. Tout le monde se souvient avant tout de l'album « 4 », paru en 1981, et de ses tubes essentiels : « Juke Box Hero », « Urgent », « Waiting For A Girl Like You ». Et l'on retrouve sur ce live les morceaux les plus rock de cette période, celle allant de 1976 à 1981, quand FOREIGNER se la jouait rock et pas encore guimauve. Alors, oui, il y a « Cold As Ice », « Double Vision », « Juke Box Hero », « Urgent », « Hot Blooded », alors non, il n'y a pas de slows langoureux, pas de « I Want To Know What Love Is »...
Ce CD, enregistré en Allemagne en 2006, où Mick Jones, le guitariste-leader est le seul rescapé de la formation originelle, entouré de seconds couteaux laborieux, est sympa dans la volonté de montrer un FOREIGNER aux entournures rock... Mais voilà, et c'est là que j'en reviens à ma démonstration initiale, la (non)production montre les limites de ce genre d'albums live inutiles : voix sur-mixées, instruments hyper-compressés et en retrait, public quasi-absent, ambiance aussi joviale que lors d'un vide-grenier un jour de pluie.... Combien de bootlegs de FOREIGNER ou d'autres groupes sonnent mieux que ce live, qui a mis quand même 6 ans à sortir (pourquoi, d'ailleurs ce délai) ? Les labels ont la réponse, mais il est dommage de traiter les musiciens, les groupes avec un tel manque de respect...
