Chaque album d'ELUVEITIE est à considérer comme un champ de bataille. Et « Helvetios » ne fait pas exception.
Helvetios se situe quelque part à l'est de la Gaule, sur les flancs et vallées des actuelles montagnes suisses, peu avant l'an 0. Une période où Celtes, Etrusques, Armoricains, Saxons et Helvètes foulaient les terres d'Europe occidentale et se livraient à des guerres de territoires, allant d'invasions en invasions. Un monde où les hommes se fracassaient le crâne à coups de haches et de massues.
Admettons un instant que je sois un Helvète. La tribu se réunit autour d'un feu une veille de bataille. Une soirée animée par quelques danses. Tous chantent en cœur « Helvetios », un hymne à notre peuple. Puis « Luxtos » (« La Jument de Michao » ou « Le Loup, le renard et la belette ») dans une version à faire pâlir Nolwenn Leroy – le groupe avait déjà offert une version trash de « Inis Mona » (« Tri Martolod » ou « La Tribu de Dana ») sur l'album « Slania ». Un dernier hommage à notre patrie, « Home », pour ne pas oublier qui nous sommes et d'où nous venons.
Cette nuit-là nous serons attaqués (« Santonian Shores ») : nos chaumières brûlées, nos terres saccagées. Mais la tristesse est de courte durée. Alors que certains pleurent encore notre pays (« Scorched Earth »), le temps est venu pour moi de partir à l'affront et de rentrer dans le vif du sujet, ou plutôt de se rentrer dans le lard. Quel titre plus évocateur que « Meet The Enemy » aurait-on pu trouver ? Du brut, du ELUVEITIE à l'état sauvage. Si ce morceau avait été une scène de film, on l'aurait sans doute censuré.
Alors que les Dieux ne sont pas en notre faveur, que nous nous sentons perdus et abandonnés au milieu de cette bataille (« A Rose For Epona »), et que nous constatons les dégâts occasionnés (« Havoc »), un soulèvement se prépare (« The Uprising ») et l'espoir renaît (« Hope »). La bataille est presque achevée et prête à rebattre son plein pour l'ultime affront.
Avant de rentrer, faisons encore un tour du côté d'« Alesia », rendre visite à notre cher ami Vercingétorix et nous joindre à la coalition gauloise contre le grand Jules César. Tandis que les hordes de barbares se rassemblent au sommet de l'oppidum, nous voyons déferler sur les terres alentours l'armée romaine et établir son siège (« The Siege »). Après la reddition, nous sommes faits prisonniers et emmenés jusqu'au « Tullianum » à Rome où la corde nous attend, tandis que la dernière bataille de la Guerre des Gaules se joue : « Uxellodunon ».
Mais quoiqu'il puisse arriver, je sais que mon âme retournera d'où elle vient. Tôt ou tard je rentrerai chez moi et j'entendrai à nouveau ma femme me murmurer les chansons de notre peuple à l'oreille. Et des années plus tard, autour d'un feu la veille d'une bataille, ceux d'entre nous qui ne seront pas morts au combat raconteront nos exploits à leurs petits-enfants qui les raconteront eux-mêmes aux leurs, et créeront ainsi les légendes de ces guerriers que nous avons été et de ces terres qui resteront nôtres et dont nous ferons à jamais partie. Car nous y aurons versé notre sang.
La tempête s'est apaisée. On entend à nouveau souffler le vent à travers les collines d'Helvetios. Mais jusqu'à quand...