Joindre l’utile à l’agréable… Ecoutez l’album chroniqué en cliquant sur ce lien.
Lorsque sort ce premier album de QUEENSRŸCHE le 7 septembre 1984, le groupe a déjà fait paraître un an auparavant un fantastique essai sous forme d’EP. L’essai est transformé avec ce disque. Le groupe se donne les moyens de ses ambitions en investissant notamment les studios londoniens Abbey Road et en embauchant le producteur James Guthrie qui a œuvré pour PINK FLOYD notamment (excusez du peu). Le groupe déclarera cependant il y a quelques années qu’il leur est impossible d’écouter ce disque en raison d’un mixage leur ayant échappé et qu’ils haïssent. La faute semble-t-il à la maison de disques ayant repris le contrôle des choses après un dérapage de 300 000 $ dans le budget alloué (NdR : pour un jeune groupe, c’est vrai que ça la fout mal). Mais pour l’auditeur, c’est tout autre car nous avons entendu le disque comme il existe et pas autrement. Donc passons.
Hormis un look à faire pâlir de jalousie les musiciennes de MÖTLEY CRÜE (si ces dernières privilégient les tenues flashy et multicolores, la Reine du Reich, elle, se drape de noir), blush et laque étant partagé par les deux formations. Pourtant, on est bien loin d’être dans le même registre musical. QUEENSRŸCHE propose une musique complexe (selon les standards de l’époque) et progressive, des morceaux longs et prenant le temps d’installer une ambiance. Le niveau de technicité des musiciens est excellent, ce que Geoff Tate (chanteur du groupe) ne vient pas amoindrir ayant pour lui un organe hallucinant (il sera d’ailleurs pendant plusieurs décennies cité en référence aux côtés de Dio ou Bruce Dickinson entre autres).
Pour ce qui est des chansons, pas une n’est à jeter. Et beaucoup ont eu (et ont encore) leur place dans les listes du groupe pour leurs concerts. "N.M. 156", "Roads To Madness", "En Force", "Take Hold Of The Flame" sont régulièrement jouées et d’autres encore sous l’impulsion du nouveau chanteur Todd La Torre (non, je ne m’appesantirai pas sur cet épisode). Et impossible non plus de citer certains titres phares du fait qu’ils sont tous bons. Ce disque leur permettra de tourner avec KISS et IRON MAIDEN (Steve Harris ne tarissant pas d’éloges sur les qualités du groupe et allant même jusqu’à porter leur T-shirts sur les photos de l’époque). Les guitares de Michael Wilton et Chris DeGarmo sont flamboyantes, se marient à merveille et surtout, les deux bretteurs ont un son et un style déjà bien définis.
Pour résumer, « The Warning » installe les codes et standards sur lesquels QUEENSRŸCHE assiéra son succès (ce premier disque atteindra d’ailleurs la 61e place du Billboard 200 US) et qui ne fera que grandir jusqu’aux débuts des années 90, culminant avec un autre album décisif, « Empire ». Depuis, l’empire a vacillé, presque chuté et vivote maintenant, son leader l’ayant laissé en bien piteux état (non, je ne m’appesantirai pas sur cet épisode). La Reine est morte, vive la Reine !
"N.M. 156"