10 janvier 2014, 9:22

AVENGED SEVENFOLD : "Hail To The King"

Album : Hail To The King

AVENGED SEVENFOLD, a.k.a A7X, cartonne. Ce groupe californien, formé en 1999, est la réplique moderne des grands groupes de Hard US de la fin des années 80. Des beaux gosses tatoués, overlookés, arborant des T-shirts vintage de Hard-Rock et des coupes de cheveux anarchiquement structurées. Plein de filles hurlent aux premiers rangs de leurs concerts comme à ceux de BON JOVI période « Slippery When Wet », de MÖTLEY CRÜE période « Dr. Feelgood » ou encore de POISON période « Open Up And Say Aah »... Les musiciens ont tous un excellent niveau et M. Shadows est un excellent chanteur et meneur de jeu sur scène.

Issu de la vague Metalcore, ils sonnent plus Hard'n'Heavy dès « City Of Evil », leur troisième album. Jimmy Sullivan, surnommé The Rev, leur batteur, meurt à 28 ans de ses addictions mixtes (alcool, opiacés et tranquillisants). Ce dernier n'était pas qu'un cogneur de fûts, il était également une figure charismatique et créative du groupe. Son rôle matriciel a joué de manière significative dans le succès et l'originalité du quintette. Beaucoup de formations ont perdu précocement un de leurs membres : Cliff Burton alors que METALLICA était en pleine ascension avec « Master Of Puppets », Steve Clark alors que DEF LEPPARD avait sorti « Hysteria », THE album qui a tout éclaté à travers le monde... Les exemples tragiques sont nombreux. Qu'allait-il advenir d'A7X ? Ils se sont battus émotionnellement. Le deuil se fait, le stress post-traumatique finit par s'amoindrir pour disparaître. Les groupes se relèvent souvent plus forts après ce type de tragédie. Mike Portnoy, que l'on ne présente plus, remplace alors The Rev sur la tournée de leur précédent album, « Nightmare », qui sera number one un peu partout. Inconscient ou pas, Portnoy était l'idole de The Rev... 

« Hail To The King » est le sixième album du groupe. Pochette sobre, noire, avec leur mascotte DeathBat (pour l'édition standard), il renferme 10 titres et voit les débuts d'Arin Llejay, leur nouveau batteur, présent depuis le départ de Portnoy. La grille de lecture de cet album est différente selon l'âge de l'auditeur. Clairement, ce n'est pas dû à une différence de fonctionnement de l'oreille moyenne variant avec les années ! En résumé, les 15-20 ans vont se prosterner devant le génie metallocréatif de la bande à M. Shadows. D'ailleurs, leur tournée est un succès et plusieurs titres sont au top des charts. Les 35-45 ans, par contre, vont s'interroger. Ceux et celles qui ont bien connu les heures de gloire de METALLICA avec le « Black Album » (1991), de GUNS N'ROSES à l'époque d'« Appetite For Destruction » (1987) ou d'autres grands groupes des années 80 vont avoir une impression de déjà vu ou, plus exactement, de déjà entendu. 

L'album est génialement bien foutu mais on s'interroge. S'agit-il d'un hommage à des groupes connus ? D'un plagiat inconscient (on y revient pour l'inconscient !) ? D'une volonté commerciale ? De l'émergence d'une maturité artistique des quatre cavaliers de l'Apocalypse ? Ou la suite logique de leur évolution musicale : à savoir des titres Hard-Rock aux structures simples et efficaces à la sauce A7X ? La plupart des auditeurs de cette tranche d'âge vont cependant aimer cette nouvelle galette ou mp3, selon les habitudes...

Le talent de composition du groupe est indéniable et réside dans l'intégration marquée de leurs influences old school à leur propre style. "Shepherd Of Fire", "Heretic", "Planets" et "This Means War" ont certes de l'ADN de METALLICA, "Doing Time", celui de GUNS N'ROSES (d'ailleurs M. Shadows a le look d'Axl Rose de la grande époque), "Requiem" a des faux airs de QUEEN et de MALMSTEEN mixé à du Metal moderne, la ballade "Heretic" est un cocktail savoureux de QUEENSRYCHE, de THERION et de SKID ROW, "Coming Home" (non, ce n'est pas une reprise de SCORPIONS) sonne comme du MAIDEN. Mais tout est extrêmement bien ficelé au niveau production musicale, tout se boit comme du petit lait survitaminé. L'album est un véritable agent stimulant. Il se clôt sur une pluie acide, seconde excellente ballade de l'album. 

Baigné dans le Metal depuis le début des années 80, cet album ne peut que réactiver des souvenirs plaisants. A7X, en prenant ce tournant commercial, mixe du old school à quelque chose de moderne. Ils le font excellemment bien ! Indéniablement, leurs chansons, taillées dans l'acier, sont parfaites pour le live. Ils seront au Hellfest en juin prochain... Hâte de les voir.

Blogger : Laurent Karila
Au sujet de l'auteur
Laurent Karila
Psychiatre spécialisé dans les addictions, Laurent Karila a collaboré à Hard Force de 2014 à 2023.
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