
Joindre l’utile à l’agréable… Ecoutez l’album chroniqué en cliquant sur ce lien.
Nous sommes le 29 juin 1992 et SUICIDAL TENDENCIES, gang de Venice, Californie, mené de front et au front par le chanteur au bandana sur le front, Mike Muir, fait paraître son nouvel album, « The Art Of Rebellion ». Il fait mention de quatre membres uniquement, le précédent batteur, R.J. Herrera, ayant sauté du skate en marche. C’est Josh Freese, session man de talent, qui le remplace pour ce forfait bien qu’il n’ait pas été impliqué dans le processus créatif, qu’il n’apparaît pas sur la pochette comme les quatre autres et que c’est Jimmy DeGrasso que l’on peut voir dans l’un des clips tourné pour la promotion du disque, "Nobody Hears".
Atypique et unique dans la discographie de S.T., il regorge de morceaux aux ambiances plus planantes, voire progressives ont avancé certains – ce qui n’est pas faux au demeurant – presque popisants et aux accents funk prononcés, ce virage étant alors déjà bien amorcé sur le précédent, « Lights Camera Revolution » grâce à l’arrivée de Robert Trujillo à la basse. "Can’t Stop" lance la machine qui ne s’arrêtera qu’au bout des presque 60 minutes que dure l’album. Et le groupe reste, en dépit de tous ces facteurs qui pourraient être aggravants, fidèle à son esprit crossover. Si le tempo se fait ralenti par rapport à leurs habitudes, il n’en est pas moins lourd. La production de Peter Collins fait d’ailleurs prendre une autre ampleur au son du groupe, l’épaissit tout en arrondissant les contours. Plus feutré, il n’en demeure pas moins énorme et l’offensive se poursuit dans les mêmes intentions avec "Accept My Sacrifice". Plus commercial – il a d’ailleurs été choisi comme single –, le titre "Nobody Hears" expérimente au niveau structure et son des guitares. On sent un peu de retenue dans le jeu de Rocky George et Mike Clark. La grosse basse de Trujillo vient plomber dans le bon sens "Tap Into The Power" et le faussement calme "Monopoly On Sorrow" fait le job façon deuxième effet Kiss Cool (ce titre bénéficiera d’ailleurs d’une version française intitulée "Le Monopole des Sanglots").
La première vraie cavalcade « front sur le nez à la Depardieu » arrive avec "We Call This Mutha Revenge" calmée de suite par le double "I Wasn’t Meant To Feel This/Asleep At The Wheel". Chassez le naturel comme on dit… et l’imparable "Gotta Kill Captain Stupid" (ndr : mais remettez ce titre dans vos set-lists les gars !!!), démarre avec pour seul but de casser des nuques. A l’arrivée : mission accomplie. Bien que d’une qualité élevée pris dans son ensemble, l’agencement des titres est parfois surprenant et "I’ll Hate You Better" fait presque l’effet d’un cheveu sur la soupe après un crossover thrash aussi marquant. Trujillo fait une démonstration de ses talents de slappeur sur l’intro de "Which Way To Free" lorsque les guitares forment quant à elles un mur à leur démarrage. Plus convenus même s'ils sont très bons, "It’s Going Down" et "Where’s The Truth" referment ce disque unique, au potentiel groovalistical hautement élevé et qui permettra à SUICIDAL TENDENCIES de le classer à la 52e position des charts US.
Climax et chant du cygne en simultané pour S.T. qui ne commettra plus d’autres albums de cette trempe malgré la qualité avérée de certains de ses successeurs. Les années passant, tous les membres originaux à l’exception du pilier central au micro quitteront les rangs, Trujillo pour aller chez METALLICA ou Rocky George chez FISHBONE. Reste que le gang de Venice est encore à ce jour une machine de guerre efficace en live, bien plus encore depuis le recrutement au poste de batteur de Dave Lombardo et dont les deux derniers albums, « 13 » et « World Gone Mad » (le dernier vraiment ?) les ont vus revenir avec brio au devant de l’actualité.
Pour aller plus loin :
« Join The Army » (1987)
« Lights Camera Revolution » (1990)
« Suicidal For Life » (1994)
