7 janvier 2023, 10:57

LES GRANDES GUEULES

Kerry King ne s'est toujours pas remis de la fin de SLAYER


Le 30 novembre 2019, SLAYER donnait l'ultime concert de son "Final World Tour" à Los Angeles, Tom Araya ayant décidé de jeter l'éponge. Trois ans plus tard, Kerry King ne s'en est toujours pas remis...
 

Même s'il ne faut jamais dire jamais, il semble peu probable que SLAYER se reforme un jour. La faute en incombe principalement à Tom Araya, le chanteur/bassiste, qui s'était depuis longtemps lassé des tournées et évoquait sa probable retraite dès 2016. « Trente-cinq ans de carrière, c'est long... » déclarait-il à l'époque à Loudwire. Très attaché à sa famille, il n'aspirait plus qu'à une vie différente et apaisée auprès de son épouse, diminué qu'il était par la fusion des vertèbres cervicales antérieures et la pose d'une plaque en titane qu'il avait dû subir en 2010 en raison de trois décennies d'un headbanging particulièrement généreux qui était sa signature sur scène. 

Une décision qui n'a pas fait plaisir à tout le monde, chez les musiciens ef les fans, ainsi que nous le confiaient une poignée d'entre eux ou encore une partie de l'équipe de HARD FORCE, mais surtout au sein du groupe. Car même si certains pensaient, à plus ou moins juste titre, que les Californiens avaient perdu de leur superbe depuis la disparition de Jeff Hannemann en mai 2013, en live, les Titans du thrash faisaient encore très bien le job et Kerry King, seul membre originel de SLAYER avec le frontman "démissionnaire", se serait bien vu continuer encore un certain nombre d'années – voire un nombre d'années certain – ainsi qu'il l'a confirmé à Metal Hammer

« Quand j'ai appris que le groupe allait s'arrêter, j'ai ressenti de la colère. Quoi d'autre ? C'était prématuré. Si j'emploie ce terme, c'est parce que mes héros d'enfance continuent à jouer ! Je sais toujours jouer, j'ai toujours envie de jouer, mais j'ai été privé de mon gagne-pain. Mais je suppose qu'il faut passer au chapitre suivant. Nous étions au sommet du monde et partir quand on est à son apogée est une bonne chose. Ça, c'est le point positif. Mais est-ce que ça me manque de jouer ? Affirmatif. »
 

« Quand j'ai appris que le groupe allait s'arrêter, j'ai ressenti de la colère. Quoi d'autre ? C'était prématuré. Si j'emploie ce terme, c'est parce que mes héros d'enfance continuent à jouer ! Je sais toujours jouer, j'ai toujours envie de jouer, mais j'ai été privé de mon gagne-pain. » – Kerry King (Metal Hammer)


Le chapitre suivant, c'est le groupe post-SLAYER dont il parlait déjà en juillet 2019, soit quatre mois avant leur baroud d'honneur. On apprenait à l'époque qu'il continuerait avec Paul Bostaph, le batteur (« parce que nous sommes mariés » plaisantait-il), mais pas avec Gary Holt, successeur d'Hannemann, histoire que la nouvelle formation « ne passe pas pour un bébé SLAYER » selon ses propres termes. Cela dit, on n'est pas certains que le spectre musical de l'orgueilleux Kerry, désormais installé à New York, se démarque véritablement du groupe qui a fait sa gloire et c'est vraisemblablement davantage au niveau du chant que se fera la différence.

Ne disait-il pas en juillet dernier : « Nous n'avons commencé les répétitions que fin mars et c'était la première fois depuis l'ultime concert de SLAYER fin 2019 que nous nous sommes retrouvés dans la même pièce. Vous me connaissez et vous savez donc quel genre de musique attendre de moi. J'ai fait écouter un nouveau morceau à un pote et je lui ai dit : "S'il y a bien quelque chose que j'ai composé au cours de ces dernières années qui ressemble à SLAYER, c'est ça". Et il m'a répondu : "Il aurait pu se trouver sur n'importe quel album du groupe". D'ailleurs, j'ai écrit ce riff à un concert de SLAYER. On allait monter sur scène, j'ai sorti mon smartphone et je l'ai enregistré pour ne pas l'oublier. Si ça n'avait tenu qu'à moi, ce serait sorti en 2020. Mais cette putain de pandémie a ruiné les projets de tout le monde. Alors j'ai attendu. Je ne voulais pas servir de cobaye, je ne voulais pas réapprendre à partir en tournée. J'ai déjà payé mes dettes, je ne veux pas avoir à prouver à nouveau ce dont je suis capable. »
 

« Cette putain de pandémie a ruiné les projets de tout le monde. Alors j'ai attendu. Je ne voulais pas servir de cobaye, je ne voulais pas réapprendre à partir en tournée. J'ai déjà payé mes dettes, je ne veux pas avoir à prouver à nouveau ce dont je suis capable. » – Kerry King


A l'époque, une source proche des quatre hommes nous avait d'ailleurs laissé entendre que c'est Phil Anselmo, ex-chanteur de PANTERA et d'innombrables projets, dont DOWN, qui s'était vu proposer le poste de frontman. Et que c'est d'ailleurs la raison pour laquelle PHILIP H. ANSELMO & THE ILLEGALS s'était retrouvé parmi les premières parties à l'affiche de l'ultime tournée US des Tueurs californiens. Histoire de le voir à l'œuvre tous les soirs et de jauger leur degré de compatibilité, les deux hommes ayant "leur caractère". Sauf qu'un virus destructeur est passé par là et a plongé le monde entier et l'industrie musicale en plein marasme pendant deux ans. Et que depuis un relatif retour à la normalité, PANTERA dans sa version hommage – avec Zakk Wylde et Charlie Benante à la place des frères Abbott – s'est lancé dans une tournée mondiale... Du coup, le chanteur est-il (et a-t-il d'ailleurs jamais été officiellement) toujours dans la boucle ?

En octobre 2021, Gary Holt, qui s'en est retourné à EXODUS après presque 9 ans passés en tant que guitariste de SLAYER, avouait qu'il jugeait lui aussi cette retraite prématurée, compte tenu de la santé musicale du quartet et de l'intensité jamais démentie de ses concerts. « Le groupe avait encore de belles années devant lui, mais le moment était venu, je suppose, confiait-il à Metal Hammer. Je ne peux dire à personne que c'était une mauvaise décision. Mieux vaut partir au sommet qu'un jour, ne plus être capable de jouer ses propres chansons, et SLAYER, ça n'est pas facile. Ça serait vraiment dur de jouer "Angel Of Death" à 70 ans. »

Un pis-aller toutefois qu'EXODUS car sans rien enlever à cet autre groupe de la Bay Area, il n'a clairement jamais évolué dans la même division que SLAYER. Ce qui signifie que les conditions de tournée ne sont pas les mêmes non plus. Un désagrément que va d'ailleurs rencontrer le nouveau groupe du King qui va devoir repartir, si ce n'est de tout en bas de l'échelle, du moins de pas bien haut. Comme le rappelle le Metal God dans Biblical, Rob Halford's Heavy Metal Scriptures, son second livre sorti en novembre dernier chez Headline Publishing Group : « Quand j'avais la quarantaine, j'ai quitté JUDAS PRIEST par accident et j'ai dû recommencer de zéro, jouer dans des clubs minuscules avec FIGHT, mon nouveau groupe. Et c'était un véritable cauchemar ! (...) Payer ses dettes [comprendre tout le processus de mise en branle d'un groupe qui part à la recherche d'un contrat, convainc les fans un par un, etc.] peut être quelque chose de fantastique – mais faites-le à vos débuts, quand vous êtes jeune et que vous avez des rêves plein la tête. Parce que c'est pour les jeunes. »

Ceci mis à part, on attend impatiemment de découvrir enfin ce "baby SLAYER" qui n'en est pas vraiment un...

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Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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