10 juin 2023, 23:59

JINJER + HYPNO5E

@ Lille (Aéronef)


Après EVANESCENCE au Zénith et avant ARCH ENEMY au Splendid, JINJER se produisait à L’Aéronef le 10 juin dans une séquence qui met les femmes à l’honneur.
Avant que les Ukraininens n’entrent en scène, HYPNO5E assure une première partie ambiguë. Les Montpelliérains, dans une quasi obscurité rompue par les flashs de douze néons verticaux placés derrière eux, livrent un set d’abord captivant puis répétitif, enfin lassant.

Les cinq longs morceaux, pour une durée de 50 minutes, s’écoulent en douces rivières progressives planantes et plaintives, mélancoliques et douces, avant d’exploser en un torrent de fureur. Tel est par exemple "On The Dry Lake", illustration parfaite de la schizophrénie qui transpire de la musique du quatuor qui frôle parfois le black ("Tauca Pt. 2"). Chaque chanson – même si le mot n’est guère approprié pour des compostions liquides sans couplet ni refrain – contient systématiquement un sample de textes poétiques, signés Desnos ou Cocteau, entre autres. Se crée ainsi une ambiance étrange, prenante, entre instants paisibles et éclairs de colère. Comme le chanteur – remarquable dans le cri comme dans le chant clair – Emmanuel Jessua ne communique pas du tout, un merci excepté, la salle peut plonger dans cet univers déroutant... mais finit par trouver l’immersion un peu longuette.


Backdrop avec le symbole de la paix aux contours aiguisés, en jaune et bleu, sous le nom de JINJER dans les mêmes couleurs. Les musiciens arrivent dans un brouhaha enthousiaste qui se transforme en une extase sidérante quand Tatiana apparaît. La jeune femme brille d’un charisme stupéfiant, né de la fusion de sa grâce agressive et de sa rage angélique, à l’image de sa voix qui glisse de la clarté fragile à un chant grave et saturé. Tatouages apparents, maquillage orange fluorescent qui rendent ses yeux incandescents, elle attire tous les regards, captive par sa chorégraphie guerrière ou ses remerciements sincères ; elle reçoit tout sourire les présents des premiers rangs.

Si l’Ukrainienne, qui n’insiste pas sur la situation tragique de son pays, est le cœur et l’âme de JINJER, elle resplendit grâce à la qualité technique de ses compagnons discrets mais redoutables, capables d’assurer des rythmiques complexes, et à des compositions groovy djent/metalcore qui électrisent la fosse, vite transformée en une arène impitoyable.
Le groupe, durant la – trop ! – courte heure et quart de concert, privilégie son dernier album, l’excellent et sombre « Wallflowers » (2021), quitte à zapper certains titres emblématiques de la formation comme "Pisces" ou "Noah". Le concert débute toutefois par un "Perennial" aux relents hardcore et "Ape", extraits de l’EP « Micro » (2019), parfaits exemples des compositions en montagnes russes du groupe. Les bombes telles que le growlé "Colossus" ou "Copycat" sont de sortie, avant qu’un un missile comme "Call Me a Symbol", où blast-beat, lourdeur et dissonances côtoient calme et mélodie, ne fasse régner une étrange sensation d’oppression.


La musique de JINJER, si violente et déstructurée d’apparence, entrouvre toutefois des portes vers une brève et troublante sérénité, comme sur "Wallflower", au chant délicat, "I Speak Astronomy", plutôt mélodique, ou sur le plus rock "Disclosure", dernier titre joué avant "As I Boil Ice" en unique rappel d’une prestation puissante, complexe et envoûtante : c’était wonderwallflowers !
 

Blogger : Christophe Grès
Au sujet de l'auteur
Christophe Grès
Christophe a plongé dans l’univers du hard rock et du metal à la fin de l’adolescence, au tout début des années 90, avec Guns N’ Roses, Iron Maiden – des heures passées à écouter "Live after Death", les yeux plongés dans la mythique illustration du disque ! – et Motörhead. Très vite, cette musique devient une passion de plus en plus envahissante… Une multitude de nouveaux groupes a envahi sa vie, d’Obituary à Dark Throne en passant par Loudblast, Immortal, Paradise Lost... Les Grands Anciens – Black Sabbath, Led Zep, Deep Purple… – sont devenus ses références, comme de sages grands-pères, quand de jeunes furieux sont devenus les rejetons turbulents de la famille. Adorant écrire, il a créé et mené le fanzine A Rebours durant quelques années. Collectionneur dans l’âme, il accumule les set-lists, les vinyles, les CDs, les flyers… au grand désarroi de sa compagne, rétive à l’art métallique.
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