Vingt ans. C’est le nombre d’années qui séparent le premier volume de celui qui nous est proposé maintenant. En 1996, Zakk Wylde avait mis un peu de ses velléités électriques de côté pour offrir un album acoustique de fort belle facture et bien accueilli, acquérant un statut dit culte chez ses fans. Chassez le naturel… Il reprit donc ensuite de plus belle ses tronçonnages en règle sur les albums qui ont suivi avec son groupe, BLACK LABEL SOCIETY. Quelle mouche a donc piqué notre bûcheron préféré pour le voir s’asseoir de nouveau auprès d’un feu de cheminée sur une peau de bête (ou d’une bête peau. Toute simple quoi) pour composer les 16 titres composant ce « Book Of Shadows II » ? Qu’importe, le principal étant que l’on puisse nous aussi nous asseoir près d’un feu et sur une bête peau, toute simple quoi (ou une peau de bête, au choix). Le timing n’est cependant pas vraiment adapté, car cet album aurait été plus adéquat à l’approche des frimas de l’hiver qu’au printemps pour nous permettre d’enchaîner les écoutes assis auprès d’un feu de cheminée, assis… bon, vous connaissez la suite ? Mais je m’éloigne. Reprenons le livre (des ombres) là où il était resté ouvert.
Premier constat : qu’est-ce que ça fait du bien ! D'abord, de le voir lever la pédale (wah wah) et freiner des quatre fers sur des solis joués en temps normal (comprendre avec BLS) à 200 miles à l’heure (environ 388 notes à la minute pour ceux qui ne sont pas férus de vitesse sur route). Ici, Zakk s’emploie à poser juste ce qu’il faut de notes quand il le faut, à l’exception de quelques passages pondérés autour de ‘’100 miles à l’heure’’ qui, du coup, s’avèrent bien sentis (‘’Lay Me Down’’ ou ‘’Lost Prayer’’ par exemple). Ce qui saute aux oreilles également, c'est cette belle voix et son timbre reconnaissable entre mille qui nous rappelle si besoin était combien Mr. Wylde est un excellent chanteur (entre Greg Allman et Ronnie Van Zant, sortez vos grimoires sudistes), capable de retenue et d’insuffler de l’émotion à des textes mélancoliques (‘’Tears Of December, ‘’Darkest Hour’’ notamment). Sur le single ‘’Sleeping Dogs’’, il est même accompagné par un certain Corey Taylor (chanteur multi-cartes, SLIPKNOT et STONE SOUR). Rehaussé d’orgues Hammond (le début de ‘’Eyes Of Burden’’) et de piano (joués par Zakk lui-même) contribuant à étoffer l’ambiance, on y entend aussi par moments quelques cordes. Point trop, juste ce qu’il faut. Nous ne sommes pas dans un fast-food et le cuistot s’y entend bien aux fourneaux. Un léger saupoudrage pour faire ressortir les saveurs. I-dé-al !
Cet album pourrait en outre se voir estampiller d’un sticker éco-label (de couleur noir ?) et développement durable tant il se recycle lors de quelques passages et plans assez similaires sur certains de ces titres, ce qui est sans doute l’un des rares points faibles de ce nouveau disque. Une certaine linéarité donc mais cela est dû au fait que ce soit un album acoustique et qu’il est difficile de faire autrement si l’on souhaite donner une certaine cohésion à l’ensemble. Une autre faiblesse à relever serait peut-être sa longueur (1h15 au total) car ce disque aurait gagné en efficacité et en confort d’écoute s’il avait été dispensé de quelques morceaux. Rien de bien méchant et dans l’ensemble, c’est avec bienveillance que ce disque sera accueilli par les fans. Compagnon parfait (je parle de l’album hein, pas de Zakk dans le cas présent) de vos soirées romantiques, il est fort à parier qu’il contribuera à un baby-boom début 2017.
Rendez-vous est donc pris maintenant pour 2026 afin d’écouter « Book Of Shadows III ». Ben oui, quoi, c’est tous les vingt ans apparemment qu’on y a droit, non ?