17 juin 2022, 23:45

HELLFEST OPEN AIR

@ Clisson (Jour 1)

5h45, jeudi 16 juin 2022, le jour se lève à peine et les températures sont encore supportables, alors qu’une grosse vague de chaleur s’apprête à déferler sur le territoire. Déjà trois années que ce moment est attendu, alors qu’importe la chaleur, pourvu qu’on ait l’ivresse musicale ! Il faudra environ 8 heures pour faire la route du bassin méditerranéen jusqu’à Clisson, Loire-Atlantique, fief du Hellfest Open Air, le festival de metal qui rassemble des fans venus du monde entier pour trois jours de folie, en ce qui concerne ce premier week-end, tout du moins. Car cette année, suite à deux années blanches dues à la pandémie, le Hellfest a doublé la mise, proposant une deuxième partie la semaine suivante, qui, elle, durera quatre jours.


Qui dit édition spéciale, dit également dispositions spéciales. Ainsi, impossible d’accéder au village et au site en voiture, à moins de résider sur place. Pour tous les autres, deux parkings ont été aménagés, dont celui qui nous intéresse, le parking ouest, disposant de 13 000 places. Arrivée suffisamment tôt chez mes logeurs, je file rapidement au parking pour me garer et prendre la navette qui doit nous mener sur le site du festival, situé à environ 3 kilomètres de là. Mais un léger problème se présente : la file d’attente pour les navettes s’étend déjà sur plusieurs mètres, sous un soleil de plomb, et les campeurs chargés de tout leur barda prennent leur mal en patience car ils vont devoir faire plusieurs voyages. Plutôt que d’attendre de me liquéfier en plein cagnard, je décide de rejoindre le site à pied, ayant la condition physique et l’entraînement nécessaires pour une marche rapide sous le soleil de l’après-midi, afin d’aller récupérer mon bracelet, précieux sésame permettant d’accéder au festival. Trajet que je serai amenée à refaire, mais je ne le sais pas encore... (« Un kilomètre à pied, ça use, ça use… » comme dit la comptine). C’est l’affluence des grands jours devant les portes et les festivaliers doivent encaisser la chaleur étouffante pendant des heures. On verra même quelques personnes qui faibliront sous ce soleil de plomb. Petit tour rapide sur le Hell City Square et le Metal Market. Impression d’être de retour à la maison. L’effet de surprise de la première fois s’est estompé au profit d’une sensation de bien-être. On retrouve ses marques facilement, comme si ces deux années blanches n’avaient jamais existé. On discute un instant avec un collègue de HARD FORCE accompagné d’un ami, puis, retour à la navette pour rentrer au studio. En effet, ayant deux interviews de dernière minute à préparer, je ne peux me permettre de flâner trop longtemps...


Vendredi 17 juin, réveil aux aurores afin de réussir à me garer et attraper la navette, pour assister au premier concert de cette première journée de festival. Mission accomplie, aucun problème de circulation ce jour et ambiance extrêmement plaisante entre les festivaliers qui savourent enfin la joie d’être là, dans une bonne humeur communicative. C’est HEART ATTACK qui est chargé de la délicate tâche d’ouvrir cette 15e édition sur la Mainstage 2. Pour avoir déjà vu les Cannois en 2015 lors de l’unique édition du South Metal Fest à Peynier, on ne peut que constater le pas de géant que la formation a accompli. Venant à peine de sortir son nouvel album, « Negative Sun », le groupe a la rage d’en découdre avec le public, tout au long de cette courte demi-heure accordée. Public qui répond présent et réagit bien volontiers aux injonctions du frontman, Kévin Geyer (guitare/chant) les incitant aux circle-pits et autres joyeusetés. On aura même droit au premier wall of death du festival ! Trente minutes, c’est court, mais le groupe a su relever le défi et donner un maximum de punch en si peu de temps. Chapeau ! Connaissant le site, je sais que la meilleure place est à la barrière de la Mainstage 2, afin de profiter de l’ombre bienfaisante et des lances à eau que la sécurité dégaine très vite. En effet, la chaleur est déjà intense et l’air étouffant.


Mainstage 1, on peut ainsi assister au concert de FROG LEAP, qui n’est autre que le groupe de ce barjot de Leo Moracchioli, qui, comme son nom ne l’indique pas, est norvégien, et bien connu sur YouTube, pour ses reprises de tubes pop ou variété internationale en version metal. Hélas, la set-list fait la part belle à des morceaux vraiment très (trop ?) pop et la sauce ne prend que moyennement, malgré l’énergie déployée par le leader, accompagné de son acolyte déguisé en lapin (ça doit tenir chaud, ce genre de truc !) qui n’hésite pas à se jeter dans la foule. Fort heureusement, les reprises de "Zombie" des CRANBERRIES et "Eye Of The Tiger" de SURVIVOR feront réagir plus ardemment le public. Laura Cox et son hard rock teinté de blues sont très attendus sur la Mainstage 2 par des fans dévoués ; elle nous offre un concert bien troussé, bien maîtrisé et fort sympathique, la jeune femme  se présentant sur scène avec beaucoup d’humilité et un sourire radieux. Les Britanniques FEROCIOUS DOG investissent la Mainstage 1 avec leur punk-folk ultra catchy, comme un avant-goût, mais en plus fun, des DROPKICK MURPHYS, attendus plus tard sur cette même scène. Le public se montre très réceptif à cette musique qui donne une furieuse envie de bondir comme un lapin sous amphétamines.

Les Brésiliens EGO KILL TALENT sont aussi l’une des belles surprises de cette journée. Découverts en première partie de WITHIN TEMPTATION au Zénith de Paris en novembre 2018, le groupe, à l’époque, nous avait laissé un souvenir agréable, mais sans plus. Pour son premier passage à Clisson, c’est une toute autre histoire. Remontés comme des coucous, les musiciens vont nous donner à voir un concert ultra dynamique et maîtrisé avec des titres tous plus entraînants et groovy les uns que les autres. Le chanteur, Jonathan Correa, ira jusqu’à foncer au milieu de la foule, provoquant un circle-pit autour de lui, sous les acclamations des spectateurs. Excellent concert que nous offre EGO KILL TALENT, prouvant que le groupe a sacrément bien évolué. Sans compter leur plaisir évident d’être sur cette scène pour la première fois de leur carrière, les musiciens font également preuve d’une belle humilité, eux aussi, ce qui ne fait que renforcer leur côté attachant.


C’est au tour des vétérans BURNING HEADS d’investir la Mainstage1 pour leur punk-rock à la française. Le public réagit bien à leur musique qui ratisse tout sur son passage et, même si ce n’est pas la première fois qu'ils se produisent au Hellfest, il s’agit quand même de leur première sur une Mainstage. Belle évolution pour un groupe qui résiste à tout, contre vents et marée, y compris au délicat changement de chanteur. Toujours arrimés à la barrière de la Mainstage 2, on assiste, pendant ce temps à la préparation des musiciens de LEPROUS, sans aucun doute LE concert de la journée, en tant qu'inconditionnelle de la musique des Norvégiens. La foule se fait de plus en plus dense, le groupe semble être attendu au tournant par autant de fans que de curieux. Etant probablement la formation la moins "heavy metal" de cette programmation, on peut légitimement se demander quel accueil lui sera réservé. C’est au son de "Out Of Here", tiré du dernier album en date, « Aphelion », que le groupe commence son set. A peine 30 secondes plus tard, un couac technique nous prive de son pendant 10 secondes, alors que les musiciens s’entendent parfaitement dans les retours. Fort heureusement, le son (assuré une fois encore par Master Chris Edrich) est rétabli très vite et LEPROUS poursuit sa prestation sans encombre. On sent toutefois les musiciens un peu nerveux, jouant ici sur la plus grosse scène de leur déjà longue carrière, et l’immensité de celle-ci a de quoi impressionner. Cependant, leur professionnalisme leur permet de passer outre leurs appréhensions, au vu des réactions unanimement enthousiastes du public. Le groupe poursuit avec "Below", qui reçoit une brassée d’applaudissements, puis "Running Low" sur lequel nous pouvons admirer le merveilleux violoncelliste canadien Raphael Weinroth-Browne, mis en avant par le chanteur Einar Solberg,  qui interprète son mythique solo pour la première fois sur le sol français. Acclamations nourries et méritées pour ce musicien hors-norme, qui apporte son toucher magique aux compositions du groupe. S’ensuit l’indéboulonnable "The Price", qui fait toujours son petit effet, mais que l’on aurait volontiers remplacé par un morceau qui dépote, tel que "Rewind", "Foe" ou mieux encore, "Waste Of Air". La set-list se termine par la triplette imparable composée de "From The Flame", "Nighttime Disguise" et "Slave". Carton plein pour le groupe qui reçoit l’ovation d’un public conquis en 40 minutes. Les musiciens sont aux anges, la tension se relâche et ils peuvent enfin savourer ce moment unique. LEPROUS, avec sa musique progresssive complexe, technique, mélodieuse et hautement émotionnelle, a toute sa place dans ce festival unique, qui prouve ainsi, une fois de plus que son public possède une ouverture d’esprit à nulle autre pareille.


Il est temps de se décoller de la barrière pour prendre une pause rafraichîssante : bienvenue à l'espace VIP. En repartant pour la Temple afin d’aller voir THE GREAT OLD ONES, on tombe sur les deux guitaristes de LEPROUS, Tor Oddmund Shurke et Robin Ognedal, avec qui on taille le bout de gras deux minutes. Une petite photo souvenir et c’est reparti. Les post-black metalleux français sont déjà à l’œuvre sous une tente bien remplie où la chaleur se fait suffocante. Mais la prestation envoûtante du groupe est à la hauteur de sa réputation. Applaudissements fournis pour le quintet bordelais qui livre un concert puissant et hypnotisant. On ressort à l’air libre, espérant trouver un peu de fraîcheur pour assister au concert d’OPETH sur la Mainstage 2, et on arrive à se dégoter un tout petit coin à l’ombre d’un poteau pris d’assaut par les festivaliers, en quête de la moindre zone protégée des rayons brûlants de ce soleil assassin. Malgré toute la bonne volonté du monde, la musique du groupe suédois n’arrive pas à conserver mon attention et je décroche plusieurs fois, bien qu’il n’y ait rien à reprocher aux musiciens. Point d’émotion en moi, les compositions me semblent froides et lisses. Pendant le set, la canicule montre son visage le plus violent : juste à mes côtés, un homme qui tient les poignées d’un fauteuil roulant, avec son amie assise dedans, s’effondre d’un coup. Sa tête manque de heurter le gravier, amortie à la dernière seconde par l’épaule de mon voisin, lui aussi en fauteuil roulant. Quelqu’un court chercher le service d’urgence, les pauvres sont débordés par les nombreux malaises causés par la déshydratation...


Je retourne alors sous la Temple, mais cette fois, perchée sur la barrière du fond, pour le concert de ROTTING CHRIST. Quelle baffe que ce spectacle ! Comment ne pas tomber sous le charme de son black/dark metal aussi lourd que mélodique ? Le public est en communion avec le groupe et scande les refrains, le poing levé. ROTTING CHRIST est indubitablement un groupe de scène, qui embarque la foule dans son voyage sombre et fédérateur. On se délecte de ce son puissant, de ces hymnes martiaux et de cette ambiance transcendante. La Mainstage 1 accueille ensuite les DROPKICK MURPHYS avec leur punk celtique festif, et comme à leur habitude, les Bostoniens vont répandre la bonne humeur sur le site, le public reprenant en chœur le refrain de l’incontournable "Rose Tatoo". Petit tour rapide sous l’Altar pour voir le début du concert d’AT THE GATES, toujours perchée sur la barrière, car même si c'est inconfortable, ça permet de voir ce qu’il se passe sur scène. Le groupe est en super forme et défouraille à fond avec son death mélodique. Tomas Lindberg est très en voix et les chansons s’enchaînent sans temps mort, assénant les cartouches les unes après les autres. Bien qu’étant beaucoup plus attirée par DARK TRANQUILLITY, il faut reconnaitre que les Suédois d’AT THE GATES, créateurs du son de Göteborg, sont des valeurs sûres et des maîtres en la matière. Le succès est au rendez-vous, les fans sont comblés...


Le soleil commence enfin à décliner lorsque FIVE FINGER DEATH PUNCH investit la Mainstage 2.  Les Américains s’y entendent parfaitement pour assurer un show digne de ce nom sur une telle scène, enchaînant tube après tube. Super efficace, leur metal alternatif et moderne, groovy et mélodique fait mouche à tous les coups. Les détracteurs sont, eux, partis voir d’autres concerts. Certes, la musique de FIVE FINGER DEATH PUNCH ne plait pas à tous mais elle est hyper entraînante, punchy et festive. Dans un cadre tel que le Hellfest, ça passe comme une lettre à la Poste, surtout accompagné d’un très beau lightshow comme c’est le cas. Et nombreux sont ceux qui apprécient, d’autant plus que le chanteur Ivan Moody est dans une superbe forme vocale...
Il est temps de rejoindre la navette pour s’accorder un peu de repos, avant la deuxième journée, qui s’annonce comme la plus chaude du week-end •

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Portfolio 1 - Portfolio 2

Blogger : Sly Escapist
Au sujet de l'auteur
Sly Escapist
Sly Escapist est comme les chats : elle a neuf vies. Malgré le fait d’avoir été élevée dans un milieu très éloigné du monde artistique, elle a réussi à se forger sa propre culture, entre pop, metal et théâtre. Effectivement, ses études littéraires l’ont poussée à s’investir pendant 13 ans dans l’apprentissage du métier de comédienne, alors qu’en parallèle, elle développait ses connaissances musicales avec des groupes tels que METALLICA, ALICE IN CHAINS, SCORPIONS, SOUNDGARDEN, PEARL JAM, FAITH NO MORE, SUICIDAL TENDENCIES, GUNS N’ROSES, CRADLE OF FILTH, et plus récemment, NIGHTWISH, TREMONTI, STONE SOUR, TRIVIUM, KILLSWITCH ENGAGE, ALTER BRIDGE, PARKWAY DRIVE, LEPROUS, SOEN, et tant d’autres. Forcée d’abandonner son métier de comédienne pour des activités plus «rentables», elle devient tour à tour vendeuse, pâtissière, responsable d’accueil, vendeuse-livreuse puis assistante commerciale. Début 2016, elle a l’opportunité de rejoindre l’équipe de HARD FORCE, lui permettant enfin de relier ses deux passions : l’amour des notes et celui des mots. Insatiable curieuse, elle ne cesse d’élargir ses connaissances musicales, s’intéressant à toutes sortes de styles différents, du metalcore au metal moderne, en passant par le metal symphonique, le rock, le disco-rock, le thrash et le prog. Le seul maître-mot qui compte pour elle étant l’émotion, elle considère que la musique n’a pas de barrière.
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