Cette deuxième foutue année 2021 touche à sa fin et avec elle, arrive mon "Top Albums", le mien, à moi, mon précieux... mes précieux même ! Comme à chaque fois, un classement par ordre alphabétique sans considération de place sur un podium ou de date de sortie. Et puis, du ressenti, rien que du ressenti, le mien à moi tout seul. "Likez" ou pas, débattez, faites le vôtre, partagez vos impressions car "du choc des idées jaillit la lumière" selon l’expression consacrée par Nicolas Boileau, homme de lettres ayant headbangué ou pas (bis repetita) au 18e siècle. Une seule règle : la joie et la bonne humeur. Et selon la formule consacrée par l’aristocrate sujet de Sa Majesté Brett Sinclair et le self-made man américain Danny Wilde dans la série britannique du même nom : "Amicalement vôtre..." (Accédez aux chroniques des albums concernés en cliquant sur les titres en hypertexte).
DREAM THEATER - « Lost Not Forgotten Archives: Images And Words - Live In Japan, 2017 »
DREAM THEATER est sans doute le groupe qui a eu le plus de sorties discographiques en 2021, cinq en tout dont un nouvel album, « A View From The Top Of The World ». Mais celui qui a retenu mon attention plus que les autres est cet enregistrement d’un concert issu de la série « Lost Not Forgotten Archives », des bootlegs officiels sortis sur le label du groupe, Ytsejam Records. L’on trouve donc ici la formation qui interprétait au Japon en 2017 « Images And Words » dans son entièreté, rappelant ô combien ce deuxième album paru en 1992 est une référence et un classique absolu du metal progressif qui transcende encore et toujours l’auditeur près de trente ans après sa parution.
A écouter en priorité : TOUT !
EXODUS - « Persona Non Grata »
Dire que la formation californienne revient cette fin d’année pour frapper un grand coup (comme les coups de minuit, douze soit le nombre de morceaux) relève de l’euphémisme. Requinqués, Steve « Zetro » Souza en tête – mais bien moins en brioche, le gang propose l’un de ses meilleurs disques toutes périodes confondues. Ce qui me fait dire que si l’on a beaucoup parlé du Big 4, les quatre suivants sur la liste (EXODUS, TESTAMENT, OVERKILL et DEATH ANGEL) n’ont jamais démérités bien au contraire et n’ont jamais reçus ce qu’ils auraient dû récolter. Constance diront certains quand d’autres crieront vengeance, ce qui est sûr est que EXODUS enflamme tout sur son passage, nous permettant de bien allumer le feu de cheminée en cette période de l’Avent.
A écouter en priorité : "Slipping Into Madness", "Prescribing Horror, "Lunatic Liar Lord".
FLOTSAM AND JETSAM - « Blood In The Water »
Troisième disque en béton d’affilée qu’aligne FLOTSAM AND JETSAM et sa célèbre mascotte Flotzilla mise à l’honneur sur la pochette, alternant entre un heavy hargneux comme c’est pas permis qui dégueule plus souvent qu’à son tour sur un thrash de première bourre, gommant ainsi la frontière entre ces deux genres pour accoucher de morceaux qui nous éclatent les esgourdes telles des grenades assourdissantes. Tout y est, rien ne manque, tel un bon gros menu McDeluxe™ (mais sans les calories et les lipides), « Blood In The Water » est l’un de ces albums que l’on n’espère pas/plus venant de formations ayant plus de 35 ans au compteur et qui, pourtant, remettent les pendules à l’heure.
A écouter en priorité : "Blood In The Water", "Brace For Impact".
GAMMA RAY - « 30 Years - Live Anniversary »
On dit qu’il ne faut pas juger un livre à sa couverture et cet adage se décline en ce qui concerne les supports musicaux. Car en dépit de sa pochette immonde (mais si, bande de fans ! Soyez objectifs), cet album live renferme quatorze pépites superbement interprétées d’un bon vieux heavy metal « à l’ancienne » qui raviveront les souvenirs d’ados de bon nombre d’entre vous. Invité spécial sur les quelques titres qu’il a chantés à l’époque, Ralf Scheepers montre qu’il en a encore sacrément sous le pied (de micro) tandis que la paire de guitaristes Kai Hansen (qui vocalise aussi parfois) et Henjo Richter fait preuve d’une maestria sans faille tout du long. Capté en plein confinement – sans public – et diffusé en streaming, il ne manque à ce live que la chaleur du public pour faire de celui-ci un sans-faute.
A écouter en priorité : "Avalon", "Lust For Life", "Heading For Tomorrow".
HELLOWEEN - « Helloween »
« Ouh, punaise ! » comme le clame si souvent Homer Simpson. Voilà pour la version politiquement correct d’un « Putain de bordel de merde ! » que nombre d’entre vous (et nous) se sont écriés lorsque la formation allemande a annoncé la sortie d’un album avec son line-up 2.0 XXL depuis 2017 (avec les vétérans Michael Kiske au chant et Kai Hansen, guitare et chant). Et c’est peu dire que le résultat en valait l’attente. Ce disque gomme à lui-seul près de 35 ans de parutions discographiques antérieures qui recensent pourtant de très bonnes choses, et il se veut le successeur direct des deux premières parties de la saga über-légendaire « Keeper Of The Seven Keys ». Un nouveau classique instantané, là encore de la part d’un groupe qui, s’il a toujours fait partie de la première division du metal, revient y truster le haut du classement.
A écouter en priorité : "Best Time", "Indestructible", "Skyfall"
IRON MAIDEN - « Senjutsu »
2021 est décidément l’année où des formations de la « période jurassique » (allez chercher la référence-clin d’œil tiens !) sortent des albums qui sont autant de gemmes chacun dans leurs genres respectifs. Les éminents sujets de Sa Majesté d’IRON MAIDEN ne faillissent pas à cette règle et proposent avec « Senjutsu » dix morceaux qui entrent instantanément au Panthéon de leur discographie, où sont rangés des disques qui sont autant de fondations et piliers du heavy metal. Ce dix-septième album est ni plus ni moins à ranger aux côtés des « Seventh Son… » et autres pépites des années 80. Oui, je persiste et signe et je vous em…brasse ! Leur meilleur album ? Il n’en est pas loin alors si ce n’est pas le cas, time will tell. Et l’on espère surtout que ce n’est pas le dernier avec un tel niveau. UP THE IRONS!
A écouter en priorité : "Senjutsu", "Darkest Hour", "The Parchment".
NERVOSA - « Perpetual Chaos »
En moins de dix ans et trois albums (plus un EP), le gang brésilien 100 % féminin s’est imposé, malgré de nombreux remaniements ministériels au fil du temps (comprendre une belle valse de musiciennes), comme l’un des groupes de thrash les plus percutants de la place. Cependant, avec « Perpetual Chaos », NERVOSA lorgne de plus en plus vers un death « thrashisé » que l’inverse et durcit donc considérablement le propos avec ce disque qui est, à mon sens, ce qu’elles ont fait de meilleur jusque-là, faisant front à la dissidence partie de son côté former CRYPTA et qui a sorti également cette année un très honorable « Echoes Of The Soul ».
A écouter en priorité : "Venomous", "Perpetual Chaos", "Until The Very End", "Time To Fight".
SMITH/KOTZEN - « Smith/Kotzen »
Coup de cœur 2021 d’une grande partie de la rédaction de HARD FORCE, votre serviteur en tête, ce premier album du binôme Adrian Smith (IRON MAIDEN) et Richie Kotzen (THE WINERY DOGS, ex-POISON) distille un rock classique dans ce qu’il a de plus noble. Mâtiné de blues, il va puiser ses influences auprès de groupes ayant évolués dans les années 70, période à laquelle le duo de chanteurs-guitaristes (et plus même si l’on observe les crédits du livret) s’est abreuvée dans leur prime jeunesse respective, constituant ainsi l’épine dorsale de leurs cultures musicales respectives. En complément, un excellent EP de quatre titres intitulé « Better Days » est paru fin novembre (avec les terribles "Got A Hold On Me" et "Hate And Love" !), venant compléter ce premier essai mené de main de maître et dont on espère (c’est prévu selon les premiers concernés) un autre album dès que possible.
A écouter en priorité : "Scars", "Solar Fire", "You Don’t Know Me", " ‘Til Tomorrow".
THE PRETTY RECKLESS - « Death By Rock And Roll »
Combien au départ auraient parié sur l’ancienne star de la série Gossip Girl à ce qu’elle devienne une artiste rock au succès amplement mérité au vu des excellents albums sortis avec son groupe THE PRETTY RECKLESS ? Taylor Momsen & Co. livrent cette année un « Death By Rock And Roll » ultra efficace et qui ne souffre d’aucun temps mort si ce n’est pour ses liens, pour faire de l’humour – très – noir, en rapport avec les tragiques événements liés à la genèse de ce disque (décès en cascade dans l’entourage du groupe). Entre invités de marques (le guitariste Tom Morello de RAGE AGAINST THE MACHINE ou Kim Thayil et Matt Cameron, respectivement guitariste et batteur de SOUNDGARDEN sur "Only Love Can Save Me Now") et chansons sombres, la blonde incendiaire qui se veut bien plus tigresse que chatte ronronnante livre avec ses acolytes un album qui mérite davantage d’attention de la part d’un public généralement masculin qui se plait à bouder la nouveauté, ou raille généralement toute entreprise féminine qui pourtant fait ses preuves. A ceux-là, on leur dira d’en prendre de la graine avec ce quatrième album qui enfonce le clou bien profond entre les deux yeux de ces mêmes pisse-vinaigre.
A écouter en priorité : "Death By Rock and Roll", "And So It Went" (feat. Tom Morello), "25".
TWAN TEE & LOÏS DAÏRI - « Crossing (Metal Version) »
Fruit de l’association entre un chanteur de reggae/ragga Twan Tee et d’un guitariste metal, Loïs Daïri, ce « Crossing (Metal Version) » est le pendant metal-remix de l’album du chanteur, sorti en début d’année et 100 % reggae, lui. Surprenant pour celui qui est hermétique au genre caribéen et au flow des chanteurs façon saccadé/chaloupé, il ne détonera pas pour tous ceux qui sont familiers de Benji Webbe avec SKINDRED et DUBWAR ou, pour les plus anciens, URBAN DANCE SQUAD et consorts même si, sur ce disque, le crossover est total. Prise de risque certes du label Baco Records, spécialisé en reggae, mais comme on dit « on ne vit qu’une fois ». Sauf James Bond mais lui, il fait son cinéma.
A écouter en priorité : "Rocknesty", "Hard Grade", "Irie Metal".
Parce qu'ils le valent bien (eux aussi)...
FEAR FACTORY - « Aggression Continuum »
Bizarre de se dire que ce disque est sorti alors que son chanteur, Burton C. Bell, venait de se faire virer mais que ses parties de chant, enregistrées bien avant, ont été conservées. L’impression quasiment d’entendre un mort au combat ! On ne s’attardera pas plus avant sur les circonvolutions de FEAR FACTORY et de ses membres, on y passerait trois plombes et c’est de toute façon hors de propos. Qu’importe donc pour les fans de l’« Usine à peur » car le guitariste et bassiste sur ce disque Dino Cazares et ses O.S. (Ouvriers Spécialisés), ont mis sur cet album de l’huile de coude pour graisser les rouages de nos vertèbres cervicales mises à rude épreuve par le poids des ans et, plus encore, par le headbanging.
GOJIRA - « Fortitude »
Pas besoin de tergiverser, ce disque est si l’on peut dire, le « Black Album » de nos amis du Sud-ouest. On tient d’ailleurs ici la suite logique d’un « Magma » qui avait ouvert pour de bon les portes du succès international à GOJIRA en 2016. A l’instar du jeu Fortnite qui a embrasé une grande partie de la sphère des gamers lors de son lancement, « Fortitude » lui, confirme encore un peu plus le poids considérable qu’acquiert chaque jour la formation landaise au sein du paysage metal mondial avec un style marqué d’un sceau bien affirmé. « Cocorico ! »
Ayron Jones - « Child Of The State »
On ne va pas se mentir, Ayron Jones est un total inconnu en France. C’est pour cela que nous sommes fiers de vous avoir présenté à sa parution ce disque somme toute assez confidentiel mais qui, en cela, permet à ceux qui l’ont entendu d’avoir eu le privilège de découvrir un artiste au talent insolent dont la voix et la guitare ont ébranlées les certitudes de beaucoup. Nerveux ou paisible, rugueux ou soyeux, « Child Of The State » souffle en permanence le chaud et le froid, ne laissant jamais l’auditeur entrer dans une routine lors de l’écoute en le désarçonnant morceau après morceau, tout en le conquérant.
Various Artists - « The Metallica Blacklist »
« Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir ! » En 2021 en tout cas, METALLICA ne nous laisse pas choir, ou du moins, le quatuor s’occupe plutôt de dilapider nos finances, mises à mal avec force coffret de vingt kilos pour l’anniversaire du « Black Album », une compilation XXL ainsi qu’un récent concept et site, The Metallica Black Box, qui va permettre aux fans d’hypothéquer le peu qu’il leur reste… Trêve de plaisanterie et revenons plutôt aux 53 reprises de ce quadruple CD (ou sept vinyles) qui, dans une large mesure, se veulent convaincantes de par la diversité des styles que représentent les artistes ayant œuvré à donner un autre visage à des morceaux entrés au Panthéon du metal.
MORDRED - « The Dark Parade »
Si vous aviez entre 15 et 20 ans au début des années 90, vous vous souvenez certainement de l’album « In This Life » paru en 1991, année qui avait vu le groupe se produire à l’Espace Ornano en compagnie de MADHOUSE (l’impression de parler de 39-45, nomdidiou !). Après un hiatus conséquent (près de 20 ans), MORDRED sort cette année son premier album depuis 1994, hormis l’EP « Volition » qui avait amorcé la donne l’an dernier. Et si « The Dark Parade » n’est pas l’album de l’année, impossible de taire les qualités de morceaux comme "Demonic #7" ou l’hyper fusion "Dragging For Bodies" et ses terribles scratches. Et franchement, ça fait du bien d’écouter ça en 2021 !
NIGHTFALL - « At Night We Prey »
Si NIGHTFALL n’avait plus donné signe de vie discographique depuis sept ans, c’est surtout en raison du fait que son chanteur Efthimis Karadimas continuait de se battre contre un mal pernicieux, la dépression. La formation grecque, qui distille un metal dark et gothique avec de généreuses touches de death et de doom, revient avec un disque puissant qui se veut le reflet des pensées de son vocaliste. Extrêmement sombre, lugubre et en lien permanent dans ce qu’il reflète par sa musique et laisse transpirer dans ses textes avec la dépression, « At Night We Prey » est un disque dur et éprouvant mais qui mérite largement sa place dans ce récapitulatif de l’année écoulée.
ORBIT CULTURE - « Shaman »
La formation de death metal mélodique suédoise a mis à profit une nouvelle année off en sortant un nouvel EP de cinq titres qui s’ouvre sur la pachydermique "Mast Of The World". Preuve de son talent, ORBIT CULTURE a été choisi avec d’autres formations afin de participer au festival Knotfest du gang masqué de Des Moines et mérite donc amplement une exposition majeure au vu de ce qu’il propose avec constance depuis plus de huit ans, au travers de trois disques et trois EP. Satisfaction garantie !
SOEN - « Imperial »
Durcissant d’une manière globale le ton qui était alors le sien depuis ses débuts et que l’on pouvait rapprocher de TOOL (non sans raison), SOEN a proposé cette année un « Imperial » qui n’usurpe pas son appellation et qui entend ouvrir sa musique à une plus large audience que celle qui était encore la sienne il y a deux ans. C’est bien tout le mal que l’on souhaite à l’une des formations les plus excitantes, les plus sincères qui soient à l’heure actuelle, qui s’agite déjà depuis une dizaine d’années et qui, on l’espère pour eux (et pour nous !), ne saurait tarder à récolter les fruits d’un travail admirable ainsi que la reconnaissance d’un public plus large que celui des initiés, dont notre rédaction fait bien entendu partie.