
Nous sommes (déjà) en 2018 et cet album fête ses 30 ans ! Joindre l’utile à l’agréable… Ecoutez l’album chroniqué en cliquant sur ce lien.
Deuxième album de JANE’S ADDICTION, « Nothing’s Shocking » sort le 23 août 1988 et, bien qu’il reçoive un bon accueil de la part de la critique musicale, il n’atteint péniblement que la 103è place des classements US de l’époque. Sa pochette où l’on voit une sculpture représentant deux siamoises nues et rattachées l’une à l’autre avec les cheveux en feu est une création de son chanteur et de sa petite amie de l’époque dont le corps a servi de moulage à cette création. Cette illustration rebute les chaînes de distribution et le clip de ''Mountain Song'' contenant une scène de nudité est lui, censurée par MTV. Tout ça n’aide pas à en vendre des masses mais le groupe réussit à en écouler 200 000 exemplaires (il finira platine avec 1 millions d’unités, justice rendue). Pour contourner la censure télévisuelle, une home video intitulée « Soul Kiss » est éditée contenant en plus vingt minutes d’images live additionnelles.
La formation est composée de Perry Farrell au chant, sorte de dandy déjanté, ultra camé et alcoolique à cette époque, de Dave Navarro à la guitare (qui a joué aussi avec les RED HOT CHILI PEPPERS), Eric « A » Avery à la basse et Stephen Perkins à la batterie. D’emblée, ça part mal sur le plan humain car Farrell revendique 62 % des droits sur les crédits de l’album et la bande manque alors de se séparer avant même de commencer l’enregistrement de l’album. Leur maison de disques réussit on ne sait comment à convaincre les trois de rester avec Farrell (qui en plus, obtient ce qu’il demande !) et voit ainsi JANE’S ADDICTION débuter l’enregistrement du disque sous la houlette du producteur Dave Jerden. Ce dernier lors de l’été précédant l’entrée en studio a écouté les démos de dix-huit titres, en a choisi neuf et décidé du track-listing. C’est ainsi que se sont retrouvés gravées pour l’éternité des chansons comme ''Mountain Song'' et son intro à la basse juste légendaire, l’épique ''Ted, Just Admit It…'' et son « Sex is violent! » ou ''Idiots Rule'' prétexte à un échange de cuivres dont la section est composée du bassiste des RED HOT, Flea, à la trompette et d’Angelo Moore au saxophone, membre de FISHBONE. ''Jane Says'' et ''Pigs In Zen'', deux titres déjà présents sur le premier album éponyme, sont réenregistrées et la première se voit ajouter une partie de steel drum qui lui est devenue depuis indissociable tandis que pour ''Pigs In Zen'', c’est son interlude parlée qui est totalement revue. Au final, 45 minutes d’un rock créé à Los Angeles mais tellement éloigné des formations du coin de cette époque (POISON, MÖTLEY CRÜE) et qui se veut un véritable voyage si tant est que vous réussissiez à ouvrir tous vos sens, vos shakras et soyez zen mes cochons.
Groupe totalement atypique dans son approche musicale et que l’on peut qualifier d’underground voire pointu, JANE’S ADDICTION est un ovni dans le monde de la musique et la personnalité de son chanteur y est pour beaucoup aussi. Une voix, une attitude, un style, Perry Farrell est unique et son groupe l’est également. Les spectateurs présents lors de l’édition 2016 du Download Festival Paris ont pu profiter de la rare présence en France du groupe pour un concert excellent en tous points, si ce n’est sa trop courte durée.
Pour aller plus loin :
Le plus simple est d’écouter la discographie complète, celle-ci étant assez concise et constante en qualité. Deux excellents albums lives existent également (« Live In NYC » paru en 2013 et « Alive In Twenty-Five Ritual De Lo Habitual Live » en 2017) et sont hautement conseillés.
« Jane’s Addiction » (1987)
« Ritual De Lo Habitual » (1990)
« Strays » (2003)
« The Great Escape Artist » (2011)

