19 décembre 2014, 17:25

SATAN JOKERS

Renaud Hantson & Laurent Karila

(2014 © Philippe Barucq - Replica)
 


"Aller là où personne n'est allé", telle a toujours été la devise de SATAN JOKERS qui se vérifie une nouvelle fois avec son album "Sex Opéra". Pour ce troisième disque réalisé en collaboration avec le docteur Laurent Karila, psychiatre, addictologue, mais également rédacteur chez HARD FORCE, SATAN JOKERS a réuni quelques grands noms du metal français pour un projet de metal opéra ambitieux et inédit, un mélange entre metal, fusion et comédie musicale comme il n'en n'a jamais été réalisé dans notre pays. On en parle plus en détails en compagnie du frontman du groupe, Renaud Hantson, et notre ami Laurent Karila. 

 

Pour commencer très simplement, parlons un peu de la genèse de « Sex Opéra ».
Renaud Hantson : On sort de deux albums où le concepteur des « livrets » est le docteur Laurent Karila, ici présent…
Laurent Karila : Moi-même !
R : Laurent et moi, à un moment ça nous est paru comme une évidence pendant la promo de « Psychiatric » qu'il fallait clore un triptyque. On a fait « AddictionS » sur les drogues psycho-stimulantes, la cocaïne, qui raconte une partie de ma vie etc... « Psychriatric » qui décline 12 maladies mentales, c'est un album très hermétique avec des textes très compliqués où j'ai dû comprendre 6 mots sur ce que j'ai chanté… et on avait envie de se faire plaisir avec un truc qui nous unit tous les deux qui est…
L : Le sexe !
R : On est quand même assez obsédés sexuels ! (sourire) Lui au-delà de son obsession, il soigne également l'addiction au sexe, donc l'évidence c'était de terminer avec un album sur les addictions et les perversions sexuelles, donc « Sex Opéra » ! Et puis il y a un gag aussi avec « Soap Opera », lui ça le faisait rire, moi j'ai pas ri du tout mais par contre « Sex Opéra » je me suis dit : « Putain, on va faire un opéra rock ! ». J'ai donc mis ma connaissance de la comédie musicale et de l'opéra rock au service de ce qu'il m'avait envoyé. Je trouvais les textes un peu en dessous du « AddictionS » et « Psychiatric », j'ai mis deux mois à me mettre dedans…

Il y a une belle palette de personnages sur ce disque !
R : Ouais à partir du moment où j'ai vu qu'il y avait des personnages, c'est là qu'on a dispatché les rôles : Stéphane Buriez (LOUDBLAST) dans le rôle de King Sodom, Virginie Goncalves (KELLS) pour jouer la Dominatrice, Céline Lacroix (SAINTE OMBRE) pour faire le transsexuel, d'ailleurs elle est tellement jolie qu'elle ne fait pas du tout mec… Donc voilà, que des trucs ambigus.
L : La première fois que je lui ai parlé de l'idée de « Sex Opéra » il m'a dit : « Non mais t'es fou, on n'a même pas fini « Psychiatric » ! », peu de temps après on est allé à une soirée ensemble et je lui ai dit : « Moi j'ai une idée, il y aura King Sodom dans ce "Sex Opéra", dans un club qui s'appelle 6 Sex 6, en référence à 666 et "The Number Of The Beast" ». Pour moi King Sodom, c'était Stéphane Buriez.
R : Il a écrit les textes en pensant à lui !
L : C'est comme si j'avais son portrait en plein pied, et que je me suis mis à écrire…
R : « La barbe taillée, le crâne rasé... ».
L : Bon c'est un peu romancé car Stéphane ne met pas de gants en velours… (sourire) C'est lui le personnage central. Et oui après j'ai écrit une chanson sur un transsexuel, une dominatrice… Tout le monde est venu se greffer par la suite. Jo Amore de NIGHTMARE, Patrick Rondat, Christophe Godin, tout le monde  a accepté, même Brigitte Lahaie qui fait la narratrice…
R : C'est un peu la cerise sur le gâteau Brigitte ! J'ai fait 3 interview avec elle sur RMC et Laurent travaille régulièrement avec elle dans ses émissions, Brigitte c'est un peu la "connexion Karila". Pour moi il fallait que la narratrice soit l'ex-star du X français, on ne pouvait pas taper plus haut ! C'est la seule à s'être sortie de ce ghetto qu'est le X, elle a eu 10 vies ! C'est une femme super intéressante, très gentille...elle a accepté direct ! On a passé 1h en studio à s'éclater, elle m'a dit : « J'ai aucun sens du rythme, je sais pas chanter ! », mais je l'ai rassurée, je l'ai guidée…
 


 

"Oui c'est notre plus bel album, non on ne pourra jamais le jouer sur scène" - Renaud Hantson

 

Vous aviez des invités "rêvés" ?
R : Oh toi tu veux que je balance, tu veux savoir qui a refusé ?

Non, pas forcément…
L : Gene Simmons !
R : Lui son fantasme ça aurait été Gene Simmons, et moi j'aurais bien aimé chanter un duo avec mon chanteur préféré Glenn Hughes, l'ancien DEEP PURPLE…
L : Mais on n'y a même pas pensé honnêtement…
R : J'aurais voulu qu'il y ait…
L : Des mecs de TRUST…
R : Un ou plusieurs membres de TRUST sur l'album oui. Il faut rendre à César ce qui appartient à César, si j'ai fait du hard rock en français, c'est parce que j'ai entendu « L’Élite »… Nono devait le faire, mais il s'est rétracté à la dernière seconde, Vivi était d'accord mais il est parti en tournée avec KORITNI… Et je n'ai pas eu de réponse de Bernard (ndlr : Bernie), ce que je ne trouve pas hyper cool mais voilà, il est peut-être très occupé, ou il a peut-être l'habitude de fonctionner comme ça… Moi en tout cas quand on me propose un projet qui n'est pas inintéressant, quand j'ai pas envie de le faire j'écris deux lignes et je réponds : « Non ». Voilà. Mais bon, je n'ai envie de moucher personne, j'ai un énorme respect pour ces mecs, en plus j'adore les films de Bernard. Je lui ai fait un très beau mail, j'aurais vraiment eu envie qu'il fasse la première chanson « Préliminaires à l'Infini » qui est très "trustienne". J'aurais vraiment voulu qu'il scande le truc comme il l'a fait dans TRUST à une époque. Initialement aussi j'aurais voulu que Norbert ou Vivi fasse le solo de « VIP HIV »…
L : La dernière chanson de l'album…
R : Ils ont préféré ne pas le faire, c'est Gildas Arzel, l'ancien guitariste / chanteur de CANADA qui le fait, et on n'a pas perdu au change, je te dis la vérité. C'est le Jeff Beck français. A choisir vraiment, je préfère avoir Gildas sur l'album.

Sur « Sex Opéra »  on suit donc le parcours de ce personnage qui se perd dans les perversions sexuelles, et en effet cette chanson « VIP HIV » arrive après la dite « Outro » de l'album. Quelle est l'idée derrière ça ?
L : Le drame.
R : C'est dramatique, il s'est tellement perdu dans le sexe qu'il a choppé le SIDA et qu'il est irrécupérable, il est au dernier stade, la trithérapie ne pourra rien pour lui, il est cuit ! Mais il s'en doutait, parce qu'il fait un suicide au sexe en fait.
L : Le sexe n'est plus un plaisir, mais devient une lutte contre la souffrance. On va utiliser cette dernière chanson pour faire aussi de la prévention pour les MST dans les publics jeunes ados et chez les parents.

Comment est-ce qu'on aborde la conception d'un metal opera ?
R : C'est pas évident ! En fait on a utilisé quelques archétypes. Moi ma référence reste Pete Townshend (THE WHO) avec « Tommy » (1969) et « Quadrophenia » (1973). Laurent va peut-être te parler d'AVANTASIA qui est plus sa génération, on a 12 ans d'écart… Pour moi c'est Townshend la référence en matière d'opéra rock. J'ai aussi eu la chance de croiser la route de Michel Berger pour « Starmania : La Légende de Jimmy », puis j'ai aussi fait « Notre Dame de Paris » avec Luc Plamondon… Donc voilà, oui c'est un savoir-faire, oui c'est un gros travail, oui c'est notre plus bel album, non on ne pourra jamais le jouer sur scène à cause des plannings de chacun… On en est très fier ! A partir d'un livret sur les déviations et les perversions sexuelles, on est arrivé ensemble, les 4 mecs du groupe et Laurent, les 5…
L : Les 5 cavaliers de l'apocalypse !
R : Voilà ! On est arrivé à faire un truc qu'à nouveau un autre groupe français n'a pas fait avant nous. Tu sais, il y a un côté "frime" avec SATAN JOKERS, et j'entretiens cette flamme là parce qu'elle me fait rire, c'est aussi un abri anti-cons, ceux qui ne comprennent pas le 2ème degré peuvent aller se faire enc**** et continuer à colporter que je suis mégalomane. Ce qui m'amuse beaucoup d'ailleurs car c'est absolument tout le contraire, je n'ai aucun respect pour moi et c'est pour ça que je me suis drogué aussi longtemps. On a fait un super truc qu'aucun groupe français n'a fait avant, c'est ça SATAN JOKERS. Les journalistes disent qu'on a inventé la fusion metal, eh bien on n'a jamais vu non plus un psy concevoir les textes de 3 albums d'un groupe de metal français ! C'est « Cap ? Ou pas cap ? ». Comme David Lee Roth l'a fait en 1984 pour le clip de « Jump » : « Tu peux faire un clip pour 200 francs ? », et voilà, Grammy Musical ! C'était à pisser de rire !
 


 

"J'ai déjà des idées pour le prochain album mais bon… Je ne peux pas lui en parler parce qu'il va m'interner !" - Laurent Karila


Comme tu l'as dit Renaud ce triptyque d'albums parle un peu de ta vie et de tes excès passés. C'est facile pour toi de te replonger là-dedans ?
R : Non, tout comme les conférences que l'on fait, on remue la merde, c'est très compliqué. Tu sais, je le dis sans aucune gêne, c'est une maladie, je suis malade. J'avance, je recule, je trébuche, je fais des faux-pas… donc voilà. Laurent m'a donné une nouvelle clé, celle de la réduction des risques, ce qui voudrait dire m'autoriser à faire une fois tous les 15 jours… puis de passer à des périodes plus longues. Le véritable problème d'un addict, c'est que c'est comme un alcoolique, tu lui donnes un verre, il va finir tout le bar. Moi avec la poudre… tu me fais un hors-d’œuvre, il me faut la suite ! Comme Glenn Hughes quand je l'ai rencontré. Mon addiction était au démarrage, lui était censé avoir arrêté, on était chez mon guitariste, et je lui ai dit : « Après tout ce que tu viens de me dire, si mon guitariste et moi on se fait un trait tu vas l'avoir mauvaise ? », il m'a répondu : « Non, non, je vais le faire avec vous ! », et là on se fait un truc minuscule, il me regarde et me dit : « C'est le hors-d’œuvre là, non ? ». C'est là que j'ai compris ce que ça voulait dire. C'est une maladie, il faut que les gens comprennent ça, c'est compulsif. On est dans une problématique, ce n'est plus festif du tout. C'est ton cerveau qui te fait croire que tu vas retrouver le plaisir du début… C'est un drame.

Pourquoi faire tout ça si c'est douloureux alors ?
R : Parce que j'ai envie d'être la belle personne que je voudrais être, et que je vais y arriver. "Rockstar" va clore un truc de ma vie, le roman décliné en album et en spectacle musical... le faire avec ma famille ! SATAN JOKERS, Laurent Karila, Michaël Zurita… Choisir des gens de la comédie musicale : Laurent Ban, Victoria Petrosillo... qui sont des tueurs, des ferraris vocales ! Bon ce ne sont pas tous des metalleux, mais Laurent vient du metal. Pablo Villafranca aussi, qui vient du hard rock, dans le rôle du dealer, il sera hyper-crédible !
L : T'as pris un prénom espagnol exprès ? (rires)
R : Non ! (rires) Qu'est ce que tu veux que j'y fasse, j'aurais pu prendre un rebeu aussi ! J'en ai beaucoup eu comme dealers ! (rires) Donc voilà, faut aller au bout du chemin, on va faire la route ensemble. Que SATAN JOKERS s'arrête ou pas, ça continuera.
L : J'ai déjà des idées pour le prochain album mais bon… Je ne peux pas lui en parler parce qu'il va m'interner !

Parle-moi un peu plus de ce projet « Rockstar »...
R : « Rockstar » c'est mon prochain roman. Laurent m'a donné le goût de l'écriture…
L : Il en est à son troisième !
R : Là j'ai fait un roman. C'est le parcours initiatique d'un gamin qui veut devenir un rockeur, une vedette, il va le devenir, il va se brûler les ailes, il va connaître l'addiction, il va perdre sa femme, il rencontre une minette dans un festival où il est tête d'affiche...il achète de la came à un technicien et il rechute… mais la fille est encore plus équipée que lui, et il ne va pas savoir si elle est l'envoyée de Dieu ou du Diable… Elle a encore plus de coke que ce qu'il avait acheté, c'est de la "boule de balle", il manque de mourir, elle fait rentrer sa sœur dans le jeu donc il y a une scène de cul à écrire, ce qui est très compliqué à faire ! Justement donc… (rires) C'est là, c'est sur les 3 grandes difficultés qu'il me reste à écrire pour terminer le spectacle que je veux faire appel à Laurent : la scène de cul entre sœurs, il faut que je lui explique bien le truc, le personnage du musicien avide d'argent, je ne sais pas trop sous quel angle l'aborder, et un autre truc. « Rockstar » c'est ça, sur « Sex Opéra » je me suis fait les dents. C'est un projet que j'ai depuis 25 ans, avant l'addiction, ça fait 25 ans que j'en parle à Luc Plamondon, et ça fait 25 ans qu'il me dit : « Écris-le ! ».
L : On va le faire !
R : On va le finir !

Laurent, tu as quand même un profil unique pour un psychiatre !
R : Lui ? (rires) C'est le moins que l'on puisse dire !
L : Être membre de SATAN JOKERS c'est énorme pour moi : médecin, psychiatre, addictologue, conférencier, auteur, HARD FORCE… c'est ma carte de visite ! Ça énerve des gens dans mon milieu professionnel.

C'est vrai ?
R : Ohohoh ! (rires) Je lui ai fait une consultation à lui tellement il était en stress après un gros rendez-vous professionnel, justement parce qu'un professeur lui avait dit : « Mais Laurent, vous n'allez pas garder ça toute votre vie ? Vous allez couper ces cheveux Laurent ! ».
L : Il y a quelqu'un qui m'a dit : « Si tu veux aller plus haut, coupe-toi les cheveux, mets des costards et arrête tout ce que tu fais...» mais c'est pas possible ! Je vais avoir 42 ans, c'est pas possible quoi ! J'ai décidé de mon orientation, c'est comme ça ! Hier soir encore, je donnais une conférence de psychiatrie à des étudiants en médecine, et à la fin les mecs m'ont dit : « Sinon pour SATAN JOKERS, ils seront au Hellfest ou pas ? ».
R : (rires)
L : Tu vois il n'est plus question de psychiatrie ! Je ne dissocie rien, je ne cache rien, c'est là, c'est présent.
R : C'est ce qui fait chier les mecs de ton business !
 


 

"Je n'ai pas envie de faire l'album de trop de SATAN JOKERS" - Renaud Hantson


Vous avez répondu à cette question plus tôt mais parlons-en un peu plus, « Sex Opéra » ne verra jamais le jour sur scène ?
R : Il y a 7 chansons qui sont déjà intégrées au Satan's Fest du 10 janvier et qui seront intégrées sur les concerts des 2 années à venir, on n'est pas non plus à l’abri d'un "one shot" où on essayerait de réunir un maximum d'invités de l'album ! En tout cas, c'est impensable d'avoir tous les invités de l'album une semaine ou un soir... c'est ingérable. C'est pas une question d’ego, c'est une question de planning. Pour nous, ils ne sont pas interchangeables, c'est délicat. Bien sûr je pourrais faire bosser une de mes rolls dans mes cours de chant et qui peuvent faire les personnages…
L : Mais ça ne serait plus pareil !
R : On n'est pas dans le même domaine. L'idée c'est que la dominatrice soit Virginie Goncalves. Là, Céline Lacroix de SAINTE OMBRE va venir chanter « Professionnelle » avec nous à Cergy parce qu'elle est sur l'affiche du Satan's Fest... l'occasion fait le larron ! Stéphane Buriez pourait venir s'il est libre, mais qu'est ce qu'il va venir faire ? Un titre sorti du contexte ? Ça ne rimerait à rien, ça ne veut rien dire…

Bon, « Sex Opéra », c'est le dernier album de SATAN JOKERS ou pas ?
R : J'explique pourquoi j'ai dit ça…
L : Il ne faut jamais dire jamais !
R : Oui, je sais bien qu'avec ce groupe il ne faut jamais dire jamais, je l'avais oublié d'ailleurs en disant que SATAN JOKERS n'existerait plus tant que Laurent Bernat serait mort, mais ça c'était pour paraphraser une blague de Paul McCartney qui avait dit : « Je reformerais les BEATLES si John Lennon n'est plus mort », j'avais trouvé cette phrase à pisser de rire, pleine de cynisme et de bon sens en même temps… Donc voilà, et j'ai reformé SATAN JOKERS en 2008/2009… j'ai été un peu vite en besogne. Bien entendu que si Laurent a une idée brillante, pourquoi pas ? Mais personnellement, je ne vois pas comment on pourrait faire mieux que cet album. Je n'ai pas envie de faire l'album de trop de SATAN JOKERS, parce que chaque sortie de l'album de cette reformation a été acclamée. Même ceux que ça fait chier de dire que c'est bien se disent : « Putain merde, c'est bien ! Et l'autre il est vraiment sincère, c'est vraiment un rockeur ! » eh ouais bande d'enc**** ! Faudrait vraiment être le roi des cons pour penser… De toute façon pour faire ce truc-là, il faut être un passionné, parce que c'est pas avec le pognon qu'on gagne avec ça… C'est plus rapide pour Laurent de faire de la psychiatrie, et moi mon école et mes albums solo... on est à perte avec ça !
L : Mais on s'en fout, c'est pour la passion !
R : On s'en branle ! Si on calculait ce que Laurent et moi dépensons en tant que coproducteurs par rapport à ce qu'on rapporte, on arrêterait sûrement !
L : C'est de la passion, le metal !
R : Enfin, c'est pas du tout ça qui rentre dans la balance, c'est plutôt : « Comment faire mieux ? ». Donc voilà, s'il a une idée brillante et que ça branche les gars, on verra, on a le temps.

Entre ton projet solo, FURIOUS ZOO et SATAN JOKERS comment fonctionnes-tu Renaud par rapport à ça ? Une chose à la fois ?
R : Là, tu vois, « Sex Opéra » est fini, je suis à bloc sur « Rockstar » en voulant intégrer les mecs de « Sex Opéra » parce qu'il faut qu'il y ait une filiation, il faut que tout ça soit logique. Je m'emmerde vite. Une fois que j'aurai avancé sur « Rockstar », il faudra que je fasse un nouveau FURIOUS ZOO, et quand je l'aurai fait, c'est là qu'il faudra que Laurent me vende sa fameuse idée sur SATAN JOKERS parce que je pense que FURIOUS ZOO va m'emmerder, alors il faudra que je fasse SATAN JOKERS, ou alors un autre truc !
Ensemble : Un supergroup !
R : Ça fait 2 ans qu'on se dit : « Putain mais pourquoi est-ce qu'on ne monte pas un supergroup français ? » où on amènerait clé en main un truc avec une thématique de ouf… Mais bon, c'est compliqué les plannings de chacun.

On imagine mal un supergroup français sans TRUST du coup, non ?
R : Je ne peux rien te dire. Du fait de la fin de non-recevoir que j'ai eue, je ne te cache pas que eux, je les ai vraiment oubliés ! C'est terminé ! Enfin, ça fait longtemps qu'on a envie de faire un truc avec Nono. Je pense que ça ne serait pas une mauvaise idée pour le public rock qu'on unisse notre savoir-faire. On se connaît bien Norbert et moi. On s'est pratiqué un peu en studio, j'ai fait mes premières maquettes en solo chez lui… et c'est un grand guitariste. Tu sais, je leur ai dit à tous : « Ça serait bien qu'on le fasse avant d'être trop vieux ou trop mort ! » mais je crois qu'ils n'ont pas entendu la phrase… Comme ils sont plus vieux que moi, ça les guette plus vite que moi…

Tu penses quoi de la situation dans laquelle TRUST se trouve aujourd'hui ?
R : Je n'ai pas d'avis à donner sur TRUST. Je sais qu'ils sont en guerre, et je trouve ça très triste pour le public… Le public attend de TRUST un album de rock et une tournée de rock quoi, moi ce que je leur proposais, c'était un album de rock… « Sex Opéra », c'était du hard rock ! Ils auraient recadré leur image au travers d'un groupe qui était… pas leur héritier, mais on était en-dessous, nous et WARNING on était les deux prétendants à TRUST ! Après, il y avait STOCKS, un peu plus bas SORTILEGE, VULCAIN, BLASPHEME etc. « Sex Opéra » leur donnait l'opportunité de faire un album de hard rock, qui leur aurait peut-être donné envie d'en faire un. Je trouve ça dommage et moi je n'attends plus rien d'eux, la vérité elle est là. Tu me demandes mon opinion, mais je n'en ai aucune en fait. Je n'en ai aucune sur ce que j'ai entendu sur l'apport du DJ sur scène, je m'en fous ! Je ne sais pas de qui est cette idée farfelue, je ne sais pas de qui est cette idée d'avoir fait le riff de « Highway To Hell » mélangé avec un sampling de DJ avant d’enchaîner sur « L’Élite », paraît-il… je ne comprends pas cette idée… c'est peut-être très brillant, mais moi ce n'est pas ce que j'attends de TRUST. J'attends d'entendre les chansons de rock telles que je les ai aimées dans les années 80, quoi !
L : Moi, c'est pas du tout ma came, donc bon ! (rires)
 


 

"Karila, il donne un autre sens, une autre valeur à mon travail, à notre travail…" - Renaud Hantson


Au-delà de SATAN JOKERS, on vous voit donner des conférences de prévention partout en France... Ça fait partie de la thérapie d'aider les autres ?
L : Ouais !
R : C'est surtout une partie du travail que Laurent et moi faisons ensemble, c'est lui qui m'a donné goût à ça, comme ça j'ai moins l'impression d'avoir perdu 20 années dans la poudre. Ça donne un sens à ma vie, même si c'est violent, mais c'est jouissif et t'as l'impression d'être utile dans un métier parfaitement inutile aujourd'hui. Les conférences, les colloques, le fait que l'album à nouveau soit préventif… Karila, il donne un autre sens, une autre valeur à mon travail, à notre travail…
L : Et pareil dans l'autre sens ! Faire des conférences avec Renaud c'est...
R : C'est du hard rock ! Ça tabasse !
L : Je fais 25 minutes de modèle médical mais rock'n'roll, lui fait 25 minutes de témoignages et après il y a 1h de questions…
R : Ça rigole pas !
L : On fait ça comme un show, c'est cool !
R : Il y a de la vanne et il y a aussi des trucs tragiques… Lui, quand il montre des cerveaux défoncés, les gosses sont horrifiés, ils disent : « C'est quoi ça, monsieur ? », ou quand ça tchatche trop il dit : « Viens-là toi, viens dire ce que tu veux dire sur scène ! », il désamorce tout de suite… Moi je plombe l'ambiance en disant : « Vous croyez tout savoir, mais vous ne savez rien »
L : C'est efficace !
R : Je leur dis que je suis mort 200 fois… et je suis mort avant d'avoir pris de la coke ! A 20 ans, quand j'ai fait Paris-Cannes à 240 km/h avec une G60 pétarifié avec mon assistant de l'époque ! Tout ça m'est revenu en faisant des conférences, comme on parle de cannabis, de haschich, c'est là que je me suis dit : « Putain, c'est vrai que j'avais commencé par ça, moi ! ». J'avais occulté cette partie-là… 

"Sex Opéra" de SATAN JOKERS est sorti le 2 décembre chez Brennus Music.

Blogger : Hugo Tessier
Au sujet de l'auteur
Hugo Tessier
Décidemment né trop tard, Hugo Tessier cultive sa passion pour le rock depuis son plus jeune âge. Avec U2 et THE POLICE dans le biberon, son cœur penchera finalement pour le hard rock des eighties qui à son tour lui fera découvrir de nouveaux horizons musicaux. Tantôt étudiant, musicien puis vendeur dans les festivals rockabilly, en septembre 2011 HARD FORCE le convainc de commencer à explorer les concerts de la région nantaise à peine avait-il déballé son unique carton dans sa chambre universitaire.
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