13 octobre 2017, 18:27

MARILYN MANSON

• "Heaven Upside Down"

Album : Heaven Upside Down

Le révérend est de retour. Mais en 2017, MARILYN MANSON est-il encore en mesure d'effrayer quiconque ?
Après vingt ans de provoc’ visuelle et verbale, le monde fait souvent preuve de condescendance face aux exhibitions grimées de notre adolescent de 48 ans. Eh oui, même l'obscénité peut se fondre dans la normalité. La trash TV nous le prouve chaque jour. Après trois albums consensuels et un dernier autobiographique, magnifique poème urbain mais par les rageux de la première heure jugé trop mou, qui vient assister avec moi au nouveau sermon ? On me dit souvent que j'aime défendre l'indéfendable...

« Heaven Upside Down », s'ouvre sur "Revelation #12", titre agressif. On me dit souvent que j'aime défendre l'indéfendable... Ben, vous savez quoi ? Je suis bien content de vous présenter ce nouveau MARILYN MANSON car c'est du tout bon ! Dans cet album, on trouve des alliances sobres, électriques et métalliques. Du minimalisme comme on en pondait il y a trente ans. Une froideur de nuit d'hiver envahit la cité, les sirènes dans l'obscurité nous crient-elles d'arrêter de tirer sur l'ambulance ?

Nous nous faisons tatouer, "Tattooed In Reverse". Avec MARILYN MANSON, ce n'est jamais simple, force est de constater que le stylo s'ancre de façon malsaine dans notre chair de poule, pour y laisser une impression troublante. Un rythme ondulant, un electro obsédane, merci Tyler Bates, des néons eighties éclairent les états d'âme du chanteur, c'est une sacrée claque. Brian est de retour, inspiré comme nous aimons, agressif avec ce "WE KNOW WHERE YOU FUCKING LIVE", des cris riffés et griffant pour vous signifier que la bête vous pénètre à nouveau.

Le disque se déroule, telle une bobine hypnotique qui nous entraîne contre notre gré. "SAT10" ? Le rapport est bon et long, le titre ne joue pas seulement sur la prononciation du nom de Satan mais évoque ironiquement les problèmes sexuels de la gent masculine. Le morceau se balance de manière “Poe-éthique” jusqu'à l'orgasme auditif. Il y a une atmosphère magnifique, celle d'un polar angoissant et poisseux. Cette atmosphère rappelle JOY DIVISION et subjugue par la beauté de son sobre propos. Manchester s’invite à la party.

Des titres comme "KILL4ME" sont la bande originale de ce polar. Et ça swingue, MARILYN MANSON nous livre son meilleur album depuis longtemps. On se demande si ce sont les refrains qui nous habitent et nous hantent, ou l'inverse. La guitare de Bates fait des merveilles, explorant divers styles sans surenchère. Oui, le paradis est bousculé pour notre plus grand bonheur. Qui a envie d'être sage comme un ange quand on peut vampiriser les dance-floors avec "Saturnalia" ? Ah, ce morceau vaut son pesant d’or. Si le Jésus mercantile est en crise, le révérend Brian regarde vers le brillant côté de son inspiration.

Voici une énième chronique qui me fait songer que les Eighties sont décidément de retour. Le rock avait besoin de retrouver une aura dépouillée, qui retrouve la voie des paradis artificiels chers aux poètes, délaissant la surexposition médiatique et cynique d'aujourd'hui qui ne sait que synthétiser. Même MARILYN MANSON a compris que l'expression ultime n'est pas uniquement dans le détournement des symboles du quotidien. Nous avons déjà des lady superstars pour nous rendre gaga. Cet album va plus loin que la révolte ado juvénile. Il est question de jeter à la figure de l'establishment musical une œuvre qui a une âme, une conscience de ce qu'elle exprime, un "Blood Honey", car c'est dans un emballage au demeurant confortable que MARILYN MANSON étale ses tripes.

« Heaven Upside Down », ou quand la meilleure façon de déranger est de jouer de la musique. Sacré Brian, tu nous livre une blague qui tue !

Blogger : Christophe Scottez
Au sujet de l'auteur
Christophe Scottez
Chris est ethnologue à ses heures perdues, vétéran des pogo joyeux en maillots de core. Un explorateur curieux, grand amateur de riffs et de chants sauvages. Il a grandi dans les glorieuses années 80, bercé par les morceaux canoniques d’ACCEPT, SCORPIONS, MOTLEY CRUE et autres GUNS N ROSES. Traumatisé par le divorce entre Max Cavalera et son groupe, ainsi que par un album des Mets un peu «chargé» en n’importe quoi, Chris a tourné 10 ans le dos au hard rock. Puis, un jour, il a par hasard découvert qu’une multitude de nouveaux groupes avait envahi la scène … ces nouveaux sauvages offraient des sons intéressants, chargés en énergie. Désireux de partager l’émo-tion de ce style de metal sans la prétention à s’ériger en gardien d’un quelconque dogme, il aime à parler de styles de metal dit classiques, mais aussi de metalcore et de néo-metal. Des styles souvent décriés pour leurs looks de minets, alors que l’importance d’un album est d’abord le plaisir sonore que l’on peut en tirer, la différence est la richesse du goût. Mais surtout, peut-on se moquer de rebelles coquets alors que les pères fondateurs du metal enfilaient des leggins rose bonbon et pouponnaient leurs choucroutes peroxydées ?
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