2 juin 2022, 19:12

SAIGON KICK

"The Lizard" (1992 - Rétro-chronique)

Album : The Lizard

Nous sommes (déjà) en 2022 et cet album fête ses... 30 ans !

Formé sous le soleil floridien de Miami en 1988, SAIGON KICK est un groupe au turn-over soutenu et dont le succès sera aussi foudroyant qu’éphémère avec une dizaine d’années à peine passées sous les spotlights. Après un excellent premier album éponyme ayant reçu un accueil plus que correct avec une centaine de milliers d’exemplaires écoulés, Matt Kramer (chant) et Jason Bieler (guitare / chant), les fondateurs du groupe ainsi que Tom De File à la basse et Phil Varone à la batterie font paraître en Europe le 02 juin 1992 leur deuxième disque, « The Lizard ». Très bien produit par Bieler, aidé en cela par le mastering du galonné George Marino (quelques faits d’armes pour figurer le niveau : GUNS N’ ROSES, AC/DC, METALLICA, IRON MAIDEN, LED ZEPPELIN) effectué aux célèbres Sterling Studios, il atterrira à une correcte 80ème place du classement généraliste US Billboard 200 et directement à la première du US Heatseekers Albums (les albums en vogue du moment), aidé en cela par les vidéos de "All I Want" mais surtout de "Love Is On The Way", ballade dont la composition devrait être enseignée à l’école du succès, si celle-ci existait (et on le saurait…). Et nous voilà donc aujourd’hui trente ans plus tard, nous donnant l’occasion de faire un petit flashback sur cette pépite.

L’ouverture sur "Cruelty", titre servant d’intro instrumentale est surprenante mais s’avère efficace et du coup, fait le job. Lancinante et planante, on est surpris de prendre plaisir dans la « cruauté » (cruelty en VO) mais on ne s’en étonnera guère plus, Trent Reznor trouvant bien de la joie dans l’esclavage. Le riff de "Hostile Youth" n’aurait pas été renié par Zakk Wylde et les réjouissances continuent de plus belle sur "Freedom", avec chœurs à gogo lors des refrains qui contrebalancent avec la sonorité lourde et très heavy des guitares. "God Of 42nd Street" calme momentanément les ardeurs des auditeurs en sortant les acoustiques sur les couplets tout en restant un titre solide et foncièrement bon là encore. Il manque de chien bien qu’il s’appelle "My Dog" et il sera le maillon faible de ce disque, un titre que l’on peut donc zapper pour en arriver à l’énormissime "Peppermint Tribe" qui rattrape tout cela et bénéficie là encore d’un riff dément et plombé. J’en parlais en introduction et arrive à ce moment dans la tracklist la ballade à galoches qu’est "Love Is On The Way". Tout est là, la recette est maîtrisée et le morceau devient un carton énorme. L’éponyme chanson "The Lizard" a pour elle un bon équilibre entre l’agressivité, le mélodique et propose un solo on ne peut plus aérien. Et de dix ! "All Alright", « tout va bien » jusque-là. Marque de fabrique de SAIGON KICK, on note la constante dans les refrains harmonisés, une norme sur tous les titres, ce qui aurait pu donner un sentiment de redondance pénible si mal effectués. Mais il n’en est rien grâce à la diversité des ambiances des compositions que l’on trouve sur « The Lizard ». On passe vite sur "Sleep", un interlude sympa d’une petite minute jouée par Bieler uniquement qui s’insère à l’ensemble sans être non plus un pilier.


​Encore un titre qui a permis aux tourtereaux de roucouler, "All I Want" est une chanson qui, elle aussi, a bénéficié d‘une bonne promo sur MTV, alors toute puissante autorité musicale télévisuelle sur le territoire US. Figurant sur la bande originale du film Beyond The Law (dont le titre français est Biker Street – v’là la traduction pertinente… – avec Michael Madsen et Charlie Sheen notamment), le morceau "Body Bags" est un brûlot bien heavy qui fait souffler le chaud et montre que SAIGON KICK peut caresser l’auditrice dans le sens du poil (avec ses balades) et flatter les attributs de monsieur avec de la testostérone sonore. Arrivé à la quatorzième piste, on se pose la question de savoir si "Miss Jones" a le diable en elle ? (la gent masculine aura certainement une piste à ce propos). Toujours est-il qu’à l’écoute, on se sent bien en sa compagnie … Alors que le monde ne tourne plus rond depuis belle lurette (a-t-il seulement tourné rond d’ailleurs à une époque ? A vos stylos, vous avez deux heures), SAIGON KICK lâche un très bon "World Goes Round" en guise de final à ce disque quasi-parfait de bout en bout. Je dis final car "Chanel" qui clôt réellement l’album est un ovni auditif qui ne sert pas à grand-chose présentement, pas désagréable pour autant, et qui  est à prendre comme une petite pirouette stylistique finale. La version japonaise du disque ainsi que sa réédition de 2018 renferme un titre bonus acoustique, "Dear Prudence", composition signée John Lennon et empruntée aux BEATLES que l’on retrouve dans sa version originale sur « The Beatles », l’album blanc des Fab Four sorti en 1968.

Certifié or avec plus de 500 000 exemplaires écoulés, « The Lizard » est le seul album de la discographie de SAIGON KICK qui aura connu un succès réellement conséquent. Après ce disque, Kramer quitte le groupe et les allées et venues d’anciens et nouveaux membres seront incessantes. Au rayon glauque et de va et vient, le batteur Phil Varone fera reparler de lui dans les années 2000 avec un florilège si l’on peut dire de ses sextapes éditées officiellement (donc avec son accord) sur un dvd. Fuck, faut bien manger… A ce jour, même si le groupe est actif, comprendre par-là qu’il n’a pas splitté, rien de neuf à l’horizon depuis l’album live « Greatest Hits Live » paru en 2000, qui faisait suite à deux disques, l’efficace « Devil In The Details » en 1995 en droite lignée des précédents et le décevant « Bastards » en 1999, bien loin malheureusement du niveau de ses prédécesseurs.

Pour aller plus loin :
​« Saigon Kick » (1991)
« Water » (1993)
« Devil In The Details » (1995)

Blogger : Jérôme Sérignac
Au sujet de l'auteur
Jérôme Sérignac
D’IRON MAIDEN (Up The Irons!) à CARCASS, de KING’S X à SLAYER, de LIVING COLOUR à MAYHEM, c’est simple, il n’est pas une chapelle du metal qu'il ne visite, sans compter sur son amour immodéré pour la musique au sens le plus large possible, englobant à 360° la (quasi) totalité des styles existants. Ainsi, il n’est pas rare qu’il pose aussi sur sa platine un disque de THE DOORS, d' ISRAEL VIBRATION, de NTM, de James BROWN, un vieux Jean-Michel JARRE, Elvis PRESLEY, THE EASYBEATS, les SEX PISTOLS, Hubert-Félix THIÉFAINE ou SUPERTRAMP, de WAGNER avec tous les groupes metal susnommés et ce, de la façon la plus aléatoire possible. Il rejoint l’équipe en février 2016, ce qui lui a permis depuis de coucher par écrit ses impressions, son ressenti, bref d’exprimer tout le bien (ou le mal parfois) qu’il éprouve au fil des écoutes d'albums et des concerts qu’il chronique pour HARD FORCE.
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1 commentaire

User
dyder
le 06 juin 2022 à 19:41
merci pour cette chronique consacrée au deuxième album de ce groupe injustement méconnu!!
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