« Aretha Frankin & Chaka Khan rencontrent LED ZEPPELIN ». Cette phrase tirée de la biographie du groupe DELTA DEEP résume très bien le propos. Groupe familial par essence car créé par Phil Collen (guitariste de DEF LEPPARD à temps perdu) et Debbi Blackwell-Cook qui n’est autre que la belle-mère de la femme de Phil (ça va, vous suivez ?). S’adjoignent à eux le bassiste Robert DeLeo (STONE TEMPLE PILOTS) et le batteur Forrest Robinson. Tout ce beau monde s’est retrouvé l’an dernier dans un club situé au beau milieu de nulle part, enfin si, dans le trou du cul de l’Etat de New York, le Daryl’s House Club, pour une soirée à l'occasion de laquelle le quartet en a profité pour enregistrer sa prestation présentée aujourd’hui sous le titre « East Coast Live ». Ici, il n’est point question de fioritures ni d’overdubs, de retouches studios ou d’effets superflus et inutiles. On y retrouve simplement la quintessence d’un esprit blues burné à mort qui vous file les poils à chaque phrase ou accord.
Derrière son micro, Debbi ne s’en laisse pas compter, elle qui a assuré les chœurs pour un certain Michael Bublé entre autres, mais aussi œuvré au cinéma et à la télévision et qui, du haut de ses 64 printemps, entame avec le groupe un furieux ''Black Dog'' de LED ZEPPELIN en guise d’apéro. Ça gratte grave (ah bon ?), ça chante pareil et sa voix soul vous transperce l’âme. Un seul album au compteur de la formation (2015) et il est ce soir-là interprété en intégralité, parfois dans des versions rallongées plus une belle présentation funky des musiciens en fin de prestation (oui oui, fans du Léopard Sourd, Phil Collen balance un solo mortel lorsqu’arrive son tour). On peut donc entendre sur ce disque le gospel ''Bang The Lid'' et un sensuel ''Treat Her Like Candy'', un rock endiablé et un blues chantés par Phil Collen, respectivement ''Shuffle Sweet'' et ''Private Number'', ce dernier étant partagé en studio avec rien moins que David Coverdale (WHITESNAKE). Debbi introduit le très doux ''Whiskey'' en demandant une salve d’applaudissements destinée à la mémoire de son garçon assassiné, moment sobre et émouvant d’une maman à la mémoire de son enfant. La version de ''Mistreated'', empruntée au répertoire de RAINBOW (et chantée en studio avec un certain Joe Elliott, chanteur de DEF LEPPARD), est impeccable et le single ''Down In The Delta'' (quel riff !) donnant son nom au premier disque annonce la fin des festivités avant un définitif ''Feel It'' en extended version pour refermer la danse.
Simple et authentique, dénué de toute velléité de succès ou d’une envie de "faire de l’argent", DELTA DEEP est tout simplement un exutoire pour Phil Collen à l’énorme machine à hits qu’est DEF LEPPARD, lui permettant de se faire plaisir et d’assouvir sa passion pour le blues. Eclaboussant avec style les chansons par ses énormes capacités guitaristiques, des soli de talent et en nous faisant le plus grand des plaisirs en nous emmenant en voyage le long du fleuve Mississippi ou vers Chicago, et vers toute autre destination à la croisée des chemins (Crossroads) chère à Robert Johnson.
Même si ce n'est qu'un "side project" de Phil Collen, ils ont quand même un peu raté leur promo!