28 décembre 2022, 19:24

TOP ALBUMS 2022

Par Chris Cap

Blogger : Chris Cap
par Chris Cap


Encore une année particulièrement riche en sorties intéressantes qui se termine. Mais finalement, à l’heure du bilan, quand le moment de faire des choix est arrivé, ça n’a pas été si compliqué. J’ai simplement sélectionné les albums qui ont le plus tourné en boucle sur ma platine, avant d’essayer d’analyser pourquoi ils m’ont plu... Puissent ces mini chroniques vous donner envie – si ce n’est d’acheter –, tout du moins de jeter une oreille sur ces dix petites pépites sortis en 2022... Bonne écoute !
 

1. Ozzy Osbourne : « Patient Number 9 »
Inconsciemment, je dois être un vrai fan d’Ozzy Osbourne... Du genre à adorer tout ce qu’il fait, en solo comme avec BLACK SABBATH. Et le fait est que le Madman ne m’a jamais déçu, sachant toujours s’entourer de musiciens virtuoses et en tirer le meilleur. Et là, on peut dire qu’on est gâté. En effet, la liste des invités prestigieux sur ce « Patient Number 9 » est longue comme le bras, chacun venant mettre sa pierre à l’édifice avec son coup de patte caractéristique. Pour ne citer que les plus célèbres, on trouve en vrac Jeff Beck, Eric Clapton, Tony Iommi, Zakk Wylde, Duff McKagan, Chad Smith et le regretté Taylor Hawkins... Avouez que ça cause !
Pas forcément les morceaux les plus emblématiques de l’album, "Patient Number One" et "Immortal" ouvrent pourtant parfaitement les hostilités. L’idéal pour lancer la machine à remonter le temps et retrouver les influences qui, tour à tour, ont caractérisé l’univers musical d’Ozzy. "Parasite", avec Zakk, "A Thousand Shades" signé Jeff Beck, mais aussi "One of Those Days" et le splendide solo d’Eric Clapton enfoncent le clou, alors que l’époque Black Sabbath n’est évidemment pas oubliée ("Evil Shuffle" et son harmonica ou "No Escape From Now" avec... Tony Iommi). Quant à "Dead and Gone" et "God Only Knows", qui clôturent le disque, ils peuvent faire penser à la période la plus commerciale du chanteur, avec néanmoins un son plus brut, plus au goût du jour. Beau témoignage de la part d’un homme qui revient de loin... Ozzy Osbourne est définitivement immortel.

 


2. GHOST : « Impera »
En dépit d’une image volontairement provocante, avec sa musique accessible et ses refrains "catchy", GHOST est un groupe de pop metal. Je veux dire par là populaire… Très populaire même, au fur et à mesure que les albums s’empilent. En témoigne un concert au printemps dernier dans un Bercy rempli de fans enthousiastes. Avec « Impera », GHOST signe là l’une de ses meilleures productions – si ce n’est la meilleure. Le style, déjà reconnaissable entre mille, s’affirme encore davantage. Quant au son, c’est un savant mélange entre puissance et sophistication. Le changement d’effectif au sein des musiciens a permis également à l’ensemble de franchir encore un cap en proposant des parties de batterie, des soli de guitares, un travail sur les voix et des interventions de claviers particulièrement inspirés ("Call me Little Sunshine", "Griftwood", "Kaisarion", "Darkness at the Heart of my Love"...). De plus, sur des morceaux comme "Spillways" ou "Watcher in the Sky", si l’on sent bien que l’accent a été mis sur les mélodies, cela ne tombe jamais dans la mièvrerie et c’est ça qui est très fort. Enfin, quand un album se termine sur un chef-d’œuvre de la trempe de "Respite on the Spitafields", difficile de ne pas s’enflammer... On pense parfois à QUEEN pour la variété des influences ou bien JOURNEY pour le feeling, c’est dire ! Certains dénonceront un virage FM... Je parlerais plutôt de "pop redemption" !


3. ALTER BRIDGE : « Pawns & Kings »
Si j’avoue avoir été un peu déçu par les deux dernières prestations discographiques d’ALTER BRIDGE, je reconnais en revanche que « Pawns & Kings » m’a carrément mis une grosse baffe. Les escapades en solo de Myles Kennedy et Mark Tremonti semblent avoir été bénéfiques au groupe et l’on sent sur cet album un plaisir évident de se retrouver et de bosser ensemble... Comme à la grande époque, en fait. D’ailleurs, je ne suis pas loin de penser que c’est l’œuvre la plus aboutie du quartet. Comme si chaque musicien avait bossé sur ce disque en profitant de toutes ses expériences passées pour les mettre au service du collectif. Le résultat nous donne un « Pawns & Kings » à la fois percutant et harmonieux – dans tous les sens du terme.
Travailler sur un projet comme le concert à Londres avec le Parallax Orchestra a forcément donné à ALTER BRIDGE des clés et des idées pour enrichir sa musique, tout cela sans perdre une once de puissance. "Dead Among the Living", "Sin After Sin" ou "Holiday" en sont les preuves flagrantes... Main de fer dans un gant de velours ! Quel son de guitare, quelle harmonie des voix entre Myles et Mark (qui est devenu désormais un vrai chanteur) et quel travail soigné des parties de batterie. C’est flagrant sur les petites perles que sont "Fable Of The Silent Son", morceau aux ambiances variées de plus de 8 minutes extrêmement riche, mais aussi "Last Man Standing" au style presque progressif et "Pawns & Kings", qui vous achève en beauté. Un album magnifique sans aucun titre faible. La classe !


4. RAMMSTEIN : « Zeit »
D’accord, ce n’est peut-être pas l’album le plus emblématique ni le meilleur du groupe, mais peu importe, car avec ce « Zeit », RAMMSTEIN a réussi encore une fois à me séduire. A me transporter vers des époques que je n’ai pas connues et à me faire voyager dans le temps. Outre la musique originale et immédiatement reconnaissable des Allemands – que l’on doit en grande partie à l’inspiration, aux harmonies et aux sons habilement travaillés de son claviériste, l’inimitable Flake –, il y a aussi les images qu’ils offrent dans leurs vidéos et l’atmosphère qui se dégage dès que Till Lindemann commence à chanter. Tout cela me touche et m’a rendu de plus en plus fan au fil des années.
Et sur ce « Zeit », j’ai trouvé que l’on avait là du bon RAMMSTEIN, avec tous les ingrédients pour que la mayonnaise prenne... et même peut-être un peu plus. Je veux parler par exemple du travail sur les voix, avec de nouveaux effets et une certaine recherche de la mélodie qui adoucit légèrement le côté "rugueux" et guttural de la langue de Goethe ("Meine Tränen", "Zick Zack" et la magnifique balade "Lügen"...), mais également de la puissance de certains titres comme "Angst" ou "OK". Du grand RAMMSTEIN ! Alors forcément, quand sur le dernier morceau, Till nous dit : « Adieu, Goodbye, Auf Wiedersehen », on espère juste que ce n’est pas prémonitoire... et que l’on n’écoute pas là le dernier album studio du groupe. Croisons les doigts.


5. DISCONNECTED : « We Are Disconnected »
Pour une fois qu’un groupe français me touche vraiment dès la première écoute, je ne pouvais pas le placer autrement qu’au beau milieu de mon top 10 de l’année. Il s’agit de la deuxième réalisation de DISCONNECTED et je peux vous dire que « We Are Disconnected » fait partie des disques qui ont le plus tourné sur ma platine au cours du premier semestre 2022. Un petit brûlot comme je les aime, alliant mélodie, refrains accrocheurs et parties de guitare ciselées.
Et si, bien sûr, certains titres sortent du lot ("Love Will Always Find Its Way", "I Fall Again" ou le furieux "King Of The World"), on constate surtout qu’il n’y a sur cet album aucun morceau pauvre. Tous ont un certain cachet, avec de beaux arrangements, des parties de chant impressionnantes (aussi bien en voix claire que growlée) et des riffs tranchants qui viennent vous titiller l’oreille pour ensuite vous rentrer immédiatement dans la tête. On pense ici au très metal progressif "That’s How I’ll Face The End", au rageur "The Only Truth" ou à "A World of Futile Pains" et son solo plein de feeling qui clôture le disque de fort belle manière. Un album court, certes (8 titres seulement), mais particulièrement riche et inspiré... Bien joué les Frenchies !


6. FIVE FINGER DEATH PUNCH : « AfterLife »
Avec ce « AfterLife », FIVE FINGER DEATH PUNCH annonce un vrai retour en forme. Nouveau guitariste soliste, chanteur débarrassé de ses addictions (jusqu’à nouvel ordre) et désir de retrouver le public sur scène ont aidé le quintet dans l’élaboration d’un album sans surprise, certes, mais d’excellente facture. On retrouve ici la "patte" de Zoltan Bathory, leader naturel et principal compositeur, avec des riffs ravageurs et des nuances mélodiques toujours aussi efficaces ("AfterLife", "Times Like These", "Pick Up Behind You", "All I Know"...). L’album s’ouvre avec un "Welcome To The Circus" qui vous met tout de suite dans l’ambiance avec un groove et un refrain qui n’est pas s’en rappeler "Wash It All Away", l’un des morceau de bravoure du groupe... A partir de là, la machine est lancée et on est embarqué jusqu’au dernier titre au gré de solides morceaux mid-tempos et autres ballades qui ont fait le succès de FIVE FINGER.
Alors bien sûr, Ivan Moody est le roi de la punchline un peu cliché (« Servir au paradis ou régner en enfer ? », « Ce qui ne te tue pas te rend plus fort... », « It’s not over until it’s over »), mais ça colle parfaitement à l’air du temps et ça, FFDP l’a très bien compris… C’est d’ailleurs ce qui explique en partie l’énorme succès du groupe outre-Atlantique : à savoir proposer à un public plutôt jeune ce qu’il a envie d’entendre. Et ça marche ! Jamais surpris, mais jamais déçu... Certains s’en offusquent, moi, ça me convient.


7. THE DEAD DAISIES : « Radiance »
Sur « Holy Ground », l’album précédent – le premier avec Glenn Hughes –, j’avais trouvé que "la Voix du Rock" prenait quand même beaucoup de place dans un groupe qu’il venait tout juste de rejoindre… Eh bien avec ce « Radiance », on n’a plus du tout cette impression. Comme si l’éternel retour de Brian Tichy à son poste de batteur et une année de plus pour Glenn au sein de THE DEAD DAISIES avaient permis au groupe de trouver un équilibre qui lui a souvent manqué (la valse des musiciens est une spécialité chez eux !)... Et pour son sixième album en 10 ans, avec une cohésion dans les compos et une solidité rythmique assez phénoménales, le prolifique "supergroupe" a fait très fort.
"Face Your Fear", qui ouvre les hostilités, place d’ailleurs très bien les choses dans leur contexte : on est sur du hard rock typé seventies avec un groove exceptionnel et un son puissant on ne peut plus actuel. Que ce soit sur "Kiss The Sun" avec son intro à la talk-box, "Born to Fly" et "Roll On" où l’on retrouve du pur Glenn Hughes, mais aussi "Radiance" et "Cascade", des titres heavy à souhait qui rappellent parfois le « Seventh Star » de Tony Iommi avec Glenn au chant, on a affaire à un ensemble cohérent, varié et solide. L’impression aussi d’écouter un vrai groupe et non le backing band d’un chanteur exceptionnel. Et puis bon, il y a Glenn Hughes, 71 printemps et la voix d’un jeune homme... Impressionnant !


8. PARKWAY DRIVE : « Darker Still »
Quel son, quelle puissance, quels morceaux... Le nouveau PARKWAY DRIVE est carrément un cran au-dessus de ce qu’a pu nous proposer jusqu’ici le quintet de metalcore australien. Non pas que l’album précédent « Reverence » n’était pas déjà d’un très bon niveau, mais il faut bien reconnaître que du côté de la production comme de celui des compos, ce « Darker Still » fait plus qu’enfoncer le clou. C’est bien simple, quasiment tous les titres sont du niveau de "The Void", le morceau phare de... « Reverence », justement.
Dès les premières mesures de "Ground Zero", on est immédiatement dans le bain et le savant mélange entre la musique mélodique de PWD et les vocaux hurlés de Winston McCall n’a jamais été aussi bien dosé. Quant à l’apport subtil de synthés joués avec parcimonie, je trouve que cela donne une véritable ampleur aux morceaux qui le méritent ("Like Napalm" à la martialité quasi rammsteinienne, "Imperial Heretic", "Land Of The Lost")... N’en déplaise aux anticlaviers radicaux ! Ils pourront se consoler avec quelques soli de guitares bien sentis ("The Heart of the Darkness" qui va faire mal en concert) et le très SLIPKNOT "Soul Bleach". Enfin, comment ne pas citer la ballade "Darker Still" où PARKWAY DRIVE signe selon moi son "Nothing Else Matters". Carrément...


9. RED HOT CHILI PEPPERS : « Return of the Dream Canteen »
Deux double albums de RED HOT en un an, n’est-ce pas un peu beaucoup ? C’est un peu ce que je pensais avant de poser ce « Return of the Dream Canteen » sur ma platine... Seulement voilà, si j’avais trouvé « Unlimited Love » plutôt sympa, le deuxième opus – toujours produit par l’excellent Rick Rubin – s’avère bien loin d’un amoncellement de vulgaires face B. Au contraire, je dirais même que j’ai préféré la cohésion et les compos privilégiant les mid-tempos groovy de cet album, et c’est la raison pour laquelle c’est de lui dont je vous parle. Pour certains (comme ALTER BRIDGE...), il semblerait que la période liée au Covid ait été l’occasion de se poser et de retrouver l’inspiration.
En effet, à l’écoute de certains titres comme "Peace and Love", funky à souhait, "Afterlife", "Bag Of Grins", le bluesy "Carry me Home" ou "Fake As Fuck" et ses interventions de cuivres, l’osmose entre les membres du groupe – liée en grande partie au retour du fils prodigue John Frusciante – saute immédiatement aux yeux. Le groupe va à l’essentiel avec un son brut, sans fioritures, chaque musicien donnant le meilleur de lui-même. En écoutant "Eddie" (un hommage à Eddie Van Halen) et son magnifique solo, vous comprendrez certainement ce que je veux dire... et pourquoi cet album m’a finalement embarqué.


10. SCORPIONS : « Rock Believer »
Dès les premiers titres de l’album, et en particulier le très pêchu "Roots In My Boots" lancé par un Mikkey Dee toujours en pleine forme, on se dit que ça part très fort. Les riffs sont en béton, la voix de Klaus Meine n’a pas pris une ride (tout du moins en studio) et la batterie insuffle une énergie nouvelle au groupe. Quand on a été biberonné à coups de vinyles comme « Blackout », « British Steel » et autres « Overkill » ou « Wheels Of Steel » (là, je suis en train de perdre les moins de 30 ans !), on se retrouve immédiatement en terrain connu et c’est loin d’être désagréable.
Bien sûr, on retrouve la fameuse patte SCORPIONS et sur certains morceaux, sans que cela soit gênant du tout, on a forcément en tête des anciens classiques du groupe que l’on a écoutés des dizaines de fois... Je pense par exemple au single "Rock Believer", dans la veine d’un "Someone Like You", à la ballade obligatoire "When You Know" ou à "Shining Of Your Soul" et son groove à la "Is There Anybody There". Mais attention, les Allemands ne sont pas du tout dans l’autoplagiat. Non, c’est juste que l’on retrouve des petits repères par-ci, par-là, extrêmement bien mis en valeur par un son au goût du jour qui redynamise l’ensemble. Et on se fait embarquer comme à l’époque de l’adolescence.
Sur le morceau qui ouvre l’album, SCORPIONS laisse entendre qu’il leur « reste encore du carburant dans le réservoir »… Apparemment, c’est bien le cas !

Blogger : Chris Cap
Au sujet de l'auteur
Chris Cap
Reporter/photographe chez Hard Rock Magazine au milieu des années 90, Chris Caprin s’est ensuite reconverti dans la presse moto et VTT où il officie maintenant depuis plus de vingt ans. Cependant, Chris n’a jamais, au grand jamais, mis de côté sa passion pour le “metal lourd” et quand il ne tape pas sur sa batterie, c’est avec grand plaisir qu’il retrouve ses premières amours en collaborant avec HARD FORCE.
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