25 mars 2019, 19:29

GUNS N’ ROSES

• Explication de textes : « Appetite For Destruction »


Après avoir étudié les textes concernant la venue prochaine de l’Antéchrist (« Opus Eponymous » de GHOST), le contrôle exercé par un tiers (« Master Of Puppets » de METALLICA) et une sombre plongée dans l’esprit d’Eddie Vedder (« Ten » de PEARL JAM), disséquons cette fois le témoignage 100 % sex & drugs (pour le rock’n’roll, prière de poser l’album sur votre platine) de superstars en devenir. Car si beaucoup ne verront dans les paroles de« Appetite For Destruction », impeccable carte de visite de GUNS N’ ROSES, que la célébration de la légendaire trilogie, c'est aussi un véritable instantané de la vie des musiciens de Los Angeles dans les années 80, en même temps qu'un témoignage des débuts du légendaire « groupe le plus dangereux du monde ». Bienvenue dans la jungle…


1987. Le hard US, également baptisé “hair metal” parce qu'une bonne partie des musiciens de l’époque a le poil bouffant, règne en maître sur les charts américains. BON JOVI vit d’une prière (“Livin’ On A Prayer”), DEF LEPPARD veut qu’on lui verse du sucre dessus (“Pour Some Sugar On Me”), WHITESNAKE s’interroge sur l’amour (“Is This Love?”), tandis que MÖTLEY CRÜE chante les filles, les filles et encore les filles (“Girls Girls Girls”). Le 21 juillet arrive un nouveau challenger du nom de GUNS N' ROSES. Un groupe déjanté qui, avec le bien-nommé « Appetite For Destruction », renoue avec le côté le plus sulfureux du rock'n'roll, brut de décoffrage, décadent comme les NEW YORK DOLLS, avec une “fuck you attitude” punk-rock à la SEX PISTOLS. Une réaction au glam rock formaté qui domine alors le Sunset Strip.

Comme à la grande époque de Steven Tyler et Joe Perry, les Toxic Twins d'AEROSMITH, ou de Mick Jagger et Keith Richards des STONES, W. Axl Rose et Slash deviennent immédiatement un de ces légendaires duos qui défraient la chronique. Mais même si le groupe jouit déjà d’une jolie notoriété en Californie, jamais, au fin fond de leur “purple haze”, Slash, Rose, Duff “Rose” McKagan, Izzy Stradlin et Steven Adler n’auraient osé imaginer que leur carte de visite s’écoulerait à plus de 30 millions d’exemplaires dans le monde et deviendrait le premier album le plus vendu de l’histoire de la musique américaine. Le « groupe le plus dangereux du monde » vient de débarquer et il va mettre K.O. debout tous les poids lourds de l'époque…
 

“Welcome To The Jungle”

Selon la légende, c’est un des chauffeurs de camion qui l’avaient pris en stop quand il a quitté Lafayette, dans son Indiana natal, pour partir tenter sa chance à Los Angeles, en 1982, qui aurait dit à Axl, une fois arrivé à destination : « Welcome to the jungle » (bienvenue dans la jungle). Mais en 2007, sans réfuter pour autant l’information, le chanteur précisera au détour d’une interview avec Rolling Stone que c’est dans le Queens new-yorkais où il a passé la nuit dans une cour d’école qu’un Black lui a dit : « You’re in the jungle/ You're gonna die » (« … Tu vas mourir »). Ce qui l’a suffisamment marqué pour lui donner envie de l’utiliser dans une chanson, une des plus emblématiques des Gunners.

Pourtant, c’est à l’occasion d’un séjour à Seattle (ville natale de Duff, le bassiste), où il est allé rendre visite à une amie, que Rose écrira le texte en se remémorant son arrivée à L.A., à 20 ans, des rêves de gloire plein la tête. Car Jet City a beau être une grande ville, elle semble presque rurale comparée à la démesure de la Cité des Anges, Babylone moderne où, pourvu qu’on ait un peu d’argent, on peut assouvir tous ses vices (« Nous avons tout ce que tu veux, chéri, on connaît les noms/ Nous sommes ceux qui pouvons trouver tout ce dont tu as besoin/ Si tu as le fric, chéri, on a ta maladie »).

Une survie en milieu hostile pour qui rêve de gloire, où une hypothétique réussite est impossible sans en payer le prix (« Bienvenue dans la jungle, nous prenons les choses au jour le jour/ Si tu le veux tu vas saigner mais c’est le prix à payer (…) / Tu peux goûter aux lumières vives mais tu n’arriveras pas là gratuitement (…) Bienvenue dans la jungle, ça empire chaque jour/ Tu apprends à vivre comme un animal dans la jungle où nous jouons »). Sans oublier l'omniprésence des drogues (« Et quand tu planes/ Tu ne veux plus jamais redescendre »).

Précisons que quand Axl parle de son « serpentine », il fait sans doute aussi allusion à son sexe mais c’est ainsi qu’il surnommait sa façon d’onduler sur scène. Qui, selon certains, lui aurait été inspirée par Richard Black, chanteur de SHARK ISLAND, qui écumait le Sunset Strip depuis déjà pas mal d'années…
 


 

“It's So Easy”

Avant la sortie d’« Appetite For Destruction », et pour quelques années encore, les Gunners vivent à fond la trilogie “Sex, drugs & rock’n’roll” typique de tous les groupes de L.A. dans les années 80. Les musiciens sont fauchés (moyennant quelques dollars, Axl et Izzy fument des clopes pour une étude sur le tabagisme) mais perpétuellement entourés d’une cour hétéroclite de parasites, de fans et de groupies au crochet desquelles ils survivent. La chanson évoque la facilité quasi écœurante avec laquelle les musiciens peuvent se taper toutes les filles qui viennent à leurs concerts et la lassitude qui en découle pour ces grands fauves qui aimeraient bien trouver des gazelles farouches. « Ça n’était même plus marrant, reconnaîtra SlashC’était tellement facile (« so easy »de se faire des nanas qu’on se retrouvait à brancher des bibliothécaires, par exemple… »

Steven Adler, batteur originel du groupe, raconte dans My Appetite for Destruction: Sex, and Drugs, and Guns N' Roses, son autobiographie sortie en 2010, que les groupies faisaient littéralement la queue backstage à la fin des concerts dans l’espoir de faire lever par l’un (ou plusieurs) d’entre eux. Eh oui, comme l’annonçait parfois Lemmy en live pour présenter “The Chase Is Better Than The Catch” : « The chase is better than the snatch »… Pour les non-anglophones, “snatch” est un synonyme de “pussy”.

A l’ère de #MeToo, un passage comme « Tourne-toi, salope, j’ai trouvé un usage pour toi/ De toute façon, tu n’as rien de mieux à faire/ Et moi je me fais chier » peut sembler bien phallocrate. Pourtant, il n’est que le témoignage des us et coutumes en vogue dans la Cité des Anges dans les Eighties. Comme le disait Emi Canyn, une des NASTY HABITS, les deux choristes de MÖTLEY CRÜE sur la tournée “Dr. Feelgood” : « Quand je vois ce que certaines filles sont capables de faire pour approcher les musiciens, j’ai parfois honte d’être une femme… » Il convient donc de prendre un peu de recul (pas de commentaires graveleux je vous prie !) quand on lit ces lyrics.
 


“Out Ta Get Me”

Un poil parano, Axl ? S’il n’est pas encore “l’ennemi public n° 1” qu’il deviendra dans les années 90, quand ses symptomes maniaco-dépressifs seront à leur comble et que ses retards perpétuels pour monter sur scène ou ses crises de calcaire entraîneront des émeutes, les Gunners sont clairement dans le collimateur du L.A.P.D. « Une nuit, les flics ont défoncé la porte. Ils étaient à la recherche d'Axl, raconte McKagan dans dans son autobiographie, It's So Easy and Other LiesIl était – à tort – accusé de viol. C'est ce qui a inspiré “Out Ta Get Me” que l'on a rajouté à notre set-list début 1986. On se chiait dessus que les maisons de disques avec qui on était en contact en entendent parler et ne veuillent plus nous signer… »

Le chanteur évitera le local de répétition pendant des semaines et ne réapparaîtra qu'une fois que les charges qui pesaient contre lui seront abandonnées. D'où le refrain « Ils me cherchent/ Ils ne m'attraperont pas/ Je suis innocent, putain/ Ils ne me briseront pas ». Peut aussi fonctionner avec toute forme d'autorité : parentale, politique ou scolaire.
 


“Nightrain”

Sous le nom poétique de “Nightrain” (pluie nocturne) se cache une infâme bibine californienne bon marché, le Night Train Express, qui affiche 17,5 % (« Loaded like a freight train/ Flyin' like an aeroplane/ Feelin' like a space brain/ One more time tonight » – c'est-à-dire « Chargé comme un train de marchandises/ Planant comme un avion/ Je suis décalqué/ Encore une fois ce soir »).

A l’époque, les Gunners vivent dans un local de répétition à côté de Sunset Strip et, complètement fauchés, carburent avec ce tord-boyaux particulièrement prisé des SDF qui devient un “classique” pour le groupe. « J’ai été ravi de découvrir que le magasin d’alcool juste à côté de l’endroit où l’on vivait en vendait à 1,29 $ la bouteille et c’est aussitôt devenu un produit de première nécessité pour le groupe, raconte McKagan dans son autobiographie. Une semaine plus tard, on commençait à écrire “Nightrain”. » Peu importe le flacon, pourvu qu'on ait l'ivresse…

Quand Paul Stanley de KISS, contacté pour produire l'album, se permettra de vouloir changer le refrain du morceau qui revêt alors une importance toute particulière pour les musiciens, il se fera virer par Rose qui ne lui aurait plus jamais adressé la parole depuis…


“Mr. Brownstone”

« Une journée typique dans la vie de GUNS N’ ROSES » résumera Slash qui, comme Izzy Stradlin, est alors accro à l’héroïne – “brownstone” en argot. Le texte évoque leur dépendance totale (« J'en prenais un peu, mais ça ne suffisait pas/ Alors j'en ai pris de plus en plus/ J'essaie juste de me sentir un peu mieux qu'avant ») et leur vie qui ne tourne plus qu'autour de la came. « Nous dansons avec Mr. Brownstone/ Il frappe à la porte/ Il ne me laissera pas en paix ». Si Axl est en proie à ses propres démons (il est maniaco-dépressif), il est le plus clean du groupe et a de plus en plus de mal à supporter que les autres musiciens soient défoncés.

Au point que quand GN' R, en compagnie de LIVING COLOUR, ouvrira pour les quatre concerts des ROLLING STONES au Coliseum de Los Angeles en octobre 1989, il tentera un électrochoc en présentant la chanson au public. « Je déteste faire ça sur scène mais j'ai essayé par tous les moyens, en vain. Et si certains membres de ce groupe ne se reprennent pas, ce sera le dernier concert de GUNS N' ROSES que vous verrez. Parce que j'en ai marre que trop de gens dans ce groupe dansent avec ce putain de Mr. Brownstone. »

« Quand j'ai entendu Axl débiter sa tirade sur scène, je me suis fait tout petit, j'étais tellement gêné que je ne savais plus où me mettre, confie le bassiste dans ses mémoires. A partir de ce moment-là, nous n'avons plus été un gang et nous avons commencé à nous éloigner. Fini le côté : “Nous contre le reste du monde”. On a terminé le concert mais le cœur n'y était plus. Ce soir-là a officiellement sonné le glas d'une ère pour GN' R. »

Il faudra des années aux musiciens pour se désintoxiquer complètement. Entre-temps, selon le très sérieux Rolling Stone US, Adler, le plus accro, fera 28 overdoses, une attaque et deux crises cardiaques ; le pancréas de McKagan, de la taille d'un ballon de football américain, explosera à cause de ses abus cumulés de drogue et d'alcool ; Stradlin restera 96 heures dans le coma suite à une trop forte prise de stupéfiants, tandis qu'il faudra des années à Slash pour venir à bout de ses addictions. Si l'appétit pour l'autodestruction affichée par les musiciens a joué un rôle si ce n'est primordial, du moins important pour leur image, tout cela est-il vraiment glamour ? Vous avez deux heures…

La vidéo, tournée en 1991 mais sortie en 2010…
 


“Paradise City”

Né, comme Izzy Stradlin, à Lafayette dans l'Indiana où il a grandi, Axl, qui s'appelle encore William Bailey à l'époque, rêve de partir tenter sa chance à Los Angeles en tant que chanteur. Adolescent à problème, quoiqu'avec un Q.I. au-dessus de la moyenne, il trouve rapidement refuge dans la musique et se rebelle contre toute forme d'autorité. Ses frasques lui vaudront d'ailleurs quelques séjours derrière les barreaux. On peut imaginer que quand il parle de ses projets à ses parents (il apprendra par la suite que celui qui l'a élevé et dont il porte le nom n'est pas son géniteur), il se heurte à un mur et que son beau-père, homme très dévot et violent, dresse un tableau apocalyptique de ce qui l'attend dans cette ville de perdition (« De la misère à la richesse, c'est du moins ce que l'on dit/ Devenir riche et célèbre est un boulot quotidien/ C'est un pari alors que tout ça n'est qu'un jeu/ Pour toi c'est un crime capital/ Tout le monde fait de la taule »), non sans le menacer d'une probable fin funeste (cf. la chambre à gaz du troisième couplet, encore en usage à l'époque, avant que lui soit préférée l'injection létale pour les condamnés à mort). Ceci est une interprétation personnelle.

Arrivé à L.A., il se retrouve un temps à la rue. Sans doute est-ce cet épisode de sa vie dont il parle dans le premier couplet (« Juste un gamin qui vit dans la rue/ Je suis un cas difficile qui est dur à battre/ Je suis ton œuvre de charité, alors achète-moi quelque chose à manger/ Je te paierai une autre fois… »).

Quant au refrain (« Amenez-moi à la Ville du Paradis/ Où l'herbe est verte et où les filles sont jolies/ S'il vous plaît, ramenez-moi chez moi »), il s'agit d'un clin d'œil d'Axl à son enfance dans le Midwest et « à une certaine forme d'innocence » dira-t-il. Slash confie, en rigolant, qu'il avait au départ écrit un refrain un poil différent : « Take me down to the Paradise City/ Where the girls are fat and they got big titties » (« Emmenez-moi à la Ville du Paradis/ où les filles sont grosses et ont de gros nichons »). Jugé “peu commercial”, il n'a pas été conservé…
 


“My Michelle”

Axl était en voiture avec Michelle Young, une amie du groupe et ex-girlfriend de Slash, quand “Your Song” d’Elton John est passée à la radio. Quand la jeune femme a dit qu’elle aussi aurait aimé que quelqu’un écrive une chanson qui parle d’elle, le chanteur a d’abord pensé à un texte romantique. Si ce n’est qu’il ne correspondait absolument pas à sa vie et qu’il a préféré opter pour quelque chose de plus en phase avec la réalité. « Ton père travaille dans le porno/ Maintenant que ta mère est morte/ Elle aimait l’héroïne/ Mais maintenant elle est six pieds sous terre/ Alors tu passes la nuit dehors/ Et tu as ta came gratuitement/ Tu rends tes amis fous/ Tellement tu mènes une vie de dingue ». On est loin de “Michelle” des BEATLES…

En découvrant le texte, Slash est affolé de l'impact qu'il risque d'avoir sur son amie, mais quand Axl décide de le faire lire à la principale intéressée, elle ne s'en offusque pas et dit même apprécier sa sincérité. « De toute façon, j’étais tellement défoncée à l’époque que je m’en foutais » expliquera-t-elle des années plus tard. Par la suite, Michelle quittera Los Angeles pour se désintoxiquer. D’où le dernier couplet optimiste dans lequel Axl l'enjoint à « ne pas renoncer pour obtenir ce que tu mérites ».


“Think About You”

« Une chanson qui parle de drogues, de sexe, d’Hollywood et de fric » dira Stradlin qui a composé la chanson dans l’esprit d’HANOI ROCKS qu’il vénère, et dont il a écrit le texte, bien qu’Axl l’ait quelque peu retouché pour correspondre à son phrasé. Le guitariste n'a jamais souhaité en dire plus sur les paroles mais elles revêtent une certaine ambivalence puisqu'elles peuvent effectivement être interprétées comme une chanson d'amour pour une femme… ou pour l'héroïne. (« Chérie, tu es vraiment belle/ Tu sais que je me souviens de notre première rencontre/ C’est marrant à quel point je ne me suis jamais senti aussi bien/ C'est une sensation que je n’oublierai jamais/ C’est le meilleur moment dont je me souvienne/ Et l’amour que nous partageons/ est éternel »).


“Sweet Child O’ Mine”

Plus gros succès du groupe en termes de ventes de singles (au grand dam de Slash qui n'en est pas fan), puisque ce troisième extrait d'« Appetite… » se classera en tête des ventes aux USA et squattera 10 semaines durant le top 10 américain, “Sweet Child O’ Mine” a été inspiré à Axl par Erin Everly, fille de Don et moitié des Everly Brothers, qui était alors sa petite amie. Comme les copines de l'époque des autres musiciens, la jeune femme apparaît d'ailleurs dans la vidéo. Malheureusement, la réalité est un peu moins idyllique que ce que le joli texte, un poème au départ, le laisse à penser (« Son sourire/ me rappelle des souvenirs d'enfance/ Où tout était aussi pur que le ciel bleu limpide/ De temps en temps quand je vois son visage/ Elle m'emmène à cet endroit particulier/ Et si je le fixais trop longtemps/ Je craquerais et je pleurerais probablement (…)/ Ses yeux sont aussi bleu que le plus bleu des ciels/ Comme s'ils pensaient à la pluie/ Je déteste les regarder/ Et y déceler une once de douleur… »).

Mariés à Las Vegas en avril 1990 (la jeune femme affirmera par la suite que la veille, Axl avait débarqué chez elle avec une arme à feu et avait menacé de la tuer si elle ne l'épousait pas), le couple se séparera un mois plus tard avant que le divorce ne soit prononcé en janvier 1991. Trois ans plus tard, alors qu'Erin l'accuse de violences, le chanteur règlera l'affaire à l'amiable avec une grosse somme à la clé…

En 2015, un site australien a souligné les ressemblances flagrantes entre la chanson et “Unpublished Critics”, un morceau du groupe CRAWL sorti en 1981. « C'est vraiment étonnant, avouera Duff à l'occasion d'une interview avec Radio.com. Mais nous ne les avons pas copiés. Je jure, la main sur le cœur, qu'il y a encore deux jours, je n'avais jamais entendu leur morceau. » Les similarités avec “Sweet Child O' Mine” sont en tout cas frappantes…
 


 


Axl et “sa douce enfant”, Everly…
 


“You’re Crazy”

Où l’on apprend que finalement, les mecs ne sont jamais contents. Quand les groupies tombent à leurs pieds, c’est tellement facile que ça en devient chiant (“It’s So Easy”). Et quand Axl croise une fille qui se moque pas mal de ses sentiments et « ne veut pas [son] amour, tu veux être satisfaite », c'est une « putain de folle »… On retrouvera la version originale de chanson, en acoustique, sur « GN' R Lies », sorti fin novembre 1988.


“Anything Goes”

« Tout est permis ce soir » (« Anything goes tonight ») chante Axl à sa copine en lui promettant de revisiter le Kamasutra avec elle. Une chanson composée en 1981 par le chanteur et Stradlin à l'époque d'HOLLYWOOD ROSE et qui portait alors le titre de “My Way, Your Way” (que l'on retrouve dans le refrain). « La culotte autour des genoux, le cul dans les débris » fait apparemment référence à l'état de la “Hell House”, puisque tel était “l'affectueux” surnom qu'avaient donné les musiciens à l'ancienne résidence de Cecil B. DeMille, un des plus grands réalisateurs de films américains de l'âge d'or d'Hollywood, dans laquelle ils avaient emménagé après leur signature chez Geffen.

« Le groupe avait arraché la cuvette des WC du sol et l'avait jetée par la fenêtre » a raconté Tom Zutaut, directeur artistique des Gunners, hilare, à l'occasion d'une interview. Précisons que le monsieur en connaissait déjà un rayon en matière de groupes ingérables pour avoir signé quelques années plus tôt MÖTLEY CRÜE chez Elektra (cf. le biopic The Dirt sur Netflix). « Les gens déféquaient dans l'évier, les trous où s'étaient trouvée la cuvette étaient remplis d'urine. Il y avait des hamburgers à moitié mangés couverts de moisi. La drogue les rendait fous et ils détruisaient tout. Il y en avait pour 22 000 dollars de dégâts. »


“Rocket Queen”

Malgré les sous-entendus éminemment sexuels de la chanson (“rocket queen” signifie “bombasse”), Axl affirme l'avoir écrite « pour une fille qui montait un groupe qu'elle voulait appeler ROCKET QUEEN. Elle m'a maintenu en vie pendant un moment ». Difficile d'interpréter cette dernière phrase. Peut-être a-t-elle temporairement apaisé le côté bipolaire d'Axl, à l'origine de ses nombreux pétages de plombs (« Quand il avait une crise, la couleur de ses yeux changeait » se souvient leur première manageuse) ? Si l'on en croit les remerciement sur l'album, il s'agit de Barbie Von Grief, une “madame”, c'est-à-dire une jeune femme dirigeant un réseau d'escort girls (en d'autres termes, une mère maquerelle).

A l’occasion d’une interview avec Rock Talk, Steve Thompson, qui a mixé « Appetite For Destruction », a répondu à la lancinante question : « Mais qui est donc la demoiselle que l’on entend grimper aux rideaux dans “Rocket Queen” ? » Réponse : « Adriana Smith, le petite amie de Steven Adler… » Très bien. « Mais ça n’était pas avec lui, mais avec Axl Rose. » Fichtre (dire foutre serait mal venu). Alors que Thompson, serviable, proposait d’utiliser la bande son d’un porno des années 70, le chanteur, qui cultivait l’authentique, a décidé de se taper la copine d’Adler qui, ça tombait bien, se trouvait dans le studio. Et qui n’était pas du genre farouche. Même si par la suite, elle dira être tombée dans la dope après avoir réalisé ce qu'elle avait fait. Quelques micros judicieusement placés dans la pièce plus tard, leur rencontre, au sens biblique du terme, était immortalisée sur bande. A priori, Adler a pris moyennement bien la chose mais, rapporte Thompson, la demoiselle a accepté « pour le groupe et à condition qu’on lui donne une bouteille de Jack Daniel’s. » On appréciera son sens du sacrifice…

Pourtant, le morceau se termine de manière pour le moins inattendue. « Si tu as besoin de quelqu'un pour te soutenir/ Ou si tu as besoin d'un ami/ je serai là jusqu'au bout/ Personne n'a besoin de chagrin/ Ni de souffrir/ Je déteste te voir partir/ sous la pluie/ (…) Ne me quitte jamais/ Dis-moi que tu seras toujours là/ Tout ce que j'ai toujours voulu/ c'est que tu saches que je tiens à toi » chante Rose. « La dernière partie de la chanson est mon message à cette personne ou à n'importe qui que cela pourra aider, expliquera RoseJ'ai voulu ajouter une note d'espoir et d'amitié. » Comme une lumière au bout du tunnel.


La pochette
« Appetite For Destruction » se verra apposer un sticker “Parental Advisory”, infamant pour certains coincés du slip, accélérateur d'intérêt pour les autres. Si la teneur des paroles y est pour beaucoup, c'est surtout la pochette originelle qui “pose problème”. Car plusieurs grandes chaînes de magasins US refusent de mettre l’album dans les bacs, tandis que les chaînes musicales, MTV en tête, boycottent le groupe en raison du dessin utilisé, réalisé en 1978 par Robert Williams, un artiste américain controversé, et qui donne justement son titre à l'album.

Geffen et GN’R font machine arrière – à contrecœur. Les gens se focalisant sur l'image de cette femme violée, avec un robot en pardessus qui lui offre des fleurs et s’apprête à se faire massacrer par une créature improbable, ils décident d’inverser le visuel avec celui de la pochette intérieure – la tête de mort stylisée de chacun des musiciens qui orne l'avant-bras droit de Rose. Bien leur en a pris puisque leur chef-d’œuvre s’écoulera à plus de 30 millions d’exemplaires dans le monde, dont 18 rien qu’aux States. Ce qui le place en tête du classement des meilleures ventes de tous les temps pour un premier album sur le territoire US. Ça aurait été dommage de rester sur ses positions…

A noter que dans sa version vinyle, l'album est composé d'une face G et d'une face R en lieu et place des traditionnelles faces A et B. La G (comme GUNS) comprend les morceaux de “Welcome To The Jungle” à “Paradise City” – soit la drogue et les difficultés rencontrées dans une mégapole comme la Cité des Anges. La R (comme ROSES) se concentrant sur l'amour et le sexe. Avec toute fois un “intrus” sur chaque face (respectivement “It's So Easy” et “Think About You”).
 

    


Slash et Duff (dans un état proche de l’Ohio) ainsi qu'Axl parlent de la pochette originale…
 


Explication de textes 1 : GHOST : « Opus Eponymous »
Explication de textes 2 : METALLICA : « Master Of Puppets »
Explication de textes 3 : PEARL JAM : « Ten » 

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
Ses autres publications

1 commentaire

User
Jean-Luc SIMON
le 22 sept. 2023 à 17:10
On apprend pleins de bonnes choses !. Merci Laurence !???
Merci de vous identifier pour commenter
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