Les années 90 marquent un véritable tournant dans le metal extrême. Entre l'arrivée de groupes à la réputation sulfureuse et la diversification des styles, la décennie porte en elle une petite révolution. Black, thrash, death sont dignement représentés et il devient alors possible d'assister à des concerts underground sans devoir s'entasser dans des salles miteuses, qui pourtant avaient leur charme. Cette semaine, l'équipe vous montre toute la force de la scène extrême, riche et variée.
BATHORY - Hammerheart (1990)
Tournant dans l’histoire du metal. Si tu veux pas mettre des chaussettes cache-kiki et écouter de la basse funky, tu enfiles un slip en peau de lapin et tu t'enduis de riffs graisseux en écoutant du viking-metal. Album fondateur d’un courant, BATHORY délaisse le black pour nous narrer les mythes nordiques, chants épiques et chœurs valkyriens.
Nous sommes littéralement transportés dans une époque primale, les Ases eux-mêmes frappant les tambours du destin. Souvent imité, rarement égalé, une épopée de metal et de feu, un des meilleurs albums de tous les temps, ni plus ni moins. Bienvenue au Metalhala !
(Christophe Scottez)
SEPULTURA - Arise (1991)
A cette époque, cela fait un an que j’ai mis un pied dans le thrash grâce à l’impeccable « Seasons In The Abyss » de SLAYER et l’album de SEPULTURA me fait mettre l’autre. Situé à la frontière du thrash et du death, les compos sont juste infernales ("Dead Embryonic Cells", "Arise" notamment) et le guitariste Andreas Kisser passe à la vitesse supérieure en termes de riffs et soli lorsqu’Igor Cavalera (batterie) sidère la planète et mes oreilles. Le groupe ne sera plus jamais aussi bestial (devastation !) par la suite. En bien ou en mal, à vous d’en juger.
(Jérôme Sérignac)
SLAYER - Decade Of Agression (1991)
La quintessence de la discographie de SLAYER réunie ici sur deux disques légendaires. Que dire de plus sur ce qui constitue, plus de vingt-huit ans après sa sortie, l'un des plus grands albums de metal live ? S’il ne doit en rester qu’un dans toute collection de disques digne de ce nom, c’est bien celui-là : de l’exécution millimétrée à la restitution sonore impeccable, en passant par la set-list légendaire, tout y est. 21 titres sulfureux pour 1h30 de pure folie : intouchable !
(Clément)
NAPALM DEATH - Utopia Banished (1992)
« Utopia Banished » est loin de faire l’unanimité lors de sa sortie : pas assez death pour ceux et celles qui ont découvert le groupe avec « Harmony Corruption », pas assez grind pour les diehard de la première heure... Qu'importe, Shane et sa troupe n’en ont cure et renvoient sans forme de ménagement les deux dos à dos pour tracer une nouvelle ligne directrice, féroce et destructrice. Puissant et abrasif à souhait, d'une intensité incroyable, bardé d'incessants changements de rythmes, « Utopia Banished » envoie 13 expéditions audio-punitives à destination des plus intrépides. Monumental !
(Clément)
CANNIBAL CORPSE - Tomb Of The Mutilated (1992)
Troisième album des Américains qui se font remarquer à nouveau par leur bon goût en terme de pochettes, censurée dans de nombreux pays, il est le support d'un hymne du groupe lui aussi banni de nombreuses salles de concerts : "Hammer Smashed Face" le bien nommé. CANNIBAL CORPSE a l'art et la manière de distiller un death metal à la fois technique et agressif, finement imagé qui vous arrive en pleine face version martelée. N'y voyez là aucune insolence de leur part, juste une envie féroce de vous faire partager leur poésie.
(Aude Paquot)
SUPURATION - The Cube (1993)
Ce premier album est en totale rupture avec le death proposé dans les démos qui précède l'album. Ce qui n'est pas un mal car avec « The Cube », SUPURATION propose une approche inédite qui sera sa marque de fabrique. A la première écoute, l'auditeur le plus sceptique est sous le charme. Si musicalement le registre est sombre, les guitares se font entraînantes et l'alternance du chant death et du chant clair apporte une grande richesse à l'ensemble. En attestent les classiques "308 JP 08", "The Cube", "The Accomplishment" et "The Dim Light" qui clôture ce must.
(Bruno Cuvelier)
DARK TRANQUILLITY - The Gallery (1995)
Un peu de finesse dans ce monde de brutes. Alors que la scène death féroce tend à se multiplier, les Suédois DARK TRANQUILLITY tentent un coup de poker en proposant de la mélodie et de la mélancolie sur fond de riffs tranchants. Et ça marche divinement bien ! L'ajout de claviers et de voix féminines termineront de convaincre les âmes les plus réticentes à un death metal en pleine évolution. « The Gallery » ouvre les horizons et marque le début d'une nouvelle ère pour la scène qui se diversifie. Et c'est tant mieux.
(Aude Paquot)
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