9 août 2020, 11:00

UN JOUR, UN ALBUM

• MACHINE HEAD : "Burn My Eyes"


Le 9 août 1994 sortait « Burn My Eyes » de MACHINE HEAD. L'idée n'est pas d'en faire la chronique, mais d'effectuer une rapide remise en contexte tout en rappelant quelques faits ou anecdotes que vous ignoriez peut-être sur le premier album du groupe de la Bay Area, qui fête aujourd'hui ses 26 ans.
 

• Des harmoniques et l'une des intros les plus explosives de ces 30 dernières années. C'est par la déflagration qu'est "Davidian" (sans jeu de mots avec le refrain "Let freedom ring with a shotgun blast" – que la liberté résonne avec un coup de fusil) que débute « Burn My Eyes », carte de visite de MACHINE HEAD, quartet originaire d'Oakland en Californie. Un album de thrash salutaire (que certains qualifieront de “nu metal”) et l'un des meilleurs premiers albums, tous styles de metal confondus.

• L'histoire du quartet débute précisément le 12 octobre 1991, quand Robb Flynn, guitariste de VIO-LENCE et ex-FORBIDDEN, forme MACHINE HEAD avec le bassiste Adam Duce. Qui, comme Logan Mader, l'autre six-cordiste, n'a encore jamais joué dans un vrai groupe. Au départ, Flynn ne l'envisage que comme un projet parallèle, mais quand VIO-LENCE refuse son "Death Church", influencé par « Streetcleaner » de GODFLESH, sous prétexte que le morceau est trop violent, il décide de partir voler de ses propres ailes. Et de le garder pour son usage personnel.

MACHINE HEAD, dont le nom n'est pas un hommage au sixième album studio de DEEP PURPLE (« Je trouvais juste que ça sonnait bien » explique Flynn), répète dans un vieil entrepôt. Sa première démo, avec le futur batteur de CROWBAR Tony Costanza (décédé le 4 août dernier à l'âge de 52 ans, à gauche sur la photo ci-dessous), voit le jour un an plus tard. Enregistrée pour 800 dollars, avec les amplis dans la salle de bains et l'intégralité des vocaux chantés dans l'interphone (comme sur l'intro de "Old"), elle permet au quartet de signer avec Roadrunner Records en octobre 1993. Et que fait Robb Flynn pour célébrer l'événement ? Une overdose d'héroïne… dont il réchappe, bien heureusement.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

#Repost @robbflynn THE GENERAL JOURNALS: DIARY OF A FRONTMAN... AND OTHER RAMBLINGS - R.I.P TONY COSTANZA ??Swipe my stories

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​• Chris Kontos, ex-batteur de ATTITUDE ADJUSTMENT, GRINCH et VERBAL ABUSE, groupe de punk/crossover dont SLAYER reprendra trois morceaux sur l'album « Undisputed Attitude » (1996), est le dernier arrivé dans MACHINE HEAD, en octobre 1992. Dans un premier temps, Flynn, qui avait été contacté pour jouer les guitaristes intérimaires chez MINISTRY, lui avait proposé d'enregistrer trois morceaux avec lui  ("Death Church", "Blood On Blood" et "Fuck It All", qui deviendra "Block" sur « Burn My Eyes ») pour envoyer une maquette à Al Jourgensen. Mais le batteur étant trop occupé, il se rabattra sur Costanza

• C'est Colin Richardson (FEAR FACTORY, CARCASS), qui dormait sur la canapé du frontman, qui se charge de la production aux très prisés Fantasy Studios situés à Berkeley, de l'autre côté de la baie de San Francisco. Parallèlement aux thrashers qui mettent en boîte leur carte de visite, trois autres groupes enregistrent simultanément : GREEN DAY (« Dookie »), RANCID (« Let's Go ») et TESLA (« Bust A Nut »). Flynn précise que MH avaient pris l'habitude de faire des descentes dans le studio de ces derniers pour leur piquer leurs bonbons…

• Quand les images live du clip de "Davidian" (qui fut un temps considéré comme le titre potentiel de l'album), sont filmées, c'est un groupe peu connu, du nom de DEFTONES, qui joue en première partie au Rock On Broadway. La chanson fait référence aux "Branch Davidians", ou Davidiens en français, une secte basée à Waco au Texas, dont le leader/gourou pratiquait les violences sexuelles sur mineurs en même temps que la polygamie. Après 52 jours de siège, le FBI donnera l'assaut. 82 personnes, dont 25 enfants, trouveront la mort, principalement dans l'incendie qui suit, quatre agents seront tués. Un carnage…
 


Flynn, qui utilise beaucoup les harmoniques, raconte que cela remonte à l'époque où, jeune guitariste, il reprenait des chansons de CELTIC FROST et D.R.I. sur un petit ampli. Et comme il n'arrivait pas à obtenir de feedback, il a pratiqué et perfectionné sa technique. Il reconnaît également avoir été inspiré par NEUROSIS.

• Pour sa première tournée américaine, le quartet ouvre pour NAPALM DEATH et OBITUARY pendant trois mois. 

• Dans la foulée, MACHINE HEAD réalise un grand rêve en décrochant la première partie du "European Intourvention Tour" de SLAYER. Et passe par le Zénith de Paris le 16 novembre et à Villeurbanne le lendemain, au Transbordeur. Les quatre hommes retrouveront d'ailleurs Tom Araya & Co, accompagnés de BIOHAZARD, à l'occasion de la portion américaine du tour, début 1995. Où, malheureusement, le public, venu pour SLAYER, n'est pas extrêmement réceptif. Si l'Europe et l'Australie adoptent très vite MACHINE HEAD, il faudra du temps au groupe pour s'imposer aux States. On n'est jamais prophète en son pays, dit-on.

Passage “obligé” à l'époque : “NPA” sur Canal+…

• Deuxième et dernier single, "Old" sortira en mars 1995.


• Le dernier soir de la tournée US avec SLAYER, le 12 mars 1995, Robb Flynn et Chris Kontos rejoindront les Maîtres pour reprendre avec eux "Witching Hour" de VENOM, comme on peut le voir (et l'entendre !) sur Live Intrusion, filmé à Mesa en Arizona. Sorti en 1995 en VHS, le concert sera réédité en DVD en 2010.


• Pendant l'été 95, Chris Kontos sera remplacé par Walter Ryan (MADBALL) pour les festivals européens, dont les Monsters Of Rock en août, puis par Will Carroll (DEATH ANGEL). De retour aux USA, le batteur est viré au prétexte qu'il a refusé de tourner en Europe et il sera finalement remplacé par Dave McClain (SACRED REICH). Il faudra attendre 2004 pour que Kontos, qui entre-temps a joué avec de nombreux groupes, dont TESTAMENT et EXODUS, se fende d'un long communiqué sur un forum dans lequel il donne sa version des faits. Il raconte la tyrannie de Flynn, seul maître à bord avec le manager, l'attitude de rockstars des musiciens…
« Au bout de 22 mois, je ne supportais plus le complexe de Napoléon (NDJ : référence à la “petite” taille de Robb Flynn), les bagarres à cause de la drogue, l'argent dépensé pour des conneries et les coups de poignard dans le dos entre membres du groupe » écrit-il alors. Il raconte également que, s'il a effectivement raté des concerts, c'est parce qu'il avait été victime d'un gros virus qui l'avait empêché d'assurer son rôle, à son grand regret. Et qu'il n'a non seulement reçu aucun soutien des musiciens mais a été licencié.
Ce qui ne l'empêchera pas, quatorze ans plus tard, de répondre à l'appel quand son ex-frontman le contactera pour lui proposer de partir en tournée pour célébrer le quart de siècle de la carte de visite de MACHINE HEAD. Sans doute a-t-il su se montrer convaincant, financièrement parlant...


​• « Burn My Eyes », qui se vendra à plus de 400 000 exemplaires sur un an et demi, deviendra la deuxième meilleure vente de Roadrunner derrière l'album éponyme de SLIPKNOT, sorti en 1999.

• Comme « Demanufacture » et « Obsolote » de FEAR FACTORY, entre autres, c'est Dave McKean qui signe l'artwork de la pochette.

• En septembre 2018, le guitariste Phil Demmel et le batteur Dave McClain décident d'arrêter l'aventure MACHINE HEAD à l'issue du "Heroes And Zeroes Tour". On se dit que ça sent le roussi... Si ce n'est que cinq mois plus tard, Robb Flynn annonce le retour de Logan Mader et Chris Kontos (Adam Duce, qui lui a intenté un procès, sera le seul membre du line-up originel à manquer à l'appel et sera remplacé par Jared McEachern, qui a pris sa suite depuis 2013) pour une tournée mondiale qui célébrera le quart de siècle de leur carte de visite.
En mars, les quatre hommes réenregistrent « Burn My Eyes » live en studio et donneront trois concerts en France en octobre 2019, avec une deuxième salve annoncée pour le printemps 2020. C'était sans compter sur le coronavirus et après deux reports, Flynn annoncera son annulation en août....

Discographie
Burn My Eyes (1994)
The More Things Change (1997)
The Burning Red (1999)
Supercharger (2001)
Hellalive (2003)
Through The Ashes Of Empires (2003)
The Blackening (2007)
Unto The Locust (2011)
Machine F**king Head Live (2012)
Bloodstone and Diamonds (2014)
Catharsis (2018)
Burn My Eyes Live in the Studio (2019)
Live At Dynamo Open Air 1997 (2019)

​Un jour, Un Album

Blogger : Laurence Faure
Au sujet de l'auteur
Laurence Faure
Le hard rock, Laurence est tombée dedans il y a déjà pas mal d'années. Mais partant du principe que «Si c'est trop fort, c'est que t'es trop vieux» et qu'elle écoute toujours la musique sur 11, elle pense être la preuve vivante que le metal à haute dose est une véritable fontaine de jouvence. Ou alors elle est sourde, mais laissez-la rêver… Après avoir “religieusement” lu la presse française de la grande époque, Laurence rejoint Hard Rock Magazine en tant que journaliste et secrétaire de rédaction, avant d'en devenir brièvement rédac' chef. Débarquée et résolue à changer de milieu, LF œuvre désormais dans la presse spécialisée (sports mécaniques), mais comme il n'y a vraiment que le metal qui fait battre son petit cœur, quand HARD FORCE lui a proposé de rejoindre le team fin 2013, elle est arrivée “fast as a shark”.
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