17 octobre 2016, 15:47

SUICIDAL TENDENCIES

"World Gone Mad"

Album : World Gone Mad

« Remets tes Vans, resserre ton bandana et saute sur ta Powell-Peralta, buddy ! » car "S.T." est de retour. SUICIDAL TENDENCIES est vivant et en pleine forme apparemment ! Laissée un peu à l’agonie en 2013 (il n’y a qu’à relire quelques interviews de l’époque) avec l’album « 13 » qui était pourtant de fort belle facture, la bande à Mike "Cyco" Muir débarque pour cette rentrée avec un nouvel album sous le bras intitulé « World Gone Mad ».
Alors, prise de conscience civique les gars ? Qu’importe, l’essentiel étant d’avoir de nouveau de quoi alimenter nos enceintes en crossover furieux. Toujours accompagné par son vieux compère Dean Pleasants à la guitare, Cyco Miko (le surnom de Muir) s’est entouré de deux nouveaux membres, en l’occurrence Ra "Chile" Diaz à la basse (il serait d’origine chilienne que cela ne me surprendrait pas) et de Jeff Pogan à l’autre guitare. Et à la batterie mes enfants, quelle surprise lors de l’annonce... Dave Lombardo himself ! Mazette ! Le roi de la roulette et du break-thrash-qui-tue chez les skaters de Venice ?! Le sang des fans du Cubain et des Californiens n’a fait qu’un tour (dans le bon sens) et la sphère metal s’en est de suite émue. Qu’allait bien pouvoir donner cette association, légitime au demeurant dans l’esprit mais surprenante en l’état ? Réponse ou du moins, tentative…

Ouvrir l’album avec "Clap Like Ozzy" relève de la faute sur ce nouveau disque. Car si ce morceau s’avère rigolo tout plein, on ne peut pas dire qu’il casse des  briques. OK, la filiation avec Ozzy remonte à bien longtemps déjà et le "Madman" était même apparu aux côtés de Muir et Robert Trujillo dans le cadre du projet INFECTIOUS GROOVES (pour rappel, sur le morceau "Therapy"). Mais tout de même, pour revenir aux affaires, on aurait aimé plus sérieux qu’un titre-pastiche. Passons là-dessus car les choses, plus sérieuses elles, débutent juste après avec "The New Degeneration". Morceau à rallonge de plus de 6 minutes au compteur, il débute lentement pour au fur et à mesure… dégénérer et s’emballer. En écoutant Lombardo en arrière-plan, on remarque que celui-ci déroule des plans et breaks fulgurants. Sur "Living For Life", c’est la même chose en condensé. Début lent et accélération. Dean Pleasants abuse un peu (euphémisme) de l’écho – ce sera une constante d’ailleurs – mais le rendu de ces deux titres est assez punk et rappellerait même quelque part l’époque « Join The Army ». Avec le morceau suivant, "Get Your Fight On !", c’est rebelote. Un début lent, licks de guitare, break de batterie et en avant Guingamp ! Bon OK, quand ça part, on en revient aux grandes heures de S.T.. Le titre est heavy au possible et une belle réussite malgré les griefs reprochés.

Next ? "World Gone Mad !" qui donne son nom à l’album est un des meilleurs morceaux de l’album : rampant, groovy, vicieux. Et cette roulette sur le charley mes aïeux… Mmmh, bonheur pur… La suite avec "Happy Never After" est heavy, elle aussi. Seul hic, cette trame de guitares et le son immuable de Pleasants et des plans idoine. J’ai beau adorer ce mec depuis 25 piges, ça tape un peu sur le système à la longue. Pour "One Finger Salute", on serait indulgent si l’on avait affaire à un groupe de petits jeunes mais c’était en 92 « The Art Of Rebellion » les gars, pas en 2016. Qu’importe, le morceau n’est pas mauvais et on s’amuse à mimer les paroles lors du refrain. Du coup, faites gaffe à l’audience devant laquelle vous vous trouverez sous peine de devoir rendre des comptes. Le break de basse après l’intro du morceau "Damage Control" doublé ensuite par des « Cyco ! Cyco ! » scandés nous mettent une vraie claque et ça, c’est bon !!! L’urgence est le mot-clé du titre suivant, "The Struggle Is Real", petit brûlot envoyé vite fait mais bien fait. "Still Dying To Live" avec ses près de 8 minutes, est un bon morceau mais trop long et répétitif car il copie sur les autres : début lent et puis ensuite, on part sur les chapeaux de roues. On a les trois quarts de l’album sur le même schéma et les plans, qu’ils soient de guitare, basse ou batterie et même le chant, finissent par un peu tous se ressembler, ce qui peut s’avérer paradoxal comme constat car à l’écoute en continu, on différencie bien les titres. Allez comprendre… En clôture, "This World" s’avérerait être au final le morceau le plus original car très planant, avec un rythme vaguement tribal, une ligne de basse travaillée et des plans de guitares placés avec justesse. On peut y entendre du LED ZEPPELIN, du I MOTHER EARTH entre autres. On est bien (hein, Tintin ?) et c’est une conclusion parfaite à ce disque.

Bilan des courses ? Colonne des moins : le triste constat d’une production qui n’est pas celle que l’on aimerait (devrait) entendre pour un groupe de cette trempe. Les temps sont durs, même pour les légendes. Une déception aussi sur le fait que trop de titres sont similaires dans leur construction et leur déroulement. Colonne des plus : le plaisir d’entendre Dave "God Of Thrash" Lombardo officier pour S.T. et d’écouter encore une fois la voix si caractéristique de Mike Muir.
Un pas en arrière par rapport à « 13 » (oui c’est subjectif, personnel et je vous em…brasse) mais en priorité, le plaisir d’avoir un nouvel album, ce qui n’était pas prévu il y a trois ans. Carpe diem ! 

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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