Et voilà encore une année passée à vitesse grand V avec son lot de petits plaisirs métalliques de tout bord. Impossible de sélectionner 10, 15 ou 20 disques pour en saisir la teneur alors je me contenterai... des 8 qui n'ont jamais lâché ma playlist d'une semelle tout au long de 2022. Sans ordre particulier, les albums de CELESTE, AHASVER, MISGIVINGS et ETRANGE ont su trouver les notes pour me faire vibrer. Avec un grand "Cocorico !" en fond de toile, voilà qui me fait dire que notre belle scène hexagonale a décidément de nombreux atouts à faire valoir. Les quatre autres que je retiendrai également, pour le côté "International Corporation", seront ceux de NOSTROMO, IMMOLATION, FIT FOR AN AUTOPSY et CAVE IN. Un panel d'émotions et de sensations uniques procurées par ces loustics qui montrent une nouvelle fois qu'il est encore possible de faire vibrer (avec un grand "V" là encore) avec un savoir-faire inégalé. Je finirai avec une mention spéciale "Découverte" pour le clan suédois MASS WORSHIP qui m'a retourné avec son « Portal Tombs » imparable. Voilà, je laisse pas très loin sur le chemin les méfaits de BLUT AUS NORD, ALLEGAEON, CULT OF LUNA, AEVITERNE, ABSENT IN BODY, GAEREA et HYRGAL qui m'ont aussi fait croquer le bitume avec un certain doigté. J'en resterai là pour cette année, avec plein d'espoirs pour la prochaine, en vous souhaitant une bonne et heureuse année 2023 !
IMMOLATION : « Acts Of God »
Et de onze. IMMOLATION, infatigable vétéran au service du death metal, signe avec son nouveau méfait, « Acts Of God », son onzième album ! Plus de 30 ans après la sortie de « Dawn Of Possession » sur le label Roadracer Records, l’inoxydable duo Ross Dolan/Rob Vigna, une nouvelle fois accompagné de Steve Shalaty et Alex Bouks, revient hanter nos platines. Avec toujours dans sa besace ce son, ce style, cette attitude maintes fois copiés, jamais égalés. Alors quoi ? Que peut-on attendre de cette nouvelle livraison si ce n'est... du death metal ? Eh bien plus grand-chose à vrai dire tant la formation new-yorkaise est emblématique, proposant à travers sa discographie une conception du genre respectée par une horde de fans éparpillée aux quatre coins du globe. Culte !
NOSTROMO : « Bucephale »
NOSTROMO se fait chantre d’un metal hypnotique, dévastateur, qui prend tout son temps pour développer des ambiances obscures, se plaisant à casser le rythme avant d'en décupler sa force. Oui, « Bucephale » bute sans jamais faillir, gardant toujours en ligne de mire le crochet qui mettra K.O. n'importe quelle tête brulée. Quant à l’artwork signé Dehn Sora, une nouvelle fois somptueux, celui-ci achève de rendre ses lettres de noblesse à ce qu’il convient d’appeler entre nous “l’album de l’année”. Ni plus, ni moins.
MISGIVINGS : « Misgivings »
Bref, ce premier album très réussi compulse 35 minutes de méchanceté gratuite en forme de pains de C4 (avec deux membres de IMPUREZA dans l'équipe, dont le fabuleux batteur Guilhem Auge, on se doutait bien que ça allait forcément défoncer grave) inscrit dans la droite lignée des grandes productions d'experts en démolition comme celles de KRISIUN, DEICIDE et autres ANGELCORPSE. On dérouille notre race du début à la fin avec de nombreux moments particulièrement jubilatoires (la déferlante "Masquerading As God") et on ne peut que féliciter Dolorem Records (NEPHREN-KA) pour avoir une nouvelle fois fait preuve de discernement en signant MISGIVINGS. (Crapulax)
ETRANGE : « Enigme »
ETRANGE manie avec une aisance rare les codes du metal progressif pour façonner son propre monde qui fait la part belle aux ambiances spatiales, un monde imprévisible où bien malin sera celui qui pourra en effet prédire au moment de la première écoute à quelle sauce il va être mangé. De la légèreté, de la fantaisie, il y en a ici. Plein même. Les lignes, enivrantes et mélodiques, du claviériste Velhon décuplent l’intensité de morceaux comme "Entity", "Nexus" ou le superbe "Gemini", soutenus par une section rythmique puissante et délicate signée Deadale ("Yoggi" pour les intimes)...
CAVE IN : « Heavy Pendulum »
Inutile de faire durer le suspense plus longtemps, « Heavy Pendulum » est une réussite, donc, gorgée de riffs puissants qui envoient leur lot d’embardées rythmiques côtoyant des breaks judicieux (mon dieu, ce "Careless Offering" qui donne envie de tomber la chemise !). Il traîne également une mélancolie tenace en toile de fond, résonnant comme un appel du pied vers son ancien bassiste Caleb Scofield, décédé en 2018. Le reste est à la hauteur des attentes, navigant toujours à l'équilibre entre mélodies inspirées, parties plus sombres et envolées épiques : "Amaranthine" envoie ainsi une bonne dose de frissons à tous les amoureux des ambiances ténébreuses pendant que le final grandiose "Wavering Angel" vise, lui, en plein coeur, tout en retenue...
CELESTE : « Assassine(s) »
Une imagerie sombre et mystérieuse, une musique rythmée, lourde et mélodique à la fois, des paroles incisives et engagées et, surtout, une vraie identité. Qu’importe le flacon, pourvu qu’on ait l’ivresse, « Assassine(s) » propose 8 titres d’un metal bourré d’émotions contradictoires et de messages subliminaux, de passages brutaux et d’ambiances galvanisantes. Du premier single "Des Torrents de coups" qui manie avec dextérité des rythmes balancés, des riffs tonitruants et des growls agressifs au récemment dévoilé "Le Cœur noir charbon" où règne une tension palpable sous couvert d’atmosphères éthérées, on découvre toute la dualité qui anime le groupe... (Aude Paquot)
FIT FOR AN AUTOPSY : « Oh What The Future Holds! »
Pas besoin de tergiverser plus longtemps, FIT FOR AN AUTOPSY est l’une des rares formations encore en activité et étiquetée "deathcore" à tirer son épingle du jeu au sein d’une scène moribonde. Et si cette dernière s’en sort aussi bien, c’est parce qu’elle a su s’affranchir des codes propres à ce style pour en proposer une relecture personnelle qui fait mouche ici à chaque instant. Une prise de risques, mesurée certes, mais qui paie au vu de ce résultat proche du sans-faute.
AHASVER : « Causa Sui »
Composé d’actuels et ex-membres d’ERYN NON DAE, GOROD, PSYKUP, ZUBROWSKA, DIMITREE et DRAWERS, le doute n’est pas permis quant au potentiel du petit dernier pour appuyer là où ça fait mal. Et si l’étiquette de metal progressif apposé par le label Lifeforce Records sur son rejeton pourrait coller par moments sur le premier album du groupe, ce sont avant tout les mélodies sombres, ponctuées de riffs de plomb et d'une production d'acier qui s’avèrent prédominantes sur « Causa Sui » . Pendant près de 43 minutes, les cordes et les peaux frémissent avec délice, créant des atmosphères prenantes avec, en toile de fond le froid, les ténèbres et la nuit...
Et le bonus découverte pour...
MASS WORSHIP : « Portal Tombs »
Cet album est un véritable labyrinthe truffé d'indices retors et de frénésie rythmique. Un puzzle à la simplicité apparente mais aux structures tortueuses dont le but avoué est de faire régner la confusion. Une confusion savamment entretenue par l'imposante production où chaque coup de baguette sur les fûts résonne comme une rouste punitive. Où les guitares vigoureuses forment un tout avec la basse, dantesque. Un album que l'on pourrait résumer en quelques mots malgré tout plus légers : MASS WORSHIP hip hip hourra !
