29 novembre 2018, 14:26

GUNS N' ROSES

• "G N' R Lies" - 1988 (Geffen Records)

Nous sommes (déjà) en 2018 et cet album fête ses 30 ans ! Joindre l’utile à l’agréable… Ecoutez l’album chroniqué en cliquant sur ce lien.

Alors que les californiens de GUNS N’ ROSES venaient de mettre la planète rock en « P.L.S. » (qui signifie « position latérale de sécurité » en termes de secourisme) grâce à « Appetite For Destruction », un premier album destructeur, le label Geffen battait le fer un an plus tard avec un mini-album intitulé « GN’R Lies » paru le 29 novembre 1988. Ou comment recycler du vieux en rééditant le premier EP du groupe, « Live ?!*@ Like A Suicide » qui contenait quatre titres soi-disant « lives » (car enregistrés en réalité en studio et agrémentés de bandes pour simuler la présence d’un public) tout en y ajoutant quatre nouveaux morceaux enregistrés en acoustique, dévoilant ainsi une autre facette des cinq déglingués de Los Angeles.

Passons en revue les morceaux de la face A (si l’on se réfère au support vinyl) qui démarre par ''Reckless Life'' (à écouter en fin de chronique), un morceau bougrement efficace de l’époque HOLLYWOOD ROSE (groupe pré-GUNS au sein duquel sont passés Axl, Slash, Izzy Stradlin et Steven Adler) qui amène à se demander pourquoi ils ne l’ont pas inclus sur leur premier album. C’est par ailleurs Slash que l’on entend lors de l’introduction de ce morceau (« Hey fuckers! Suck on Guns N’ fuckin’ Roses! »). Axl Rose qui n’a jamais caché son adoration pour le rock binaire de ROSE TATTOO ou celui d’AC/DC (avec qui il tournera en 2016 en remplacement d’un Brian Johnson débarqué pour surdité) entame la reprise de l’un des titres les plus connus des TATTS, ''Nice Boys'' qui sied parfaitement à la réputation du groupe, ce morceau indiquant sur son refrain que les « gentils garçons ne jouent pas de rock n’ roll ». Et à l’époque, dieu sait ô combien ils ne l’étaient pas, sages. Signée en partie par le guitariste Jeff « Izzy Stradlin » Isabelle, ''Move To The City'' voit les paroles coller avec sa situation personnelle ou celle de son complice Axl, étant tous deux originaire de l’Indiana, d’où ils prirent leurs bagages direction « paradise city » où l’herbe est verte et les filles sont jolies. Cette face s’achève avec une autre reprise, encore une fois évidente pour qui connait l’admiration du guitariste Slash pour AEROSMITH, ici ''Mama Kin'', une ode à la cocaïne que les GUNS consomment alors par cargos entiers.

La face B, « Lies », compile quatre morceaux acoustiques et c’est avec la balade ''Patience'' que l’on entame ce chemin plus doux. Hit immédiat, le morceau sera dès lors une régulière des set-lists qui, s’il n’est pas des plus recherchés au niveau des paroles, n’en reste pas moins qu’un sincère message d’amour, devenant de ce fait totalement convaincant dans sa forme. L’humour grinçant (et noir) d’Izzy Stradlin prend toute sa dimension à l’écoute de ''Used To Love Her'' où le narrateur qui a tuer sa dulcinée ironise sur le sort de la défunte : « J’ai dû la tuer / J’ai dû l’enterrer six pieds sous terre et je l’entends encore se plaindre ». Morceau présent sur l’album « Appetite For Destruction » en version électrique, ''You’re Crazy'' rend tout aussi bien voire mieux en mode « débranché » selon les appréciations personnelles bien entendu. Enfin, la controversée ''One In A Million'' referme cet EP. Axl Rose a dû, à l’époque, affronter des associations de soutien aux communautés homosexuelles et noires avec notamment Vernon Reid, guitariste afro-américain du groupe LIVING COLOUR se faisant le virulent porte-parole de sa communauté afin que soit retirée cette chanson (elle ne le sera pas mais les GUNS ne la joueront plus en concert). En effet, le chanteur utilise sur ce titre les termes niggers (nègres) et faggots (pédales) et tous se sont alors offusqués des termes employés, arguant du fait qu’Axl Rose n’était pas seulement narrateur mais était  – et c’est évident – le personnage qui s’exprime dans la chanson. Impossible pour lui de tenter de se justifier et sa réponse interviendra en musique en 1991 sur l’album « Use Your Illusion I » où le titre ''Don’t Damn Me'' est l’occasion pour lui d’expliquer que des propos peuvent être détournés et qu’il ne doit pas être blâmé de donner son point de vue et qu’il faut savoir également laisser les gens s’expliquer. A noter qu’en interne, Slash (dont la mère est noire) n’était pas lui non plus spécialement réjoui par ce titre.
 


Controverse et provocation toujours avec la pochette de ce disque qui parodie la une d’un journal à sensations fictif et qui fut remaniée pour sa sortie en CD. On y trouve toujours actuellement la photo d’un modèle de charme entièrement nue dans le livret intérieur mais deux « faux titres » ont été transformés afin de ne pas en rajouter et s’attirer les foudres des défenseurs des droits de la femme) et ce, après avoir courroucé les ligues citées plus haut. Vous pouvez d’ailleurs jouer si le cœur vous en dit au jeu des différences en comparant les deux pochettes ci-dessus. 30 ans plus tard, « GN’R Lies » est un EP qui aura marqué son époque et tient une place méritée dans la discographie peu importante (en quantité mais pas en qualité) des GUNS N’ ROSES et que tout un chacun mérite de découvrir si ce n’est pas fait ou de réhabiliter au besoin. Huit titres qui couvrent une grande palette de styles et d’influences, permettant d’amorcer un virage qui aboutira trois ans plus tard à des pavés monumentaux qui rentreront dans l’Histoire du rock, les deux volumes de « Use Your Illusion ». Mais ceci est une autre histoire… 

Pour aller plus loin :

« Appetite For Destruction » (1987)
« Use Your Illusion I & II » (1991)
« The Spaghetti Incident » (album de reprises - 1993)



Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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