22 juillet 2014, 17:18

BELPHEGOR : Helmuth

Retour d'entre les morts avec "Conjuring The Dead" ...

Depuis deux décennies, les Autrichiens BELPHEGOR sillonent le globe, s’imposant comme une des références du black/death extrême. Alors que le groupe a failli disparaître en 2011 en même temps que son leader, Helmuth, il revient plus fort que jamais avec son dixième album « Conjuring The Dead », véritable rouleau compresseur.
Entretien avec Helmuth plus en forme que jamais à l’occasion de la sortie de ce dernier disque…

 

Tout d’abord, comment vas-tu ? Après ce qui est arrivé en Amérique du sud en 2011, tu as failli y rester. Peux-tu nous en parler ?
Je vais bien maintenant merci. J’ai été infecté en septembre 2011 par le virus du Typhus au cours de notre tournée en Amérique du sud. Je ne m’étais jamais occupé plus que ça de mon corps, ma santé auparavant, je vivais plutôt… on va dire… une vie d’excès !
J’ai été forcé de faire une pause pendant plus d’un an, le temps de me remettre de la maladie mais aussi de l’opération qui m’a sauvé la vie. Pour la première fois, mon corps m’a montré ses limites et à quel point ça peut aller vite : la vie peut complètement changer en quelques jours, ou pire, facilement prendre fin instantanément. Oui, tout cela a complètement changé mes perspectives et mon style de vie.

Est-ce que cet épisode a influencé le processus de composition ? « Conjuring The Dead » semble plus sombre que ses prédécesseurs.
C’est exact. Oui, ça m’a inspiré pour bosser plus dur que jamais sur ce nouvel album. A côté de ça, mes problèmes de santé me faisaient vraiment chier et j’ai du annuler tous nos concerts et tournées pendant plus d’un an. Donc, mon but était de créer un album de death metal diabolique vraiment brutal. Je suis toujours sur le cul quand je vois à quel point il est direct et agressif.
Si tu tournes le volume à fond tout le long, c’est comme si le groupe était dans la même pièce que toi en train de tout détruire ! Je suppose que les gens qui veulent entendre de la musique extrême vont le digérer et comprendre l’approche death metal. Je n’avais pas envie de finir comme un groupe de metal épique ou mélodique. C’était pile le moment de retourner à nos racines et de célébrer, ou même disons, de glorifier la musique death extrême.

"Je donne juste tout ce que j'ai, et c'est ce qui fait que ça sonne naturel et bien plus agressif que tous ces hippies entraînés.​" - Helmuth

 

Nous n'avons pas encore eu l'occasion de voir BELPHEGOR sur cette tournée, mais nous comptons bien y remédier au Motocultor Festival où vous jouez le 17 août. Comment se passe la reprise des concerts ?
Ça fait du bien ! Je suis de nouveau capable de le faire, de m’éclater à la guitare et de mener mon groupe ! J'ai vraiment hâte d'être au Motocultor, les attentes, comme toujours sont grandes ! C'est notre sixième concert cette année en France et c'est toujours un plaisir de tout déchirer pour vous.

Une fois de plus on retrouve avec plaisir des éléments caractéristiques de l'identité de BELPHEGOR : le chant en plusieurs langues y compris le latin, les cloches d'églises intégrées aux compos, les paroles blasphématoires... toujours mixé avec la même brutalité.  Peut on dire que BELPHEGOR revient plus fort que jamais pour une nouvelle orgie ?
Oui, tu as toutes les marques de fabrique pour lesquelles nous sommes connus. Pour moi c'est un des albums les plus brutaux et forts que nous ayons jamais sortis. Nous avons créé quelques pistes de death réellement complexes et techniques comme "Conjuring The Dead", l'exalté "Rex Tremendae Majestatis" et "Legions Of Destruction".
En dehors de ça,  les lignes de chants variées ont toujours été une des signatures de BELPHEGOR.  Je ne veux pas dire par là que je suis le meilleur chanteur, mais ce que je fais sonne authentique et c'est ce qui est au cœur de tout. Je ne m'entraîne pas pour être le meilleur et avoir les growls les plus profonds... Je donne juste tout ce que j'ai, et c'est ce qui fait que ça sonne naturel et bien plus agressif que tous ces hippies entraînés.
Je grunt en trois langues depuis plus de dix ans maintenant. Anglais, allemand et latin, la langue de l'église... C'est le blasphème absolu que de se moquer d'eux dans leur propre langue, et c’est ce qui est à l’origine de ce putain d’effet au chant. Les paroles en allemand sonnent assez dures au niveau de la prononciation et donnent ce sentiment global d'une approche et d'une atmosphère brutale.

La variation de chant dont tu parles est indissociable de BELPHEGOR. Cependant les vocaux de "Conjuring The Dead" sont plus graves, plus death que les vocaux des albums précédents.  Qu'est-ce qui t'a donné envie d'aller dans cette direction plus sombre ?
Pas l'envie, juste le désir.  Nous avons eu une approche de la musique plus mature que jamais. Tout était beaucoup plus sérieux cette fois à cause de mes problèmes de santé. Je voulais donc avoir une approche encore plus death metal sur cet album, plus primitive même. Nous avons ajouté de nouvelles structures pour faire en sorte que le feu brûle toujours. Notamment, beaucoup de tritons, une tonalité qui était interdite au Moyen Age, par cette foutue église - ils craignaient vraiment cette tonalité,  hahaha !! Après cela, ce son a été appelé "Diabolicus In Musica". La chanson la plus connue, selon moi, qui est basée sur le triton (avec les trois tons / en incluant l'octave), est la chanson éponyme « Black Sabbath ».

Certaines chansons nous ont surpris sur cet album. Les variations peuvent être vraiment extrêmes, comme par exemple, les parties classiques, en arpège même de « Conjuring The Dead » ou de « Rex Tremendae Majestatis ». « In Death », en revanche, se démarque par un son plus thrash…
C’est cool que tu l’aies reconnu. « The Eyes » est un intermède, il calme vraiment l’ensemble après les cinq premières chansons bien brutales. Après, « The Eyes », nous reprenons avec un monstre de death très technique qu’on a appelé « Legions Of Destruction ».
Pour « Rex Tremendae Majestatis », nous avons ajouté beaucoup de tonalités classiques dans la partition de guitares. Le titre vient de la dernière composition de Wolfgang Amadeus Mozart, « Requiem ». Il l’a écrite dans son lit de mort : il savait qu’il allait bientôt mourir. Ca montre bien à quel point un artiste peut être bon quand il se sent menacé, ou qu’il sait que son heure est venue ! La chanson est influencée par cette composition, on le sent notamment dans son intensité et son atmosphère. Je dois être très prudent avec de telles déclarations, je n’ai pas envie d’être mal compris comme c’est souvent arrivé. Je ne suis pas un compositeur comme Mozart, c’était un génie ! Cependant cette composition exaltée, majestueuse… représente parfaitement ce que je ressens, ce qu’était mon but quand j’ai commencé à créer « Rex Tremendae Majestatis », et quand j’ai écouté le « Requiem ».
L’épilogue de « Pactum In Aeternum » est joué entièrement avec des instruments naturels, la plupart fait par nous, et beaucoup de parties sont jouées avec de vrais os (humains et animaux…)… menaçant et sombre !! Ils ont été créés par KRAMATACH, un groupe des cavernes archaïque d’Autriche.
« In Death » parle de mon retour sur scène et à la tête du groupe, ainsi que de ma récente danse avec la mort. C’est une piste rapide, plutôt thrash metal, avec des parties très old school – droit en pleine face – de death metal.
Sur « Flesh, Bones and Blood », nous avons exploré un nouveau territoire. La chanson vient d’un mélange entre un feeling industriel et de guitares plutôt slam death metal, avec une atmosphère rituelle dans les chorus.
De grands massacres super rapides tels que « Black Winged Torment » et « Gasmask Terror » sont des chansons typiques de BELPHEGOR, rapides et agressives. « Black Winged Torment » est, avec notre bien aimée « Lucifer Infestus », la chanson la plus rapide que nous ayons jamais écrite… Ce sera dévastateur en live !! Nous avons joué « Gasmask Terror » en live pour la première fois il y a un peu plus d’une semaine lors de festivals en Allemagne et en France, c’était génial !

La chanson « Legions Of Destruction » a été l’occasion pour vous d’inviter Glen Benton (DEICIDE) et Attila Csihar (MAYHEM). Comment s’est passée la collaboration et pourquoi ce choix ?
J’avais cette vision depuis longtemps. C’était juste pour satisfaire mon égo ahahah ! Franchement, c’est vraiment cool pour moi ! J’apprécie leurs styles vocaux et leur travail a beaucoup apporté à la communauté du metal extrême. Je voulais vraiment les avoir tou les deux, pas n’importe quels mecs d’autres groupes quelconques. Mon plan de collaboration c’était eux… ou alors j’emmerdais la collaboration ! Je pense que je l’ai d’abord proposé à Attila à peu près en 2007, alors que nous étions en train d’enregistrer « Bondage Goat Zombie ». Avec DEICIDE, nous avons déjà fait deux grosses tournées, une aux Etats-Unis, et une où nous avons conquis et dévasté l’Europe. Glen aimait l’idée ce qui était important pour moi. Il y avait toujours ce problème d’emploi du temps : ils étaient en tournée et c’était difficile, mais finalement nous y sommes arrivés. Lors de nos débuts, les deux groupes ont été très importants et une véritable inspiration pour BELPHEGOR.

"Je me décris comme un athée. Je veux dire, il y a beaucoup d’obscurité et de possession démoniaque dans BELPHEGOR" - Helmuth

 

« Conjuring The Dead » est votre dixième album depuis la sortie de « The Last Supper », et presque 20 ans séparent les deux. Quel regard as-tu sur l’évolution du groupe ?
Pour moi c’est irréel quand je regarde en arrière : pour le groupe, pour ma carrière…  J’ai pu voyager à travers le monde plusieurs fois, jouer des centaines de shows inoubliables, visiter des endroits magiques partout dans le monde, jouer avec presque tous les groupes "vivants" que j’aime et rencontrer énormément de personnes intéressantes… un vrai plaisir et c’est une chose pour laquelle je suis très reconnaissant.
L’année prochaine, cela fera 20 ans que nous avons sorti « The Last Supper » en 1995. A chaque fois que nous débutons un nouveau projet, nous essayons de nous dépasser, amener les compositions à un niveau supérieur. Nous avons changé de studios, de producteurs, essayé de nouvelles choses. C’est toujours excitant et ça permet de garder intact le feu de notre passion de la création de musique extrême. BELPHEGOR est encore comme un tank de guerre mondiale, roulant à travers le monde sans compromis !

L’aspect visuel et les symboles sont une part importante de l’univers de BELPHEGOR…
Oui. J’étais, et je le suis toujours, impressionné par les aspects les plus sombres de l’humanité… transporté par tout ce qui est différent et anti-conformiste. Certains aiment notre attitude/héritage, c’est quelque chose que nous chérissons et un honneur pour nous. Certains le détestent, d’autres encore sont offensés, … toutes ces réactions me vont bien. Je me décris comme un athée. Je veux dire, il y a beaucoup d’obscurité et de possession démoniaque dans BELPHEGOR, ça y est encore et ça ce sera toujours le cas, sinon je ne pourrais faire ça depuis plus de 21 ans.

Au sujet de l’artwork, tu as choisi de faire appel une nouvelle fois à Seth Siro-Anton (SEPTIC FLESH), qui avait déjà peint la couverture de « Pestapokalypse IV » en 2006.
J’apprécie son style artistique et travailler avec lui. Putain, je suis vraiment fier de ce nouvel artwork. Je suis ravi d’avoir eu une aussi bonne équipe pour créer « Conjuring The Dead ». Seth a fait un boulot de dingue. Tu peux voir sur tout le devant de la couverture, la chute de l’Humanité, ces foutus prêtres qui pataugent dans leur propre merde… beaucoup de symboles… c’est apocalypique !… Tout est surréaliste... l’Humanité creuse sa propre tombe.
Ceux qui soutiennent BELPHEGOR, trouveront les paroles dans le livret du CD, et ils se feront leur propre interprétation de celles-ci.

Quelques mots pour terminer ?
Merci beaucoup pour l’interview et la place dans le mag ! J’aimerais aussi remercier tous ceux qui écoutent nos albums, qui achètent du merch lors de nos concerts, et tous ceux qui attendent les lives rituels de BELPHEGOR.
J’en profite aussi pour dire à tout le monde que l’édition digipack limitée contient un DVD bonus d’une durée de plus de 70 minutes, pour tous les gros fans de BELPHEGOR, c’est un indispensable !! Les mecs courrez chez votre disquaire et guettez le nouvel album, il sort le 11 août en France, marquez la date dans le calendrier !
Soutenez notre héritage, soutenez 
BELPHEGOR ! Rendez vous au Motocultor le 17 août… Rejoignez le pit et venez en enfer avec nous !

(Photo © Hard Force/ Rafaël Lobejon & Stéphane Rip - DR)


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Carole Pandora
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1 commentaire

User
Mathieu Aubertinaz
le 30 sept. 2014 à 21:11
Carole ?! Qu'est-ce que tu fous là ??? ^^
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