12 juin 2014, 10:39

ROB ZOMBIE @ Paris (Le Bataclan)

Une exquise frustration

Dans la vie, il faut parfois faire des choix cornéliens : Fender ou Gibson, Leffe ou Heineken (je vous entends d'ici beugler « les deux !!!!!!! » , mais avec modération naturellement), T-shirt MAIDEN ou T-shirt METALLICA, aller au Hellfest ou passer son BAC (sur celui-là, je ne vous envie pas les enfants !). Ce soir, la question qui se pose, à moi, est : petite salle ou arena ?

La réponse est évidente : ça dépend. Oui, ça dépend... de qui on parle. Pour certains groupes, la petite salle, c'est parfait. Qui a envie d'aller entendre ALICE IN CHAINS dans un stade ? J'ai des souvenirs émus (oh oui!!!!) de MACHINE HEAD, SLAYER ou SUICIDAL TENDENCIES à l'Élysée-Montmartre... J'y ai vu METALLICA aussi, c'était génial. Forcément... Mais sans la grosse artillerie que le groupe peut se permettre de déployer dans un stade.

Alors quand j'en arrive à examiner le cas Rob Zombie... J'hésite. Ce monsieur, j'attends de le voir en concert depuis … Non, je ne vais pas vous le dire, ça fait trop mal. Le Hellfest 2011 m'avait laissé un goût de trop peu. Une impression de service minimum, digne d'une grève de la SNCF. Il faut dire qu'aujourd'hui, l'information et les images circulent à toute vitesse et que l'on sait très bien à quel genre de méga-tournée ont droit les metalheads outre-Atlantique. Effet spéciaux, décors somptueux, costumes de folie, pyrotechnie, danseuses et autres réjouissances. Quand Rob Zombie débarque en ville, c'est un peu comme si le Freak Show, la Caravane de l'Étrange et la Famille Addams se donnaient rendez-vous. Et tout cela n'a pas sa place dans une petite salle telle que le Bataclan.

Je savais donc dès le départ qu'une fois de plus, je serais frustrée. Pas de carnaval au programme. Ceci étant dit, cela valait-il la peine ? Peut-on profiter pleinement d'un concert, tout en sachant à côté de quoi on passe ? Une petite salle ne se joue pas comme un stade, et heureusement, Rob Zombie le sait.

Le décor est épuré, quelques grandes photos de monstres classiques en arrière-plan ; en accessoire, un pied de micro squelette, muni de grands bras tendus, des instruments lumineux et des musiciens qui débarquent en loup-garou ou en créature du lac. Sieur Zombie surgit tel un épouvantail malsain, Zébulon maléfique qui ne tient pas en place.

Rapidement, la communication s'établit avec le public... un peu de bla-bla, quelques hésitations, le chanteur tente le coup entre chaque morceau ou presque. Le rythme est soutenu, les titres s'enchaînent vite... Très vite... Trop vite ? Peut-être un peu, oui. Je ne peux pas m'empêcher de penser qu'ils s'appliquent tous à "faire le job" et c'est jamais une très bonne impression. Ou alors cela vient peut-être de cette longue attente... Personne dans la salle n'a l'air de s'en plaindre. Le public joue le jeu et hurle « Rock Motherfucker » quand on le lui demande. Il pardonne même les lourdeurs du genre « Vous êtes le meilleur public de la tournée... jusque-là ! » (oui, jusqu'au concert du lendemain sans doute) ou « Ma femme adore tellement Paris, on va sans doute finir par y habiter ». Il ne vient pas souvent nous voir, il ne sait pas que tous ces vieux trucs, on les connaît. John 5, Piggy D et Ginger Fish ne sont pas en reste, multipliant les gestes et gimmicks envers les fans.

Mais il y a aussi des choses que l'on ne voit pas si souvent. Que les premiers rangs aient droit à quelques poignées de mains et accolades, c'est assez classique. Mais que le frontman descende de la scène muni d'une lampe pour traverser le public... c'est assez inédit. Nul doute qu'on ne peut pas se permettre ce genre de fantaisie dans un stade. En tirant parti des avantages d'une petite salle, Rob Zombie nous a offert ce soir là un concert pêchu, aux allures de best of. Pouvoir profiter en live d'un "Superbeast" ou d'un "Dragula", on ne va pas bouder notre plaisir. Cela rattrape-t-il des années de frustration (et de jalousie quand on sait comment cela se passe ailleurs) ? Pas tout à fait, mais quand même, c'était bien bon... Il remet le couvert au Hellfest... Moi aussi, en espérant que pour le festival, il aura emporté quelques gadgets dans ses bagages...


PS : Retour du Hellfest avec confirmation. Le même show pour un festival, c'est tout de suite moins sympa, si on n'a pas la chance d'être dans les premiers rangs... Je suis donc bien contente d'en avoir profité à Paris, et un peu déçue de ne pas avoir vu un show plus impressionnant au Hellfest. Il semblerait qu'il soit indispensable de traverser l'Atlantique pour voir de quoi Mr Zombie est vraiment capable. Y'a plus qu'à...

Blogger : Juliette Legouy
Au sujet de l'auteur
Juliette Legouy
Juliette Legouy, passionnée de metal sans concession, a été un pilier essentiel de la rédaction du magazine HARD FORCE de 1996 à 2000 et a réalisé de très nombreuses interviews, des reportages et des dossiers majeurs pour cette publication.
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