Un peu d’histoire pour commencer et permettre aux plus jeunes de cerner la chose : fondé au milieu des années 80, LIVING COLOUR débarque sur la scène musicale armé de son premier disque, « Vivid », en 1988 et les quatre afro-américains de dynamiter alors la scène en proposant ce que l’on appelait à cette époque de la fusion, mélange hybride de diverses influences à fort potentiel de groove. Jusqu’en 1993, le groupe rencontre un grand succès, joue même avec les ROLLING STONES et sort des albums excellents. Ensuite, la qualité n’est plus franchement au rendez-vous, le public de son côté se désintéresse peu à peu de la formation et de fil en aiguille, on perd l’intérêt généré au départ. Ce n’est pas le retour effectué avec « Colleidoscope » en 2003 qui change la donne et votre serviteur zappe même totalement « The Chair In The Doorway » en 2009 en raison de la déception entendue sur l’album précédent.
Annoncé à grands renforts de tambours et trompettes, ce « Shade » vaut-il le coup qu’on lui prête une ou même les deux oreilles ? OUI, trois fois OUI ! Corey Glover au chant, Vernon Reid à la guitare, Doug Wimbish à la basse et Will Calhoun à la batterie proposent 13 titres furieux et sans déchets (vive l’écologie) pour 48 minutes de retrouvailles qui font du bien "par où qu’ça passe" !
Pour commencer, et ne pas avoir à le répéter, les mélodies et sonorités typiques du groupe et qui ont fait son succès, sont omniprésentes, Corey Glover a toujours une voix hallucinante, Vernon Reid nous régale de ses riffs et du son bien personnel qu’il a su créé, Wimbish est assez effacé et ne fait pas étalage de son monstrueux talent (c’est bien l’un des seuls bémols de ce disque d’ailleurs, on aurait bien aimé réentendre quelques slaps dont il a le secret), et Calhoun frappe comme un dément et avec un groove insolent. Bref, CA JOUE GRAVE !
''Freedom Of Expression (F.O.X.)'' entame l’album de façon rapide et débridé, à l’ancienne. Très bluesy dans son ensemble (''Preachin' Blues'', ''Invisible''), on entend même de la slide-guitar, des trompettes et de l’orgue Hammond sur ''Who’s That ? ''. LIVING COLOUR n’oublie pas de nous gratifier de titres imparables (le monstrueux ''Program'' et son break rappé irrésistible, ''Always Wrong'', ''Blak Out'' ou ''Pattern In Time''), et d’autres d’une fraîcheur bienvenue comme sur ''Inner City Blues''. L’album se termine de façon posée avec le doux ''Two Sides'' et le tout nous laisse un peu surpris d’avoir retrouvé un ami de longue date en si grande forme malgré son âge.
Le groupe a malheureusement annulé l’ensemble de sa tournée européenne au grand dam de tous ses fans, qui voyaient là l’occasion d’aller soutenir le groupe et entendre en live ces nouveaux titres tout comme les hymnes d’antan. Partie remise, on l’espère tous. En attendant, ne commettez pas l’erreur de négliger ce nouvel album de LIVING COLOUR sous peine de le regretter.
