13 mai 2022, 18:38

PEARL JAM

"MTV Unplugged" (1992 - Rétro-Chronique)

Album : MTV Unplugged

Nous sommes (déjà) en 2022 et ce qui deviendra le 19e album live de PEARL JAM a été diffusé sur MTV il y a 30 ans !

Les dates même peut-on dire, quatre en l'occurrence ! Tout d’abord le 16 mars 1992 pour la captation scénique puis le 13 mai 1992 en ce qui concerne la diffusion sur la chaîne musicale américaine et enfin, en novembre 2019 pour son édition vinyle dans le cadre du record Store day et le 23 octobre 2020 pour sa première commercialisation officielle chez Legacy Recordings/Epic Records.

Resituons les choses dans un premier temps. PEARL JAM sacrifiait il y a trente ans à l’appel de l’über-média qu’était à cette époque MTV et qui faisait encore la pluie et le beau temps en matière de musique à la télévision américaine. Autres mœurs, autre temps, les choses ont bien changé depuis et en regardant dans le rétroviseur (rearviewmirror en anglais, les fans auront la référence), on ne peut que regretter cette période-là, elle qui nous offrait, ou du moins à ceux pour qui la chaîne était accessible, l’hebdomadaire émission Headbanger’s Ball ou encore des concerts acoustiques de certaines de nos formations préférées. Ainsi, KISS, ALICE IN CHAINS, NIRVANA, QUEENSRŸCHE entre autres sont passées par leurs studios pour graver sur bande audio et/ou vidéo leurs performances. Pour l’anecdote, seul Bruce Springsteen a pu se permettre, vu son statut de star internationale, de contourner le concept en proposant un concert... électrique et le sortant ensuite sous le nom de « MTV Unplugged ».

Au menu de ce mini-concert intimiste (35 minutes à peine et guère plus de personnes dans le public sur le plateau), pas de gras et les téléspectateurs d’alors de se lécher les doigts avec cette délicieuse confiture fabriquée dans l’Etat de Washington. Et pour cause, sur les sept titres proposés, six d’entre eux sont issus de leur unique album « Ten » sorti un an avant, pierre angulaire du mouvement grunge et monolithe de la culture d’une grande partie d’entre nous en 1991. Seul ''State Of Love And Trust'' ne figure pas sur ce disque, un titre emprunté à la bande-originale du film Singles sorti quelques mois plus tard sur les écrans. Là encore, un film culte que nous ne saurions que trop vous conseiller en session de rattrapage si vous ne l’avez jamais vu (avec des apparitions de membres de PEARL JAM justement mais aussi ALICE IN CHAINS et SOUNDGARDEN, des groupes que l’on retrouve bien évidemment sur la bande-son du long-métrage). Pour ce qui est de la matière organique de ce « MTV Unplugged », certaines chansons passent très bien l’épreuve de leur débranchement du secteur comme pour ''Black'' ou ''Jeremy'', bien que sur cette dernière, le « fuck » d’une fin de phrase qui est sur l’album soit ici curieusement absent, puritanisme sûrement mais surtout antagonisme de la culture américaine dans toute sa splendeur mais je digresse. Bref, passons. La grande perdante est ''State Of Love And Trust'' tant sa version originale électrique est survitaminée, survoltée. Ce remaniement lui fait donc perdre en intensité et, forcément, en efficacité bien qu’elle ne soit pas inintéressante dans l’absolu.

Sixième de cordée de l’album, ''Even Flow'' pour sa part, en ressort transformée et gorgée d’un groove totalement absent de la version que l’on connaissait sur l’album. Fait exprès ou rendu inattendu en acoustique ? Qu’importe, on valide totalement (quel son de basse sur ce titre pour Jeff Ament !). Le goûter chez mamy Pearl se termine sur le ''Porch'', composition qui, a contrario du constat fait pour ''State Of Love And Trust'', n’en est pas moins survoltée, même débranchée du 120 volts, standard US. Comme quoi, ce n’était pas un procès d’intention fait plus haut mais il faut se rendre à l’évidence et admettre que, parfois, certaines compositions passent mieux l’épreuve de l’acoustique que d’autres. CQFD comme on dit. Je ne m’attarderai pas sur la performance vocale d’Eddie Vedder, époustouflant et incontestablement l’un des chanteurs les plus doués de sa génération, tant dans l’émotion que dans la puissance qu’il dégage. Mais j’enfonce des portes déjà grandes ouvertes. Rideau !

Groupe d’albums mais aussi – et surtout – de scène, PEARL JAM en a sorti des dizaines, tous officiels, et préfigurait ce que certains groupes (METALLICA ou Bruce Springsteen par exemple) ont mis en place plus tard en proposant à leurs fans les concerts de leurs tournées présentes et passées. Mais si « MTV Unplugged » fait date plus que la multitude recensée dans sa discographie, c’est par le fait d’évoluer en acoustique en premier lieu, mais aussi parce qu’il témoigne des débuts du groupe, n’ayant alors à son actif qu’un seul disque. On ne prête qu’aux riches comme on dit. L’accueil commercial en 2020 fut plutôt bon en dépit d’une période moribonde (ceci explique peut-être cela, la nostalgie des années fastes) et de la sortie six mois plus tôt de « Gigaton », dernier album studio en date, et que les fans ont sans doute privilégié. « MTV Unplugged » se classera tout de même à la 47e place du Billboard Top Albums en comptant 200. Pas mal pour un concert qui "datait" de près de trente ans.

Pour aller plus loin :

« Ten » (1991) : est-il besoin d’en rajouter à son sujet ? Indispensable
« Vs. » (1993) : est-il besoin d’en rajouter à son sujet ? Indispensable (bis)
« Vitalogy » (1994) : est-il besoin etc... (ter)
« Let’s Play Two » (2018) : est-il... non je vais changer... Enorme live enregistré à Chicago. Public acquis à sa cause, set-list dantesque. Indispensable (et paf, je l’ai recasé celui-là)
« Gigaton » (2020) : est-il... non, je plaisante. Très bon dernier album en date de PEARL JAM et chronique à retrouver en cliquant sur le titre (faites de même pour « Let’s Play Two » juste au-dessus)

Blogger : Jérôme Sérignac
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Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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