Dans la nouvelle génération des groupes qui vont bien, à part AVENGED SEVENFOLD, rhabillé pour les deux décennies à venir à cause de son «Hail To The King» qui aurait dû porter un "s", histoire de prétendre qu'il s'agissait d'un vibrant hommage aux groupes qui l'ont influencé, rares sont les formations à s'être autant fait fracasser que TRIVIUM. Quand on connaît le nombre de combos médiocres qui tentent plus ou moins de les imiter sans avoir jamais essuyé le quart de la moitié de critiques assassines, on se demande ce que certains ont entre les oreilles. Va comprendre, Charles...
Une chose est certaine, ce n'est pas « Vengeance Falls » qui va y changer quoi que ce soit - ce qui en touchera une sans bouger l'autre à Matt Heafy et ses potes. Il est peu probable en effet que TRIVIUM revienne jamais au style d'« Ascendancy » ou à celui de « Shogun », sortis respectivement en 2005 et 2008, qui les ont imposés comme une valeur incontournable du Metal actuel. Mais comme on dit outre-Atlantique : "That was then, this is now". Depuis le très réussi « In Waves » (2011), les Floridiens évoluent dans un Metalcore à la fois thrashy et mélodique et rares sont ceux qui leur arrivent à la cheville. D'autant plus qu'ils ont la bonne idée de mettre leur technique (énorme) et leur talent (qui ne l'est pas moins) au service des morceaux. C'est sans doute ça, qui, couplé à la voix mélodique de Heafy, leur a valu, à tort, l'étiquette un rien méprisante de "groupe mainstream" (du "grand public" comme ça, moi, j'en veux bien tous les jours !)...
Produit par David Draiman, chanteur de DISTURBED et DEVICE, et mixé par Colin Richardson (MACHINE HEAD, FEAR FACTORY), ce sixième album, sorte de prolongement de « In Waves », est tout ce qu'il y a de plus efficace. Pas d'esbroufe ici, ce n'est pas le genre de la maison, mais des chansons avec de vrais refrains, toutes calées entre 4 minutes et 4 minutes 30, exceptions faites des deux derniers titres, "Incineration The Broken World" et son solo de basse parfaitement intégré, et de "Wake (The End Is Nigh)". Un morceau différent des autres dans sa structure qui commence comme une ballade sombre avant de s'affoler et de clôturer l'album en beauté. Côté moments forts, on citera également le rouleau compresseur "Brave This Storm", le premier single "Strife", "Vengeance Falls", "No Way To Heal" et le beau "At The End Of This War" avec son intro acoustique.
Tout y est : les gros riffs, les breaks, les soli qui arrachent et la voix magnifique de Heafy qui privilégie le chant clair, même si le guitariste Corey Beaulieu growle toujours aussi allègrement derrière. Drivé par Draiman, dont il a hérité par endroits du phrasé très spécifique et reconnaissable, Matt n'en disparaît pas pour autant sous l'influence, jugée trop présente (?) par certains, du chanteur de DISTURBED. Il suffit de réécouter « In Waves », le CD précédent, pour voir qu'en matière de chant, la différence n'est pas si flagrante que ça. Un très bon album qu'il convient d'écouter comme tel. Et puis c'est tout !
