Une Flèche d’Or pleine comme un œuf et suffocante, un public pas particulièrement sympa (litote), mais une affiche totalement phantasmatique, propre au voyage astral ou intérieur, aux explorations métaphysiques comme à l’introspection.
De Tokyo, voilà CHURCH OF MISERY. Il n’est donc pas difficile de se projeter vers les odeurs de kérosène de Narita, dans la fourmilière d’Ikebukuro ou sous les lumières de Shinjuku. Au premier rang, collé contre la grosse caisse de Junji Narita (qu’est-ce que je vous disais ?) qui divise la minuscule scène en deux, peu de choses émergent d’un mur de percussions et de basses (les quatre cordes de Tatsu Mikami) : ni vraiment la guitare de Tom Sutton, qui surnage à peine par moments, ni surtout la voix de Hideki Fukasawa, vague grésillement parfois déchiré par des hurlements possédés. Pourtant, la rythmique des Japonais est suffisamment obsédante, envoutante, hypnotique – en un mot : trippante – pour susciter montées d’adrénalines, grognements gutturaux et spasmes de nuque. Doom psyché, ça s’appelle, mais ça « stone » pas mal, comme ça.
En revanche, MONSTER MAGNET, c’est du stoner, c’est sûr. Selon son habitude, désormais, le groupe de Dave Wyndorf balancera son dernier album, « Lost Patrol », de bout en bout. Pendant que les roadies débarrassent les instruments des Nippons, toujours au premier rang, les avis des fans sont très tranchés, de « J’adore « Last Patrol », ce concert était immanquable » à « Je suis là juste pour le rappel… ».
La concentration de journalistes de premier plan à l’abord de la scène donne toutefois la mesure de l’évènement. Pour n’en citer que quelques uns : Christian, le big boss de HARD FORCE et METAL XS, on était plusieurs de l'équipe à fayoter autour de lui, Lionel, un des piliers en métal trempé de la Grosse Radio, Ronan, photographe officiel du Hellfest depuis toujours… et puis Lorène, journaliste brillante (New Noise), intervieweuse pleine d’esprit, traductrice, photographe, artiste passionnée. Elle a la meilleure place, pile devant Wyndorf... comme elle sourit ! Comme elle est heureuse...
Avec charisme, Dave Wyndorf captive son audience dès ses premiers murmures, les premiers pas avec la Patrouille Perdue. « Lost Patrol » est foutrement bon, que dire d’autre ? De la première note de basse obsédante au dernier coda, c’est une pure tranche de rock n’roll saignante à souhait, servie avec l’amour du travail bien fait de l’artisan qui peut te regarder dans les yeux avec fierté pendant que tu dégustes. Car c’est bien le public qui est saisi. C’est pour des soirées comme ça qu’on est encore là. Pour la prochaine… qui arrivera forcément un jour ou l’autre – et qui effacera toutes les merdes que charrient par ailleurs nos chiennes de vies.
Ces quelques lignes sont dédiées à la mémoire de Lorène Lenoir, notre consœur infiniment respectée, mais pas toujours comprise, qui nous a quittés, il y a tout juste un mois. Parce que c’est le dernier moment de rock n’roll que j’ai partagé avec elle.
Son talent, immense, continuera de nous inspirer.
Son flickr, ses dernières photos de concert : https://www.flickr.com/photos/evillorelei/