2 mai 2017, 20:00

SENSER

"Stacked Up" – 1994 (A&M / Polygram)


Joindre l’utile à l’agréable… Ecoutez l’album chroniqué en cliquant sur ce lien.

Les origines de SENSER remontent à une anecdote selon laquelle la formation a repris « She Watch Channel Zero ?! », un titre du groupe PUBLIC ENEMY et qui a vu l’un de ses fondateurs, Heitham Al-Sayed passé de la batterie au micro, tâche qu’il se partagea ensuite avec la chanteuse Kerstin Haigh. D’origine anglaise, SENSER est un groupe estampillé rap-rock soit de la bonne fusion des familles comme on en faisait encore en 1994. Assez politisé dans les paroles de ses chansons, SENSER est loin d’être un groupe inoffensif – tant sur le fond et la forme – et qui a ouvert la voie aux THE PRODIGY et autres DREADZONE. 

L’album « Stacked Up » s’ouvre sur le direct "State Of Mind" qui reflète bien "l’état d’esprit" de ce groupe qui a comme chanteurs un arabe et une femme. Cela peut sembler anodin en 2017 (quoique) mais en 1994, et si l’on ajoute à cela le mélange de styles qui définissent leur son, c’était une petite révolution. Grosse rythmique donc pour ce premier titre qui débute par une intro ambient avant de laisser parler la poudre via la distorsion des guitares. Les deux morceaux suivants, "The Key" et "Switch" sortis de façon indépendante comme singles entre 1993 et 1994 rappellent l’univers de PUBLIC ENEMY (surtout "Switch" avec ses samples, son scratch et son refrain évoquant les phrasés de Chuck D. et Flavour Flav, leaders du groupe rap). Sur "Age Of Panic", les influences électroniques du groupe sont poussées au maximum et le flow d’Al-Sayed est proche d’un raggamuffin en mode fast style. L’une des grosses briques de cet album balancée dans la vitrine de notre esprit et qui le fait voler en éclats. Si tant est qu’on l’ait un peu ouvert… Ca bourrine à nouveau sur "What’s Going On" ou sur le pachydermique "Stubborn". S’il était chanté par Marco Prince, le titre "Peanut Head" ne dépareillerait pas sur un album de FFF (qui deux ans auparavant sortait le formidable « Free For Fever »).
Entre ces morceaux, on trouve "One Touch One Bounce" et "Peace" qui sont des compositions électro-ambient pas franchement indispensables et un "Door Game" qui aurait pu cartonner au Top 50 tant il est commercial et n’a que peu à voir avec le reste de l’album. "Eject" et son début thrash-punk nous ramène au gros son que l’on aime mais en conservant les phrasés et envolées qui forment l’identité sonore de SENSER. Même constat sur le bref et mid-tempo "No Comply" doté d’une rythmique metal qui caresse la nuque. Ce « Stacked Up » se referme sur le calme et instrumental "Worth" au bout d’un peu plus d’une heure de navigation dans des eaux bigarrées.

Le bilan que l’on peut faire à la sortie de l’écoute de cet album est mitigé. D’un côté, une bonne facette versatile de par le mélange des styles et influences mais avec le mauvais sentiment que le tout n’est pas maîtrisé et que ça part un peu trop dans tous les sens. En résumé, de très bons titres et d’autres qui nuisent carrément à la cohésion de l’ensemble. Disparate et peu assidu dans ses sorties, SENSER est revenu il y a quelques années aux affaires avec « To The Capsules » qui nous ramenait dans nos souvenirs du siècle dernier dans une capsule temporelle tout en restant bien ancrés dans le nouveau millénaire.

Pour aller plus loin :

« To The Capsules » (2013)
 


Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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