18 avril 2022, 17:50

LABELS & LES BÊTES

"Le coté obscur de la force métallique" - épisode 57


Entre les poissons et les lièvres, les bêtes sont de sortie au mois d'avril. Cela tombe bien car ces bestiaux font partie intégrante de la rubrique de l'extrême, avec des monstres de la musique underground, venus de recoins obscures. Ils viennent vous livrer, non pas des chocolats, mais du son bien gras aussi. Clément, Crapulax et Aude sont partis à la chasse aux œufs d'or et en sont revenus les bras plein. Dans leur grande générosité, ils partagent donc avec vous leurs dernières trouvailles. Tendez vos paniers, il y en aura pour tout le monde !
 

VALTYR : « Veriset Saagat » (Northern Silence Productions)

Alors on ne peut pas dire que « Veriset Saagat » soit un nouvel album puisqu'il est sorti en 2011, mais c'est une version remasterisée qui nous est proposée cette fois.
Derrière les huit titres de folk-black metal épique, se cache le projet parallèle de l'italien "Nartum" (EMYN MUYL , YMIR). VALTYR est en effet un one-man band à la carrière plus qu'éphémère puisqu'il n'a produit qu'un seul album en son nom, et c'est celui-ci. Il n'empêche qu'il mérite une écoute attentive car le black metal inspiré de FALKENBACH ou encore KAMPFAR qui y est joué est de belle facture.
Les titres sont à la fois rythmés et mélodiques, avec des voix hurlées éraillées, des chœurs clairs guerriers et des riffs qui claquent. Les sons de synthés apportent un côté atmosphérique très fin et les instruments acoustiques, du folk entraînant. L'ensemble fait voyager l'auditeur au cœur des sagas scandinaves, dans les paysages froids et hostiles du nord où le souffle des Dieux balaie les forêts sombres.
A noter la reprise de "Troll" de KAMPFAR, pour clôturer de façon légendaire un « Veriset Saagat » qui a été remanié avec dextérité.
(Aude Paquot)


OCEANSNOW : « Vivienne » (Avantgarde Music)

Deux membres de SPECTRAL VOICE et WHITE NIGHTS ont décidé de former un nouveau groupe de black metal atmosphérique répondant au doux mais mystérieux nom de OCEANSNOW.
Après une démo en 2021, « Celestial Towers Of Silver Ash », c'est tout naturellement que le duo américain propose aujourd'hui un disque aux sept titres tirés du plus profond de leurs âmes en peine. Avec un black metal diaboliquement sombre, des vocaux d'outre-tombe et une atmosphère funeste, « Vivienne » a tous les éléments pour emmener ses auditeurs dans des abîmes insondables.
Un titre comme "Epilog Felsenmeer" est d'une beauté sombre sublime, avec des passages blastés et d'autres beaucoup plus atmosphériques, avec même une guitare acoustique qui clôture le morceau en toute sérénité relative. "Mandragora" est plus ambient voire folk alors que "Vivienne" fait place à des guitares dissonantes et saturées pour accentuer encore un plus un sentiment de mal-être vicieux pourtant obnubilant.
Le dernier titre de presque 14 minutes "Astrosporina", uniquement basé sur des sons d'orage et de claviers minimalistes inquiétants, achève son lugubre dessein de nous enfermer dans un cocon aussi inconfortable que fascinant. Une dualité dont on s'imprègne avec délectation.
(Aude Paquot)


SCORN : « Winds Of Torment » (Great Dane Records)

Fraichement formé l’année dernière autour d’ex-membres de RED DEAD, PSYCHOBOLIA et d’un actuel CAN OF WORMS, SCORN (qui ne cultive aucune ressemblance de près ou loin avec son fameux homonyme anglais) œuvre dans un thrash lesté de death qui ne fait pas dans la dentelle. Il faut dire qu’avec le background de ses quatre musiciens, experts en matière de dépeçage auditif, le doute n’était pas vraiment permis.
Doté d’une production tranchante à souhait et d’un superbe artwork, « Winds Of Torment » ne prend pas de gants... et c’est tant mieux. Son metal burné fait la part belle à un cocktail irrésistible de fougue, de hargne enfilant comme des perles descentes de toms sauvages et mélodies vengeresses qui feront du pied aux fans de REVOCATION, SKELETONWITCH ou HAVOK.
Ces mêmes formations qui persistent à remettre au goût du jour un style d’une autre époque revigoré ici par des apports plus modernes qui lui redonnent une fougue de jeune premier. Thrash jusqu’au bout des ongles mais pas que, ce premier assaut de SCORN va faire bouger un paquet de popotins dans tout l’hexagone, c’est moi qui vous le dis !
(Clément Sch)


WRATH OF THE NEBULA : « The Ruthless Leviathan » (M&O Music)

C’est sous le soleil de Cannes que WRATH OF THE NEBULA nous emmène avec son premier album haut en couleurs. Avec un seul EP dans sa besace, « Mother Ereshkigal », paru l’année dernière, le quatuor remet au goût ce bon vieil adage qui indique que la valeur n’attend pas le nombre des années.
Il faut dire que les musiciens ont quelques atouts à faire valoir comme un passage par des formations comme NO RETURN ou BENIGHTED pour deux d’entre eux et cela se ressent dans le sens affûté de la composition et de la maîtrise technique, indéniable.
Très "riche" dans son approche, le death metal du groupe, épique et technique, invite à la noce des claviers généreux, des envolées de manches tonitruantes et un matraquage de peaux dont l’expertise est ici indiscutable. En se concentrant sur ces douze morceaux sur l'essentiel, il évite aussi les écueils des structures à tiroir qui virent au boxon. Et signe ici un album solide ne se limitant pas à une compilation de riffs mais bel et bien à une œuvre homogène où chaque note mérite bel et bien sa place. Bien joué !
(Clément Sch)


SLUDGE TERROR : « Forged In Hell EP » (Indépendant)

Lourde et poisseuse. Telle est la texture originelle du sludge. Humide comme un marécage de Louisiane prisonnier d'une épaisse brume matinale, étouffante comme une jungle sud-américaine au beau milieu d'un été caniculaire !
Projet solo du multi-instrumentiste brésilien fan de SUNN O))), CROWBAR ou CELTIC FROST, SLUDGE TERROR privilégie le côté hypnotique des rythmiques à la manière d'un GODFLESH dans l'indus dont il clame également la filiation. Les deux premiers titres, "Black Breath" et "From the Caves" sont d'ailleurs totalement vidés de la moindre goutte de chant pour mieux lui ressembler. Seule la version longue du premier titre en possède, perceptible comme un murmure lointain, comme si le sludge même cherchait à l'engloutir dans son miasme de décibels.
Ce troisième et nouvel EP tranche réellement avec « Tenebris », le précédent paru en 2018, avec l'abandon total des fréquences autres que les graves, un abandon de la moindre trace mélodique, la réduction du nombre de riffs doublé d'un fort ralentissement de la cadence telle qu'on pouvait en entendre sur l'intro de "Dom" par exemple.
Quand c'est gros, quand c'est gras : c'est SLUDGE TERROR !
(Crapulax)


DISFUNERAL : « Blood Red Tentacle » (Redefining Darkness Records)

Sorti voilà quelques semaines déjà, l'excellent single "Maim, Kill, Burn" nous avait à tous mis l'eau à la bouche. De quoi, de quoi ? Une formation française suivant les sanguinolents sillons (plutôt des tranchées d'ailleurs !) tracés quelques décennies auparavant par le mythique groupe ENTOMBED ? Un trip de ouf ! Trop la fête !
Il fallait pourtant raison garder et calme conserver pour éviter toute amère et cruelle déception le moment venu. Mais le moins que l'on puisse dire, c'est que ce savoureux petit en-cas servi juste avant était bel et bien un échantillon représentatif de ce que « Blood Red Tentacle » allait vraiment proposer au final : du bon gros death metal puissant et rapide qui tabasse ("Dissolved").
Il y a de quoi rendre fou de joie n'importe quel amateur de ce son suédois si délicieusement graveleux ! De quoi donner envie de se faire tatouer ENTOMBED sur la fesse droite et DISFUNERAL sur la fesse gauche (et Jul au milieu, quoique ce dernier reste optionnel).
On ne va pas y aller par 4 chemins : l'énorme « Blood Red Tentacle » des nancéens est le must-have 2022 à posséder de toute urgence.
(Crapulax)

Blogger : Aude Paquot
Au sujet de l'auteur
Aude Paquot
Aude Paquot est une fervente adepte du metal depuis le début des années 90, lorsqu'elle était encore... très jeune. Tout a commencé avec BON JOVI, SKID ROW, PEARL JAM ou encore DEF LEPPARD, groupes largement plébiscités par ses amis de l'époque. La découverte s'est rapidement faite passion et ses goûts se sont diversifiés grâce à la presse écrite et déjà HARD FORCE, magazine auquel elle s'abonne afin de ne manquer aucune nouvelle fraîche. SLAYER, METALLICA, GUNS 'N' ROSES, SEPULTURA deviendront alors sa bande son quotidienne, à demeure dans le walkman et imprimés sur le sac d'école. Les concerts s'enchaînent puis les festivals, ses goûts évoluent et c'est sur le metal plus extrême, que se porte son dévolu vers les années 2000 pendant lesquelles elle décide de publier son propre fanzine devenu ensuite The Summoning Webzine. Intégrée à l'équipe d'HARD FORCE en 2017, elle continue donc de soutenir avec plaisir, force et fierté la scène metal en tout genre.
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