On vous voit déjà venir avec les habituels commentaires sur IN FLAMES et les éternels « c'était mieux avant », « Je me suis arrêté à "Clayman" », « C'est même plus un groupe de metal »... Et si on considérait IN FLAMES pour ce qu'il est viscéralement : un groupe de musique ? Un musicien, ou un artiste, évolue dans sa pratique, tout comme Picasso est passé de sa période bleue (1901-1904) à sa période rose (1904-1906) puis au cubisme (1907-1914). La comparaison est sûrement simpliste, et pourtant, elle reste pertinente. Les plus malingres d'entre-vous pourront même tenter un parallèle d'un siècle entre les deux, ça fonctionne presque.
Quoi qu'il en soit, c'est un Bataclan à guichet fermé qui accueille ce soir-là les Suédois de Göteborg et son audience hétérogène.
Si WHILE SHE SLEEPS rencontre un certain succès dans la salle grâce à un set bourru et bien exécuté, les Américains WOVENWAR laissent ensuite une majorité de spectateurs perplexes face à un son médiocre et une performance vocale aproximative. L'entétante idée selon laquelle ce groupe ne serait qu'un ersatz d'AS I LAY DYING privé de Tim Lambresis en devient presque obsédante.

Toujours est-il que les patrons de la soirée se font attendre et c'est après un rapide changement de plateau qu'IN FLAMES débarque enfin sur scène. Les cinq comparses sont visiblement très en forme et une ambiance électrique se met rapidement en place. Anders Fridén se révèle en effet être non seulement en bonne forme mais également d'humeur taquine. Se pliant littéralement sur son micro comme à son habitude, son timbre de voix si particulier résonne dans tout le Bataclan avec une justesse appréciable.
Entre les titres, dont une large première partie est dédiée au dernier album « Siren Charms » ( avec « In Plain View », « Everything's Gone », « With Eyes Wide Open », « Paralyzed », « Through Oblivion » et « Rusted Nail »), le charismatique leader se fend d'une ou deux blagues envers son public, souvent bien méritées, et en profite pour rappeler qu'un concert se vit à travers ses propres yeux, et non pas son écran de smartphone. On remarque également la fougue de Niclas Engelin à la guitare, accompagné d'une main de maître par l’irremplaçable Björn Grelotte.
Fantastique satisfaction que de voir tous ces musiciens établir un véritable contact visuel avec presque tout le public présent, voilà un moment de partage entre artistes et fans méritant d'être signalé. Si certains pourraient juger cette première partie du concert quelque peu molle en raison d'une set-list moyennement en furie (en occultant cependant un petit « Trigger » et « Resin ), ce n'est qu'après « Delight And Angers », issu de « A Sense Of Purpose », qu'une partie de l'audience se réveille. Nous voilà tout d'un coup projeté dans un moment d'effervescence sonore, dès lors que les premières samples de « Cloud Connected » se font entendre. Le titre met tout le monde d'accord et c'est comme si un nouveau concert commençait alors. S'ensuit un enchaînement du best of metallique du groupe : « Only For The Weak », « The Chosen Pessimist »,« The Quiet Place » »The Mirror's Truth », l'excellent « Deliver Us » bien qu'il soit plus récent et finalement l'imparable « Take This Life ». Un « Take This Life » cette fois-ci correctement interprété (mes souvenirs me suggèrent que ce ne fût pas toujours le cas), qui achève le concert comme il se doit.

IN FLAMES reste un excellent groupe de scène, et quoi qu'en disent les fans de la première heure, leur musique continue de déchaîner les foules, même si celles-ci ne sont pas exactement les mêmes que dix ans plus tôt. Revers de la qualité ou revers du succès ? La question reste ouverte.
Portfolio par Marjorie Coulin
NB : Cette manière d'entamer la seconde partie du concert avec « Cloud Connected » me rappelle la performance d'IN FLAMES au Wacken 2012, où le groupe, après une brève introduction sur « Jester's Door », commence son set sur le titre. Souvenir impérissable pour ma part, servi par une scénographie délirante. Pour les curieux, ça se passe ici.