1 décembre 2020, 19:20

AVATARIUM

• "An Evening With Avatarium"

Album : An Evening With Avatarium

Groupe suédois ayant moins de dix ans de carrière derrière lui et, déjà, un EP et quatre albums dans sa besace, on peut dire qu’AVATARIUM n’a pas traîné en chemin pour s’imposer comme l’une des formations doom metal les plus prometteuses de notre époque. Un doom ténébreux certes comme l’exige le genre mais non dénué pout autant d’une certaine fougue, de subtilité et d’élégance. De grâce également, aidés qu’ils sont en cela par l’immense talent et la très belle voix tantôt rauque, suave voire caressante de la sublime chanteuse-guitariste Jennie-Ann Smith – oui, j’avoue je crush un peu – et de son guitariste de mari Marcus Jidell. Avec « An Evening With Avatarium », le groupe se fend de son premier live à domicile, enregistré à Stockholm en janvier 2020, ce qui nous permet donc en musique et en images (une version vidéo est également disponible) de retrouver un peu l’atmosphère live qui nous manque tant depuis des mois, une période qui semble s’éterniser.

S’affranchissant de la patente de Leif Eidling (CANDLEMASS), cofondateur, compositeur et musicien du groupe présent sur les albums précédents, AVATARIUM a sorti l’an dernier « The Fire I Long For », album ô combien réussi qu’on retrouve en bonne place dans la liste des chansons de ce live, six extraits sur neuf en étant proposés, dont le superbe titre éponyme. Le doublé qui ouvre le concert composé de "Voices" et "Rubicon" suivi par la sublime "Lay Me Down", perle de sensualité faite, se veut une entrée en matière que nous n’aurions su mieux désirer. Le son est excellent afin de servir l’ensemble et les incroyables interventions guitaristiques – le clavier de Rickard Nilsson n’est pas en reste – sont ainsi bien mises en valeur dans le mixage. En perpétuel équilibre entre chant aérien et lourdeur musicale, "Avatarium" est un modèle du genre quand "Pearls And Coffins" s’étire sur près de 10mn. On ne s’en plaindra pas, ce morceau étant l’un des meilleurs de la formation suédoise et Marcus Jidell délivre sur celui-ci un solo final ébouriffant, faisant de lui – dire le contraire ne serait que pur mensonge – l’un des meilleurs guitaristes actuels tous genres confondus. Ne pas saluer l’excellente performance de la paire rythmique Mats Rydström (basse) et Andreas "Habo" Johansson (batterie) serait un crime de lèse-majesté, le duo soutenant les autres membres avec puissance et autorité.

Bien que doom dans son ensemble, le rock plus direct d’AVATARIUM n’est pourtant pas absent des réjouissances, prenant ici la forme de "Shake That Demon », "Sky At The Bottom Of The Sea" et "Girl With The Raven Mask". Emouvante à en pleurer où cohabitent seulement un piano et la voix de Jennie-Ann pour une mise à nue artistique bouleversante, la ballade "Stars They Move" permet d’introduire la finale "Moonhorse" souffrant le chaud et le froid du long de sa dizaine de minutes, une longue composition donc qui se veut un classique du groupe, confirmé par le fait que ce morceau tiré du premier album ait servi de single pour annoncer ce live. Tout au long de l’écoute de « An Evening With Avatarium », les multiples ambiances et atmosphères nous font naviguer entre sentiment de plénitude, de mélancolie, mêlant étroitement tension, passion et exaltation. Un groupe que l’on peut qualifier d’unique en son genre, créant son propre style en s’affranchissant d’étiquettes trop souvent réductrices, et qui ne peut laisser de marbre, pour peu qu’on adhère à la sensibilité et à l’empreinte qu’AVATARIUM veut nous laisser, de par ses témoignages discographiques et scéniques.

Pays d’origine oblige, les interventions de l’ange blond Jennie-Ann Smith sont en suédois, limitant la compréhension aux seuls bilingues en la matière et ce n’est pas en déchiffrant les notices d’Ikea que vous pourrez prétendre l’être. Cependant, il nous reste 15 titres à disposition (dont une reprise acoustique du "In My Time Of Dying" de LED ZEPPELIN) et 1h25 de musique, ce qui contrebalance largement, surtout lorsque les chansons proposées sont, live oblige, les meilleures que la formation a à son actif. Jusque-là, AVATARIUM ne s’est produit qu’une fois en nos contrées, au Glazart de Paris en 2017, et vous seriez donc bien avisé de le découvrir à travers cet excellent album "en direct", puis d’aller rattraper le temps perdu avec sa discographie studio et, bien entendu, de ne pas manquer d’aller l'applaudir dès que ce sera à nouveau possible.

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
Ses autres publications
Cookies et autres traceurs

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de Cookies ou autres traceurs pour mémoriser vos recherches ou pour réaliser des statistiques de visites.
En savoir plus sur les cookies : mentions légales

OK