«Ca ressemble à de l'alcool, mais ce n'est pas de l'alcool». Vous vous rappelez certainement de cette publicité, n'est-ce pas ? Je suis ici, dans ce même état d'esprit. A l'écoute de la chanson «Nightmare», qui ouvre l'album du même nom, ça a un goût de METALLICA, mais ce n'en est pas ! Que cela soit bien clair sur ce fait, j'oublie vite cette sensation plutôt agréable, mais suis vite rattrapé par d'autres en parcourant un disque dont j'avais déjà repéré les reflets mélodiques. Bien entendu, une chronique, c'est personnel, et elle ne doit pas se contenter d'étaler une biographie du groupe ou d'en raconter les dernières péripéties, mais dois-je pour autant omettre de préciser que l'enregistrement de «Nightmare» devait être un effort considérablement plus solennel que les précédents albums ? Marquée par l'absence de son batteur, James «The Rev»Sullivan, décédé en fin d'année 2009, la préparation en studio de cet album fut certainement très sombre. A sa place, le renommé Mike Portnoy, une des idoles de Sullivan, est celui qui s'avèrera donc le plus capable de retranscrire fidèlement les parties du batteur disparu. Suivre le rythme avec un batteur de ce calibre, n'est pas une mince affaire pour les membres d'AVENGED SEVENFOLD mais, leur compétence instrumentale n'ayant jamais été mise en cause, en particulier le lien étroit entre les guitaristes Synyster Gates et Zacky Vengeance, «Welcome to the Family» prouve qu'ils sont à la hauteur. Cependant, il m'a fallu me replonger dans les précédents albums pour constater que l'écriture du groupe correspond rarement aux réels talents musicaux de ses musiciens. Bien que souvent spectaculaires et portées par des harmonies conductrices, les compositions d'AVENGED SEVENFOLD, à mon avis, mériteraient d'être plus profondément inspirées. Non, le groupe n'essaie pas de nous bluffer, il joue très bien, mais comment vous expliquer qu'après ce bon repas, je puisse avoir encore faim ? Une légère impression d'entendre un groupe qui se bride au lieu de délivrer toute son énergie, que ce soit dans ses tentatives de «power» ballades avec «Tonight The World Dies», «Buried Alive» ou «Victim» qui ne demandent qu'à inviter Geoff Tate au chant, à «Danger Line» dont la fin me rappelle un certain Axl Rose dans «Patience». De subtiles allusions à QUEEN font leur apparition dans «Fiction» et quelques effets théâtraux à la Alice Cooper enveloppent cet album, cauchemar oblige ! AVENGED SEVENFOLD ne se concentre pas uniquement sur le vol d'identité par le biais de M. Shadows, son chanteur, car il réussit à proposer une abondance de metal contemporain («God Hate Us», «Natural Born Killer», «Save me»), mais à l'écoute de «So Far Away» il est difficile de ne pas penser à une écoute un peu trop prolongée de «November Rain». Encore une fois, le groupe n'offre pas la totalité de son potentiel. AVENGED SEVENFOLD doit sortir très vite de cette orientation afin de s'ouvrir sur une plus grande authenticité et une sincère originalité musicale.