8 avril 2017, 19:00

AEROSMITH

"Toys In The Attic" – 1975 (Columbia/Sony)

Joindre l’utile à l’agréable… Ecoutez l’album chroniqué en cliquant sur ce lien.

Je vous parle d’un temps que les moins de soixante ans doivent à peine connaître… Je détourne légèrement les paroles de "La Bohème" de Charles Aznavour car peu de ceux et celles qui vont lire cette rétro-chronique pourront affirmer avoir acheté cet album à sa sortie le 8 avril 1975. « Toys In The Attic », troisième forfait des Bostoniens AEROSMITH menés en front par les "Toxic Twins" Steven Tyler au chant et Joe "Fuckin’" Perry à la guitare, a été fomenté à New-York dans les studios The Record Plant et produit par Jack Douglas (qui en produira d’ailleurs bien d’autres).

Le groupe a beaucoup tourné grâce à son deuxième album et il aborde l’enregistrement avec beaucoup d’assurance tant dans les compositions que dans le jeu. Tout est plus mature et calibré mais sans l’être vraiment non plus, l’avantage d’inventer encore le rock à cette époque.
Débutant par la chanson ayant donné son nom à l’album, l’auditeur rentre dans le vif du sujet avec "Toys In The Attic" (littéralement "des jouets dans le grenier" mais qui signifie en fait avoir une araignée au plafond, être zinzin). Le riff d’intro est imparable et le refrain est encore scandé de nos jours par le public, AEROSMITH la jouant bien souvent. Le tricotage des guitares est jubilatoire et il est bon de rappeler (à ceux qui en douteraient) que Brad Whitford, deuxième bretteur du quintet, est un musicien tout aussi doué et capable que son collègue Joseph.
Sur "Uncle Salty" qui parle d’une orpheline, on est presque dans un registre swing contrebalançant alors avec la tristesse des paroles. "Adam’s Apple" ou l’histoire d’Adam et Eve raconté par Mr Tyler. Et ce n’est pas pour les oreilles chastes (Eve a mangé son fruit doux et amer / Elle est grimpée sur son arbre). Et ce gros morceau bénéficie d’un solo jouissif de Mr Perry en sus. Présente-t-on "Walk This Way" avec son riff imparable rôdé par les guitaristes en herbe, reprise en 1986 par RUN DMC (redonnant une visibilité non négligeable au SMITH au passage) et joué à (quasiment) tous les concerts depuis plus de 40 ans ? Non, n’est-ce pas. La jazzy-bop "Big Ten Inch Record" est à nouveau un titre encanaillé dans ses paroles (Même si c’est la plus mystérieuse des femmes / Cette parade n’y fera rien / Elle décollera quand même / Quand j’aurais balancé mon gros 25 cm… / d’un album d’un groupe qui fait du blues). Ici, Steven Tyler joue sur les mots et les rimes pour balancer l’air de rien des paroles on ne peut plus salaces.
Place au hard rock à nouveau sur l’énorme "Sweet Emotion" qui démarre sur une ligne de basse juste affolante et inspirée en partie par une embrouille entre les épouses d’alors de Tom Hamilton et de Perry. Là encore, un titre inévitable, immédiat et au groove contagieux. Un coup de maître. Rejouée depuis quelques années, j’allais dire réhabilitée sans trop me tromper, "No More No More" est un pur joyau. Refrain mémorisable de suite, un piano blues à la Ray Charles en fond et un échange de soli parfait.
Et si BLACK SABBATH jammait avec AEROSMITH tiens ? Le résultat aurait été "Round And Round" et son riff pachydermique qui détonne dans l’album et même dans leur discographie mais qui est avant tout une grosse leçon de hard rock. Car ça sonne quand même comme du AEROSMITH et que ce n’est pas donné à tout le monde d’arriver à cela. On entend même du rock psychédélique avec ses « round and round » en boucle. L’album se referme au bout de 37 mns sur une magnifique ballade, "You See Me Crying" qui bénéficie d’une orchestration grandiose et pas grandiloquente (une constante ensuite pour les Bostoniens qui en écriront d’autres définitives).

« Toys In The Attic » se classera 11ème au Billboard US et le groupe en vendra quelques palettes pour culminer à 8 millions d’unités. A ce moment de leur carrière, AEROSMITH prend vraiment son envol, se défonce par cargos de coke entier et vivra une scission en 1980 (départ des guitaristes rien que ça) pour mieux revenir encore quelques années après et ne plus jamais repartir. « Permanent Vacation », « Pump », la B.O. de Armageddon avec "I Don’t Wanna Miss A Thing", American Idol, etc. Un show à l’américaine quoi. Mais bien rock 'n' roll.

Pour aller plus loin :

« Rocks » (1976)
« Permanent Vacation » (1987)
« Pump » (1989)
« No More No More » (Live In Las Vegas At Hard Rock Hotel)



 

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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