21 janvier 2021, 16:25

NERVOSA

• "Perpetual Chaos"

Album : Perpetual Chaos

Je me souviens d’un concert en 2016 à La Maroquinerie, à Paris, où se produisait NERVOSA. A cette époque, la formation brésilienne, 100% féminine, avait à son actif un EP et venait de sortir son deuxième album, « Agony ». Leur prestation en même temps que leur découverte m’avait alors fait – très – forte impression. Des gamines la vingtaine tout juste passée délivraient déjà avec une énergie incroyable un thrash incroyablement hargneux. Au fil des ans et autour de la guitariste Prika Amaral se sont succédées de nombreuses musiciennes, NERVOSA ayant notamment usé les nerfs de plusieurs batteuses, faisant presque passer SPINAL TAP pour des amateurs. Pour autant, cela n’a pas altéré outre mesure la qualité de leurs réalisations et tant mieux d’ailleurs. Cependant, pour ce disque, le line-up fait entièrement peau neuve (et pas seulement celles de batterie) et se voit maintenant européen aux trois quarts. La bassiste Mia Wallace (ex-TRIUMPH OF DEATH, ex-ABBATH) est originaire d’Italie, la batteuse Eleni Nota est grecque et la chanteuse Diva Satanica (qui a participé à la version ibère de l’émission TV The Voice) est espagnole et a, entre autres, enregistré avec MÄGO DE OZ. 

Mis en boîte à Malaga par Martin Furia et Prika Amaral, le quatuor, qui se connaissait à peine au moment de l'enregistrement (Diva a même rencontré les autres membres uniquement lorsqu’elle est arrivée en studio pour enregistrer ses parties vocales), accouche avec « Perpetual Chaos » d’un disque pour le moins impressionnant et se veut le plus abouti de sa carrière. Son thrash furieux mêlé de death (merci aux growls de Miss Satanica qui éclabousse le spectre vocal de sa hargne) s’étale sur 13 titres sans compromis, abordant des thèmes dits sérieux : la politique, le capitalisme, les cultures industrielles. Vous allez sans doute me dire qu’allier le mot bestialité aux jolis minois des musiciennes peut sembler antinomique et pourtant. Avec elles, ce n’est pas girl power mais girl fighter. Et ce ne sont pas les écoutes de ''Venomous'', qui met d’emblée l’ouïe de l’auditeur sens dessus dessous, la chanson-titre ''Perpetual Chaos'' ou ''Until The Very End'' qui vont me contredire. Comme avec d’autres genres, difficile bien souvent de réinventer la poudre et l’on doit se résoudre à la faire parler a minima, contrat rempli ici à 666%. Elément souvent inéluctable pour une formation digérant encore ses influences de ne pas laisser entendre de-ci de-là quelques réminiscences de formations cultes et cet album en compte certaines – rassurez-vous pas les plus mauvaises. 

L’ombre du über SLAYER plane donc parfois (l’intro de ''Until The Very End'' se pose là), tout comme celle d’un autre groupe cher au cœur de Prika Amaral : DESTRUCTION. Et à ce titre, ''Genocidal Command'' en est un parfait exemple. En leur compagnie, NERVOSA a donné de nombreux concerts au gré de plusieurs tournées (déjà en 2016 lorsque je les avais vues) et le chanteur-bassiste Schmier est devenu un ami au fil du temps, presque le Charlie de ces drôles de dames. Quoi de plus normal donc de le retrouver en invité sur ce morceau ? On accroche à l’ultra-rapide ''Time To Fight'' (je vous l’ai dit, c’est girl fighter) à l’énergie punk prégnante et au riff affûté, se voulant l’une des chansons les plus abrasives de cette cuvée 2021. Comme si cela ne suffisait pas, un autre invité de marque prête sa voix, en l’occurrence sur ''Rebel Soul'', et c’est ici le chanteur de FLOTSAM & JETSAM, Eric "A.K" Knutson, qui s’y colle. Et là, on se dit : « Tiens, mais eux aussi ont tourné avec NERVOSA ? ». Eh oui, lorsque les affinités sont là, on aurait tort de ne pas faire marcher son carnet d’adresses pour faire plaisir à l’auditeur et, surtout, se faire plaisir en premier lieu. 

A l’issue de l’écoute, force est de constater que NERVOSA a frappé fort, a encore durci le ton et se veut très largement l’égal de certains de leurs collègues, qui plus aguerris, qui plus poilus. En cause (grâce à, plutôt) un line-up solide, maîtrisant son propos et ses instruments (ce p’tit brin de Nota tabasse littéralement ses fûts quand le duo de guitaristes met ses poignets droits à rude épreuve tout au long des 45mn du disque). Beaucoup se lamentent en se demandant qui remplacera la vieille garde quand celle-ci aura baissé la sienne et raccrocher les gants, étant dépités qu’aucun ne sera capable dans le futur de prendre la relève. Eh bien moi, lorsque j’entends un groupe comme celui-ci émerger, déployer un talent indéniable et qui en veut à ce point, je me dis qu’elle est déjà là, la relève, et bien là. La connexion des quatre s’est faite, le courant passe nickel, c’est bon Prika, touche plus à l’antenne maintenant, c’est parfait !

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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